LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT
Un film de Matt Reeves. Sortie au cinéma le 30 juillet 2014
Le 25 avril dernier, on a eu la chance d’assister à un fabuleux roadshow organisé par la Fox à Paris. C’est le génie de la motion capture Andy Serkis (Gollum du Seigneur des Anneaux et en l’occurrence le leader des primates César dans La Planète des Singes) qui est venu en personne nous présenter les toutes premières images du prochain volet de la saga des singes au pouvoir. Entre présentation officielle du film, extraits choisis et commentés par le talentueux comédien et description des intentions, ambitions et techniques employées sur le tournage, on a pu se faire une première idée d’à quoi va ressembler ce blockbuster estival, suite du reboot La Planète des Singes : les origines, excellente surprise signée Rupert Wyatt il y a trois ans. Cette fois-ci, c’est le non moins excellent Matt Reeves (Cloverfield) qui prend la relève. Les séquences dévoilées et génialement commentées par un Andy Serkis passionné qui a su emballer toute l’assistance par sa générosité, ont eu de quoi laisser augurer une suite prometteuse.
On a pu ainsi découvrir déjà le contexte dans lequel sera placé ce second volet. Une sorte de monde post-apocalyptique où singes et humains vivent séparés, sans connaissance de l’existence des uns et des autres. On s’explique. Dans La Planète des Singes : l’affrontement, l’humanité a été décimée par un virus dévastateur. Ceux qui en ont réchappé, tentent de se regrouper dans ce nouveau monde en pleine désolation et de survivre tant bien que mal dans un état très primitif. Ironiquement, dans la forêt, une nation de singes génétiquement évolués et de plus en plus nombreux, dirigée par César, a érigé un modèle de société qui fonctionne dans une parfaite harmonie. Les singes ont oublié les hommes qu’ils pensent aujourd’hui disparus. Les hommes, eux, n’ont pas connaissance de l’existence de ces primates évolués vivant dans un territoire sauvage qu’ils se sont appropriés. Une rencontre fortuite entre les deux espèces va mettre le feu aux poudres. Une guerre entre les deux camps est sur le point d’imposer l’espèce dominante sur Terre.
Concrètement, nous avons eu la chance de découvrir des extraits de la vie communautaire de ces primates évolués dirigés par César, mais aussi de la première rencontre entre ces nouveaux humains désemparés et ces singes forts au cours de laquelle un évènement va tendre les relations possibles. S’en est ensuivi une séquence sous haute tension où l’armée de César vient clairement signifier aux humains dans une démonstration de force impressionnante, les nouvelles règles de ce monde dévasté.
Comme a pu l’expliquer à juste titre Andy Serkis, on sait d’avance où l’on va avec la franchise, car tout le monde (ou presque) a vu les précédentes versions. Ce qui va importer désormais dans la suite de cette néo-saga rebootée, c’est la façon dont on y va. Après les origines où les bases étaient posées, de même que l’impulsion qui allaient conduire à la séparation entre humains et primates, ce second volet semble se nourrir de cette opposition que laissait entrevoir son predecesseur pour entrer de plein pied sur la montée vers l’affrontement qui va mettre aux prises humains et singes. Ou comment alors que chacun vit de son côté, la situation va dégénérer au point de conduire au renversement de la hiérarchie du pouvoir, sujet central du prochain et troisième volet que réalisera également Matt Reeves.
Sur les séquences dévoilées, voici ce que l’on a pu retenir. Non content de laisser entrevoir une splendeur visuelle renversante et un véritable réalisme des images plutôt qu’une iconisation fantasmagorique, La Planète des Singes : l’affrontement va être caractérisé par une tension palpable sous-tendant chaque séquence, formulée sur les fondations d’un arc dramatique construit autour d’une sorte de bipolarisation du monde avec des interactions crispées. Une tension qui va s’abreuver des conflits personnels et des enjeux forts que ce soit côté singe ou côté homme. Ce point est le plus intéressant du film, comme le souligne Andy Serkis, et c’est en cela que cette nouvelle franchise devient intéressante, notamment par rapport aux « anciens films ». Ces reboot n’installent pas leur histoire d’un côté ou de l’autre, ils ne prennent pas partie pour une caste (hommes ou singes), ils se refusent au manichéisme ou à seulement s’ancrer dans la bipolarisation « singes sauvages » vs « humanité en danger ». « Iil n’y a pas de méchants dans le film » comme le mentionne l’acteur. De fait, les extraits présentés montrent seulement une communauté de primates (mais évoluée) qui aspirent à vivre en paix, indépendant des hommes et sans animosité ou volonté de revanche, et de l’autre des hommes qui veulent reconstruire leur civilisation après un virus qui a décimé le monde. Les seuls méchants seront quelques personnages secondaires motivant l’avancée de l’histoire, rien de plus. Pour le reste, chacun veut sauver sa race. Les uns veulent construire, les autres reconstruire. Pourtant, certains évènements vont conduire à « l’affrontement ». Erreurs de qui ? De quoi ? Le film sera en salles le 30 juillet pour y répondre. Mais ce n’est pas tout. Autre point important, cette présentation nous a permis grâce à pas mal d’extraits « techniques » et aux commentaires de l’interprète de César, d’en découvrir plus sur une Motion Capture sans cesse perfectionnée. César n’a de singe que son apparence physique. Son regard, ses expressions de visage sont totalement incarnées et toutes en nuance. On a pu notamment entrevoir le travail des acteurs derrière la technologie, pour rendre aussi magnifique cette nouvelle technologie fascinante. Sur ce point, La Planète des Singes : l’affrontement pourrait marquer une évolution remarquable et notable. Ce second volet est bien parti pour être dans la droite lignée de son prédécesseur. En encore mieux ? Possible. Car il laisse transpirer une tension sourde qui telle une cocotte-minute, pourrait bien exploser dans un spectacle déchirant pour un public partagé entre des « bons » et des « bons », que l’on voudrait voir cohabiter mais dont les efforts sont cisaillées par quelques prises de position rebelles. Dernière chose, Andy Serkis défend le film de tout ancrage dans le post-apocalyptique. Car il y aurait selon lui un grand optimisme qui se dégage de plusieurs séquences. Un monde désolé prochainement dominé par des primates ne serait-il pas un monde post-apocalyptique ? A trop se glisser dans leur peau, on en vient à se demander si Andy Serkis ne se mettrait pas à trop penser comme un primate à son tour !
FEATURETTE – PRÉSENTATION DU FILM PAR ANDY SERKIS :