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COLD IN JULY de Jim Mickle : la critique et le test Blu-ray

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Spectateurs

374230.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 8 -10
Carte d’identité :
Nom : Cold in July
Père : Jim Mickle
Date de naissance : 2014
Majorité : 06 mai 2015
Type : Sortie DVD & Blu-ray
(Éditeur : Wild Side)
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : Budget NC
Genre : Thriller
Livret de famille : Michael C. Hall (Richard Dane), Sam Shepard (Russel), Don Johnson (Jim Bob), Vinessa Shaw (Ann Dane), Nick Damici (Ray), Wyatt Russell (Freddy)…

Signes particuliers : Avec Juillet de Sang, pur thriller par essence, Jim Mickle ravive les braises des grandes heures du genre des années 80 et fait renaître un cinéma vintage qui nous manque tant.

LA BISE DE JIM MICKLE AUX ANNÉES 80

LA CRITIQUE

Résumé : 1989. Texas. Par une douce nuit, Richard Dane abat un homme qui vient de pénétrer dans sa maison. Alors qu’il est considéré comme un héros par les habitants de sa petite ville, il est malgré lui entraîné dans un monde de corruption et de violence.527039.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx L’INTRO :

De films en films, Jim Mickle ne cesse de s’affirmer comme un grand représentant de la nouvelle génération de metteurs en scène ayant baigné dans la culture des années 80 et perçant aujourd’hui avec des œuvres fortes traduisant un talent monstre. Passé le coup d’essai Mulberry St, le cinéaste s’était vraiment révélé avec le très applaudi Stake Land, road movie vampirique qui avait sensation en festivals avant d’être très bien reçu par les amateurs de cinéma de genre. Mais le potentiel du bonhomme était encore loin d’avoir pleinement explosé. Trois ans plus tard, ce sera chose faite quand Jim Mickle accouche de We Are What We Are. Ce puissant et splendide drame flirtant avec le cinéma d’épouvante, remake du film mexicain Ne Nous Jugez pas, est acclamé à Sundance avant d’être accueilli dans la prestigieuse Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Un chef d’œuvre qui imposait définitivement son auteur, dont le prochain Cold in July devenait alors une attente prioritaire. Et rebelote. Emmené par le talentueux Michael C. Hall (Dexter pour les intimes) entouré des excellents Sam Shepard et du revenant Don Johnson, Juillet de Sang (en français dans le texte) a valu à Jim Mickle un nouveau voyage direction la croisette et la Quinzaine des Réalisateurs avec cette adaptation du roman éponyme de Joe R. Lonsdale. cold2 L’AVIS :

Pour son quatrième long-métrage, Jim Mickle s’éloigne un peu du cinéma de genre pour virer vers le thriller pur, malgré quelques petites touches le laissant graviter pas loin du registre qui a imposé son nom. Mais surtout, ce nouvel effort est l’occasion pour lui de prouver que son talent est sans borne et qu’il est doté de cette capacité rare de se réinventer sans cesse. Car même si l’on trouvera, avec une analyse un peu plus poussée, quelques récurrences dans ses quatre premiers films, Mickle est un cinéaste dont les films ne se ressemblent pas. Stake Land était un road movie post-apocalyptique purement horrifique d’une efficacité sans faille, We Are What We Are était une œuvre léchée fonctionnement essentiellement sur son ambiance lourde, mystérieuse et troublante et Cold in July est un film très stylisé et hautement référentiel, véritable pépite renvoyant au meilleur du thriller eighties, croisé avec un ton résolument « pulp ».cij-still-281-lst141322A la force d’une esthétique du mimétisme impressionnante (à l’instar des travaux d’un Ti West), Mickle parvient à nous projeter dans le temps, direction la fin des années 80 voire le tout début des années 90. Juillet de Sang appartient à cette période, l’imite à la perfection, mais pas que. Et c’est là toute sa force. A l’inverse d’un Rodriguez ou d’un Tarantino façon les géniaux Grindhouse, Mickle imite mais s’approprie, copie mais sans recracher, s’inspire mais sans jouer les fan boy amusé. Le cinéaste a ingéré la culture qui l’a façonné et la ressert dans une œuvre à laquelle il injecte sa personnalité, son style, son talent. Hybride, Juillet de Sang oscille dans un équilibre parfait, entre le vintage jouissif et la modernité furieuse, véritable claque qui appelle lointainement un mélange entre Killer Joe et les travaux d’un Gareth Evans sur la saga The Raid. Non pas que le film ait un quelconque rapport avec les récents uppercuts du plus thaïlandais des britanniques, mais en ce sens que comme lui, Mickle manie avec dextérité l’utilisation lucide de références évidentes savamment employées dans une baffe assénée avec maîtrise, gérant son rythme, son ambiance, son (ou plutôt ses) ton(s), avec à la clé quelques envolées graphiques d’une violence inouïe quasi en mode BD, conférant à sa pépite un parfum de film rentre-dedans éperdument iconique, fun et bourrin. 104739.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxEt parmi les références de ce joyau délicieusement old school convoquant le meilleur du thriller des années 80, plane avant toutes les autres, une ombre carpenterienne évidente, au point que l’on aurait presque envie de s’écrier « Esprit de Big John es-tu là ? ». Cold in July transpire un amour inconditionnel à Carpenter, dans une sorte abécédaire « hommagesque » au cinéaste de Assaut. Musique, montage, découpage, photographie, anti-héros iconiques, mise en scène, ambiance toute en tension, subtile gestion de l’angoisse, pureté de l’art de l’efficace, c’est toute une première moitié du film qui renvoie à Carpenter et pourtant, Mickle réussit un exploit rarissime : louer un maître sans pour autant tomber dans la copie sans personnalité. Il ne se contente pas singer John Carpenter, il a assimilé John Carpenter, et réalise son propre film. Une œuvre à la fois référentielle, personnelle, par laquelle le réalisateur réussit son saut en Triple G : Glaçant, Grandiose, Génial ! Thriller ultra-stylisé, tétanisant et passablement badass, comme si Carpenter rencontrait Tarantino, Juillet de Sang est absolument énorme, tendu, stressant, haletant, en plus d’être beau à en crever. Seul défaut dans ce film construit à double-temps et d’une richesse narrative et visuelle inouïe, une deuxième partie un cran en-dessous de son hallucinante prédécesseur, quand l’improbable s’invite dans le scénario pour chiper la place d’un réalisme viscéral. L’évolution et les choix de ses personnages incarnent toute la force, la motricité et la capacité à surprendre du film et dans le temps, sonnent comme ses principaux ennemis, dans une œuvre handicapée par sa faculté brillante à scruter de près la façon dont se transforment ses protagonistes au gré des ressorts de l’histoire. Mais des transformations déconcertantes à la crédibilité très relative, pour ne pas dire invraisemblables.119740.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxQuoiqu’il en soit, en passant au-dessus d’un scénario tiré par les cheveux dans son arc dramatique à canon double-détente opérant un virage à mi-parcours qui en surprendra plus d’un, Juillet de Sang reste une intense virée qui prend aux tripes en plus de fasciner par son esthétique changeante, entre le thriller terrifiant et la balade sanglante à la tonalité pulp jubilatoire. Un véritable régal de série B hargneuse et captivante, baladant dans un univers moralement ambigu mais jouant la carte de l’ironie, porté par un trident d’exception incarnant des figures de cinéma grandioses, Michael C. Hall impressionnant en pur yankee limite bouseux, Sam Shepard flippant en redneck revanchard et Don Johnson énormissime (et hilarant) en texan ringard bien gratiné au four.

