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ALPHA de Julia Ducournau : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Alpha
Mère : Julia Ducournau
Date de naissance : 06 janvier 2026
Type : sortie Blu-ray / DVD
Nationalité : France
Taille : 2h08 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller, Fantastique

Livret de Famille : Mélissa BorosTahar RahimGolshifteh Farahani

Signes particuliers : Titane et maintenant Alpha, on a fait quelque chose de mal à Julia Ducournau pour mériter ça ?!

Synopsis : Alpha, 13 ans, est une adolescente agitée qui vit seule avec sa mère. Leur monde s’écroule le jour où elle rentre de l’école avec un tatouage sur le bras.

AU MOINS CETTE FOIS ON A ÉVITÉ LA PALME

NOTRE AVIS SUR ALPHA

Cette année à Cannes, il y a eu les films qui ont marqué, ceux qui ont fait parler, ceux qui ont clivé, ceux qui ont raflé des prix et ceux qui ont glissé dans une totale indifférence. Dans cette dernière catégorie, le meilleur exemple restera Alpha, le nouveau Julia Ducournau quatre ans après le sacre palmé de Titane. Un troisième long métrage qui a traversé le festival de la même manière qu’il est sorti en salles, c’est à dire en silence. Globalement mal reçu par les festivaliers, puis retravaillé après son passage sur la Croisette pour sauver les meubles d’un échec prédestiné, Alpha est finalement sorti au cinéma cet été dans l’anonymat général. A peine 100.000 entrées cumulées.

Pourtant, la réalisatrice de Grave intriguait avec ce drame fantastique porté par Golshifteh Farahani, Tahar Rahim et la jeune Mélissa Boros. Cette dernière y incarne Alpha, une adolescente de 13 ans vivant seule avec sa médecin de mère. Un jour, Alpha rentre à la maison avec un douloureux tatouage sur le bras fait dans des conditions aussi mystérieuses que peu rassurantes. D’autant que dehors, court un virus (semblable au sida) et les hôpitaux se remplissent de malades se transformant lentement en pierre.

De toute évidence, Julia Ducournau avait une vision. Malheureusement, elle est bien la seule. Le spectateur, lui, est balancé comme un lapin dans les phares d’une bagnole sur les routes d’un très long métrage qui compile tous les défauts qu’il est possible d’additionner. Un profond désordre narratif, une écriture qui sur-empile des couches de thématiques, une mise en scène boursouflée, un symbolisme d’une lourdeur écrasante, un rythme soporifique, une totale absence d’émotion, une fausse intelligence camouflée derrière une posture qui se croit plus maline qu’elle n’est… Alpha est une sorte de potée cinématographique dans laquelle Ducournau a foutu un peu tout ce qu’elle avait dans son frigo en espérant qu’avec les épices de sa mise en scène arty pseudo provocatrice, il en ressortirait un film envoûtant pour le spectateur. Il n’en est rien. Ce dernier se retrouve à ingurgiter une mixture imbouffable où rien n’a de cohérence. Sur une base d’allégorie des années d’explosion du SIDA (avec l’isolement tragique des malades ostracisés), la cinéaste a disposé une pincée de récit maternel marqué par un amour étouffant, une bonne louche de portrait des ravages de l’addiction à la drogue, un soupçon d’autodestruction, du thriller fantastique, du mysticisme kabyle, de la perdition lynchienne, le tout recouvert d’un coming of age sur l’éveil à la sexualité adolescente… Les pistes narratives s’accumulent et s’annulent les unes les autres dans un récit qui se perd dans lui-même et nous perd dans son dédale foutraque survolant plein de choses sans rien traiter vraiment.

Julia Ducournau est en passe de devenir la reine du salopage de bonnes idées. Des qu’elle semble tenir un truc intéressant (sa si cinégénique maladie qui fossilise les corps en statues de marbre et sa parabole sur le regard social porté sur les malades), la réalisatrice le noie dans un ensemble imbitable qui vire plus à l’esbroufe qu’à la démonstration intelligente. Si Grave avait su marquer, c’est probablement parce que Ducournau n’était pas encore devenue cette cinéaste égérie d’un ultra-démonstratif qui veut étaler son amour pour la poésie du malaise troublant en pondant des récits abstraits et abscons dépourvus de prises pour s’y accrocher. À force de constamment chercher la posture, ça se paie et Alpha en est la preuve. Tout y est tellement grossier et surligné que ça ne prend jamais. Témoin, la prestation démente de Tahar Rahim (habité par son rôle de toxico tremblant pour lequel il a perdu 20 kg) qui n’a même pas fait ciller le jury cannois. Normal, elle n’est qu’un épisode périphérique de ce long calvaire qu’est Alpha, un film à la prétention grotesque qui se voit tellement doué et subversif au lieu de rechercher sincérité et émotion. En somme, on est dans la bonne et juste définition d’une purge ascendant agaçant.

 

 

Par Nicolas Rieux

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