Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Lo Chiamavano Jeeg Robot
Père : Gabriele Mainetti
Date de naissance : 2015
Majorité : 03 mai 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Italie
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Fantastique
Livret de famille : Claudio Santamaria, Luca Marinelli, Ilenia Pastorelli…
Signes particuliers : L’Italie dégaine son super-héros. Une tentative louable malgré ses défauts.
SUPER-HÉROS À L’ITALIENNE
LA CRITIQUE DE ON L’APPELLE JEEG ROBOT
Résumé : Poursuivi par la police dans les rues de Rome, Enzo plonge dans les eaux du Tibre et entre en contact avec une substance radioactive qui le contamine. Il réalise bientôt qu’il possède des pouvoirs surnaturels : une force et une capacité de régénération surhumaines qu’il décide de mettre au service de ses activités criminelles. Du moins jusqu’à ce qu’il rencontre Alessia, une jeune fille fragile et perturbée qu’il sauve des griffes de Fabio, dit « Le Gitan », un mafieux déjanté qui a soif de puissance. Témoin des pouvoirs d’Enzo, Alessia est persuadée qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, héros de manga japonais, présent sur Terre pour sauver le monde. Mais Enzo va être forcé d’affronter Le Gitan qui veut savoir d’où vient cette force surhumaine. Parviendra-t-il à sauver la ville de la folie meurtrière de Fabio et être le super-héros qu’Alessia voit en lui ? On a tendance à l’oublier à cause de l’hégémonie américaine en la matière, mais le concept des super-héros est universel. Alors qu’Hollywood gonfle ses muscles chaque année avec ses Super Machin et autre Captain Bidule, le Japon a ses Power Rangers, l’Inde riposte avec Krrish, et même la Turquie s’y met avec son flamboyant nanar SüperTürk. Dans ces conditions, pourquoi pas l’Italie ? Après tout, pas de raison pour que le pays des super-pizzas ne soit pas capable de devenir aussi, une terre d’accueil pour les super-héros aux pouvoirs extraordinaires. C’est là qu’intervient Jeeg Robot, comme une espèce de réminiscence nostalgique du passé bisseux de l’Italie des eighties, où l’on s’en donnait à cœur joie pour reproduire made in cheapland, ce que faisait les amis ricains.
Pour son premier long-métrage après un court récompensé aux Oscars (Tiger Boy), le réalisateur transalpin Gabriele Mainetti a décidé de se frotter à un registre artistiquement et commercialement difficile, quand on ne débarque pas sous la bannière étoilée d’un grand studio yankee, avec le budget qui va avec. Parce qu’il n’existe pas vraiment de célèbre super-héros italien, On l’appelle Jeeg Robot s’en va puiser son inspiration dans le manga Steel Jeeg de Go Nakai, le créateur de Goldorak. Si l’entreprise avait l’air complètement suicidaire sur le papier, en plus d’être atypique pour l’industrie cinématographique italienne d’aujourd’hui (on est loin de l’époque du bis transalpin des eighties), Mainetti semble avoir finalement vu juste, puisque son film est ressorti grand gagnant des César italiens, couronné aussi à Amsterdam ou à l’Etrange Festival parisien, duquel il est reparti avec le Grand Prix.
Sur le papier, On l’appelle Jeeg Robot a tout du film de super-héros respectant un schéma ultra-classique. Un anti-héros peu valeureux englué dans une non-existence, un contact hasardeux avec une substance étrange et probablement radioactive, et des pouvoirs qui naissent par surprise. Bref, rien de très neuf dans l’architecture globale et les fondements narratifs, d’autant que Jeeg Robot enchaîne avec ce que l’on connaît par cœur dans le genre, une découverte progressive des dits pouvoirs, la question de quoi en faire, une transformation personnelle sur fond de destinée à embrasser, le tout avec des méchants, une femme etc. En revanche, là où le film de Mainetti va dévier un peu de ce que l’on a coutume de voir, c’est qu’il n’est pas un Marvel, qu’il ne peut s’attacher à suivre une mécanique balisée et archi-huilée, et qu’il n’a pas 200 millions à claquer dans des super-séquences d’action époustouflantes truffées d’effets spéciaux. S’il se refuse néanmoins à s’enfermer dans le film d’auteur exotique et marginal (façon American Hero de Nick Love) et s’il tente de défendre à son niveau, une certaine conception du fun-spectacle, On l’appelle Jeeg Robot va finalement se balancer dans une zone inconfortable, entre l’entreprise au charme séduisant et la petite déception souffrant d’un manque de maîtrise.
Concrètement, On l’appelle Jeeg Robot mélange les fondamentaux du film de super-héros classique, et un traitement plus réaliste dans l’approche de la métamorphose. Mais peut-être parce qu’il se prend un peu trop au sérieux, avec la volonté de ne pas paraître ridicule à côté des Iron Man et comparses, le film de Gabriele Mainetti hésite souvent à se lâcher, à embrasser une réelle folie qui l’aurait sans doute aider à compenser son manque de spectacle, lui-même dû à un manque de moyens. Pourtant, Jeeg Robot tente bien de glisser un second degré de fond, mais ce dernier demeure insuffisant pour vraiment porter cette curiosité transalpine, qui se voudrait attachante, mais qui ne l’est que par intermittence en raison de longueurs, de redondances et d’un gros manque de rythme. Assumant sa différence et son peu de moyens, On l’appelle Jeeg Robot pâtit parfois de sa démarche anti-Marvel, perdant en efficacité ce qu’il cherche à gagner en « style ». Reste un effort louable et honnête, laissant transpirer un indéniable passion du cinéma.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Espagne