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JEAN VALJEAN d’Eric Besnard : la critique du film

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Nom : Jean Valjean
Père : Eric Besnard
Date de naissance : 19 novembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Historique, Drame

Livret de Famille : Grégory GadeboisBernard CampanAlexandra Lamy

Signes particuliers : Des qualités certes…

Synopsis : 1815. Jean Valjean sort du bagne, brisé, rejeté de tous. Errant sans but, il trouve refuge chez un homme d’Église, sa sœur et leur servante. Face à cette main tendue, Jean Valjean vacille et, dans cette nuit suspendue, devra choisir qui il veut devenir. D’après l’œuvre « Les Misérables » de Victor Hugo.

L’HISTOIRE D’UN MISÉRABLE

NOTRE AVIS SUR JEAN VALJEAN

Porte-étendard (avec Nicolas Vanier) d’un néo-cinéma de papa ampoulé gravé dans une pellicule imbibée de formol, Eric Besnard avait su bien exploiter son style passéiste avec Louise Violet, son dernier (et joli) film en date, porté par une excellente Alexandra Lamy en institutrice cabossée qui tentait d’apporter l’instruction -devenue tout récemment obligatoire- dans un petit village de la campagne française du XIXème siècle. Un an plus tard, Éric Besnard reste dans le registre du drame d’époque avec Jean Valjean, adaptation du premier livre du célèbre roman Les Misérables de Victor Hugo. On y suit un Jean Valjean qui erre dans le sud de la France au lendemain de sa sortie du bagne. Rejeté par tous, il atterrit par hasard chez un homme d’église qui va lui tendre la main.

A l’heure où fleurissent les grosses productions adaptant les classiques de la littérature française (Les 3 Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo), Jean Valjean se glisse dans le creux de la vague mais en mode contrepied. Pas de fresque fleuve, pas de moyens gargantuesques, pas de souffle épique, le film d’Eric Besnard pourrait être vu comme une petite parenthèse introductive et préparatoire à la future adaptation des Misérables de Fred Cavayé (prévue pour fin 2026). Plus petit, plus intimiste, plus un drame existentiel qu’un grand film d’aventure.

Avec son adaptation du début des aventures de Jean Valjean, Eric Besnard essaie de garder en toile de fond le regard social de Victor Hugo sur une France du début du XIXème qui souffre, qui lutte, qui a peur. Le cinéaste se sert des premiers chapitres et de la rencontre entre l’ex-bagnard méprisé et le bienveillant Monseigneur Myriel (rebaptisé Monseigneur Bienvenu) pour observer un dialogue sur la lutte des classes et le rejet social. Le début des Misérables – et de facto le film Jean Valjean– est un regard porté sur l’ostracisme qui n’a d’autre effet que d’engendrer encore plus de haine et de violence, condamnant toute perspective de réinsertion d’une personne socialement mise au ban de la société. Avec son précédent Louise Violet, dont l’action se déroulait elle-aussi au XIXème siècle, Éric Besnard usait déjà d’une histoire « d’un autre temps » pour exprimer un commentaire encore pertinent aujourd’hui sur l’importance de l’instruction pour combattre le déterminisme social. Avec Jean Valjean, le cinéaste reproduit la même démarche. A travers l’histoire de ce bagnard qui, à sa sortie, n’a plus aucune place dans la société, Besnard parle de réhabilitation et de la manière dont une société peut elle-même créer le pire faute de savoir pardonner et aider à aller de l’avant. Une fois encore et comme si cela devenait une sorte de marque de fabrique, le metteur en scène se positionne dans un cinéma très pédagogique.

De bonnes choses essaient d’exister dans sa fiction qui malheureusement, paraît un peu trop indolente, incarnée de manière très manichéenne par une distribution qui occupe des postures dans le récit plus qu’elle n’en absorbe les subtilités. Jean Valjean est très linéaire, trop didactique, proche d’une leçon assez platement racontée. Et la grande question qui subsiste est de savoir si le film trouvera un public réellement intéressé par ce qu’il a à raconter et montrer.


Par Nicolas Rieux

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