Nom : Blind Sun
Père : Joyce A. Nashawati
Date de naissance : 2015
Majorité : 20 avril 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Grèce
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : Drame, Fantastique
Livret de famille : Ziad Bakri, Louis-Do de Lencquesaing, Gwendoline Hamon, Yannis Stankoglou, Laurène Brun…
Signes particuliers : Anciennement baptisé « Canicule », Blind Sun est un trip fantastique aussi lancinant que fascinant. Étrange.
ET LA CHALEUR EMBRASA L’ÉCRAN
LA CRITIQUE
Résumé : Grèce. Futur proche. Une station balnéaire frappée par une vague de chaleur. L’eau se fait rare et la violence est prête à exploser. Ashraf, immigré solitaire, garde la villa d’une famille française en son absence. Dans ce paysage aride, écrasé par le soleil, il est arrêté par un policier pour un contrôle de papiers…L’INTRO :
Pas évident d’exister avec un drame fantastique franco-grec à tendance contemplatif, narrant la lente descente psychologique d’un personnage dans un cauchemar vertigineux au point de perdre pied. C’est pourtant le pari que tente la cinéaste cosmopolite Joyce A. Nashawati avec Blind Sun, un premier long-métrage de genre après quelques courts remarqués. Présenté au PIFFF ou encore à Sitges, Blind Sun s’est vu décerné le prix Fipresci au dernier festival de Thessalonique et bénéficie d’une belle réputation au moment de pointer le bout de son nez dans nos salles.L’AVIS :
Blind Sun est un film d’idées et d’intentions, mais dont les bonnes choses finissent trop souvent par buter sur leurs propres limites, la faute à une incapacité quasi permanente à parvenir à les dépasser pour mieux les concrétiser puis les transcender. En utilisant le genre et en évoluant entre des lignes quelque-part à cheval entre le drame psychologique à la Polanski, le fantastique et la fable pré-apocalyptique intimiste, Blind Sun joue la carte de l’énigmatique en permanence pour mieux serrer le spectateur dans une œuvre misant essentiellement sur les ressentis éprouvés devant un exercice déployant un fort et étrange pouvoir de fascination. Surtout, Blind Sun réclame un abandon total de la part du spectateur, exigeant qu’il se laisse porter par une ambiance tendue entre réalisme et onirisme. Et le résultat de séduire autant qu’il se montre languissant, avec ses allures de court-métrage maladroitement étiré en long. Car Blind Sun peine à assujettir ses ambitions à une histoire captivante, le film ayant ce tort de souvent illustrer des idées abstraites sans vouloir miser sur une narration forte et consistante. On attend qu’il se passe quelque-chose, curieusement sans vraiment s’ennuyer car séduit par le formalisme subjuguant malgré une impression de vide narratif frôlant l’esbroufe, mais Joyce A. Nashawati s’en tiendra au final à cela, à nous faire attendre ce qui ne viendra plus ou moins jamais.Blind Sun attire pourtant le regard par de nombreuses choses mais ne parvient pas à tout mener vers un aboutissement totalement convaincant. De son pouvoir hypnotique jaillissant de ses somptueuses images léchées à sa composition graphique, de sa cinégenie jouant habilement avec la splendeur de ses cadrages ou sa photo sublime à son ambiance pesante, le film de Joyce Nashawati captive mais voit son étreinte s’évaporer progressivement devant ses enjeux trop limités pour soutenir l’entière entreprise. On sent bien où veut en venir la talentueuse cinéaste. Blind Sun fonctionne comme une parabole suffocante d’une Grèce à la dérive, devenue une fournaise sociale irradiant ses habitants et les menant au bord de la folie, la chaleur caniculaire ardente n’étant au final, que l’illustration d’un pays qui s’est brûlé les ailes et qui écrase aujourd’hui sa population sous les pénuries diverses menant progressivement vers un chaos sociétal effrayant. Le discours et son imagerie, associés à cette atmosphère d’angoisse palpable et délétère, étaient malins sur le fond. Mais sur la forme, Blind Sun déroute avec ses allures de trip parano-mystérieux auteurisant. Et à n’en pas douter, le film de se préparer autant à en fédérer certains, qu’à provoquer un rejet en bloc auprès des moins sensibles à son exercice avant tout esthétique et sous-textuel, manquant peut-être d’un scénario plus travaillé dans l’intensité de sa progression, pour mieux asseoir ses velléités.Enfin, en grattant plus loin, ou plus près c’est selon, on pourra aussi voir en sous-lecture de cet exercice, une vision terrifiante (et prémonitoire ?) d’un avenir redouté par beaucoup : le jour où l’eau potable sera un nouveau « pétrole », une denrée rare et manquante. Et certains de déjà prédire que l’or bleu sera le possible enjeu d’une troisième guerre mondiale. Blind Sun esquisse déjà les contours du début de la folie qui pourrait entourer sa quête. Oui, vraiment de bonnes idées vraiment, mais rattachées à un effort souvent bancal, très formaliste, très démonstratif, dont la subtilité le rendrait même hermétique à l’excès.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux