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PAUVRES CREATURES de Yorgos Lanthimos : la critique du film

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Nom : Poor Things
Père : Yorgos Lanthimos
Date de naissance : 17 janvier 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h21 / Poids : NC
Genre : Comédie, Drame, Fantastique

Livret de Famille : Emma StoneMark RuffaloWillem Dafoe

Signes particuliers : Singulièrement brillant. 

Synopsis : Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s’enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.

UN CERTAIN REGARD SUR LE MONDE

NOTRE AVIS SUR PAUVRES CREATURES

Voilà un film qui pourrait faire grand bruit lors de la prochaine Cérémonie des Oscars du haut de ses 11 nominations. A commencer par la course à la statuette de la Meilleure Actrice que l’on verrait bien entre les mains d’Emma Stone. Cinq ans après La Favorite, le cinéaste grec Yorgos Lanthimos retrouve la comédienne pour un ofni fort capable de venir chatouiller les pieds du mastodonte Oppenheimer lors de la grande messe du cinéma. Adaptation d’un roman d’Alasdair Gray, Pauvres Créatures est un curieux mélange de fantastique rétrofuturiste, de comédie noire et de drame gothique (pour la faire courte), destiné à composer une fable sur le monde en retraçant le parcours d’une femme qui s’est suicidée pour échapper à un mari violent. Ramenée à la vie par un scientifique qui a remplacé son cerveau par celui de son enfant à naître, Bella va (re)découvrir le monde.

Quelle histoire ! Quel cinéaste ! Quelle comédienne ! Et la conjugaison de ces trois exclamations en amène une quatrième : quel film ! Ou plutôt, quel très grand film ! A travers ce récit complètement fou mêlant cerveaux échangés, sexe, naïveté, socialisme, patriarcat dominant, voyage à travers le monde, amour, douleurs, féminisme libéré, rapports d’exploitation, violence, vagin, chèvre et expériences, Yorgos Lanthimos signe un film immense, constamment nourri par des réflexions sur l’état du monde actuel. De la révolte féministe au capitalisme révoltant en passant par le regard désarmé que pourrait avoir un esprit vierge sur une humanité à la dérive, Pauvres Créatures est une masterclass dont on se saura jamais que trop louer l’intelligence.

Un peu à la manière de Edward aux Mains d’Argent, Pauvres Créatures est l’odyssée d’une découverte anachronique du monde. Porté par la naïveté chère à son cerveau de nouveau né dans un corps adulte, Bella n’a pas d’esprit inculqué. Elle est une page vierge qui n’a pas encore été conditionnée par les normes, par les idées, par un vécu. Elle va ainsi observer le monde tel qu’il tourne, c’est à dire à contresens de la logique élémentaire. La violence, la pauvreté, le patriarcat qui a peur, la révolte des femmes soumises, l’innocence perdue, la cupidité, les normes qui entravent la liberté, tel est le tableau qui défile sous ses yeux plongés dans l’incompréhension. Du décalage entre sa candide fraîcheur et la réalité du monde qu’elle appréhende sans en avoir les codes, va naître des moments de grande drôlerie. Des moments d’une grande cruauté aussi. Mais surtout, Lanthimos fait jaillir une réflexion sur les carcans qui nous enferment et sur le non-sens qui dicte la marche du monde.

Relecture du mythe de Frankenstein ancrée dans une allégorie moderne, Pauvres Créatures est un film de contrastes, à la fois fou et lucide, splendide et vilain, amusant et cérébral, radical et accessible, complexe et si simple, jubilatoire et inconfortable, cruel et tellement émouvant. De loin le meilleur film de Yorgos Lanthimos à ce jour. Quant à Emma Stone, à moins d’une injustice comme jamais, sa performance hallucinante devrait lui valoir un Oscar plus que mérité. Elle apporte avec sa folle dévotion au rôle, toute la magie singulière d’un film fou, original, inventif et irrévérencieux. Un bijou de cinéma fantasque et fantastique comme on en voit que trop rarement.

 

 

Par Nicolas Rieux

2 thoughts on “PAUVRES CREATURES de Yorgos Lanthimos : la critique du film

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