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LES SUPPLÉMENTS DE L’ÉDITION DVD & BLU-RAY

Wild Side ne fait dans le détail, DVD ou Blu-ray, les suppléments sont les mêmes. Un choix respectable mais qui ne devra pas pour autant vous orienter plus vers le DVD (d’autant que les deux éditions sont au même prix) pour la simple, bonne et éternelle même raison que le Blu-ray et sa netteté impressionnante offrira à ce Cold in July, toute la pleine mesure de sa beauté et de ses qualités esthétiques qui méritent ce qu’il y a de meilleur.cold_in_july

Côté suppléments, l’essentiel de ce qui est proposé tourne autour d’une sélection de neuf scènes coupées au montage.  Ce sera d’ailleurs le seul supplément qui s’offrira à vous en plus de la bande-annonce du film. Et l’on reconnaîtra immédiatement la patte d’un éditeur qui se veut cinéphile avant tout. Pourquoi ? Car l’édition vidéo pondue par Wild Side ne se contente pas, une fois n’est pas coutume, d’aligner ces fameuses scènes coupées en vrac et sans explications. L’éditeur les propose avec cette intelligente démarche qui lui est chère, de les associer à des commentaires du réalisateur Jim Mikle pour plus de pertinence. Car des scènes abandonnées au montage et mises bout à bout, c’est bien, mais en définitive, quoi ? Pourquoi ont-elles étaient enlevées, pourquoi ont-elles étaient tournées ? Autant de questions auxquelles le spectateur est confronté avec l’obligation de se débrouiller par lui-même pour en tirer des explications. Plutôt que de céder à cette méthode de plus en plus fréquente et à l’intérêt cinéphilique limité, Wild Side privilégie donc l’intelligence en proposant de les visionner avec le choix entre deux pistes audio, avec ou sans commentaires. Un bon moyen de comprendre les choix du metteur en scène et de fait, de pénétrer indirectement dans les coulisses de la salle de montage. On se plaît ainsi à visionner ces séquences pour le plaisir, tout en profitant des explications de Mikle pour nous amener à mieux comprendre les mécanismes de la recherche du rythme d’un film. Pour les scènes en elles-mêmes, quelques-unes sont des scènes d’exposition retirées car elles prenaient trop de place. D’autres sont des séquences présentes mais proposées ici en version longue. Deux retiennent l’attention, dévoilant des sous-intrigues finalement évacuées du montage final, une entre Dane (Michael C. Hall) et un agent du FBI et une seconde relative à l’identité de l’homme tué au début du métrage. Enfin, deux séquences sont également présentées dans leur version animatique (le meurtre du début et un extrait de la tuerie finale).cold-in-july

On regrettera seulement, outre l’absence de toute interview, le manque d’explications sur certains points de ces suppléments, comme ces séquences en animatiques évoquées et l’identité de ceux qui participent aux commentaires des scènes coupées aux côtés le réalisateur.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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