ABIGAIL de Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett : la critique du film

Elles sont rares les bonnes surprises dans le cinéma de genre qui nous parvient en salles. Rares mais pas inexistantes (La Main, l’excellentissime Vermines de Sébastien Vaniček). En revanche, encore plus rares sont les bonnes surprises en provenance d’Hollywood, à l’heure où le cinéma yankee ne se prive pas de nous envoyer toutes les conneries fadasses produites par Jason Blum, les sous spin off en pagaille tirés de l’univers Conjuring, les séries B miteuses à base d’exorcisme ou les reboots claqués au sol style la saga Halloween, L’Exorciste Dévotion ou le dernier Evil Dead. Mais dès qu’il s’agit de distribuer un truc cool, y’a plus personne au téléphone. Heureusement, l’heure est venue d’accueillir la petite Abigail. Tous les voyants étant pourtant couleur « alerte rouge » sur le papier. C’est soit-disant un plus ou moins remake du méconnu La Fille de Dracula de Lambert Hillyer (mais on ne voit toujours pas trop le rapport entre les deux), c’est réalisé par les gugusses responsables de The Baby, Wedding Nightmare ou des derniers Scream, la production a été perturbée par la grève des acteurs et la mort prématurée du comédien Angus Cloud… En gros, Abigail inspirait plus l’envie de fuir dans la direction opposée que de s’y jeter à corps perdu. Sauf que « voilà voilà » comme dirait Barbara Pravi… Voilà un film d’horreur savoureux ! Savoureusement surprenant, savoureusement drôle, savoureusement fun et savoureusement gore !

Un groupe de kidnappeurs professionnels qui vient d’enlever la gamine d’un homme très riche pour le compte d’un commanditaire, se planque dans un manoir en attendant le paiement de la rançon. Ils vont malheureusement vite découvrir qu’il y a un loup dans le potage et que la petite Abigail n’a rien d’une simple gosse de riche ordinaire. Encore une histoire de possession démoniaque ? On y a cru l’espace d’un bout de film en allant voir Abigail vierge de toute information (la meilleure configuration qui soit le concernant). On en a été d’autant plus surpris qu’au lieu de filer du coté de l’énième balourdise pour adolescents pré-pubères en mal de frissons, le film du tandem Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillet trace son chemin plutôt du côté du délire bisseux à la Une Nuit en Enfer où le récent Renfield. Comprenez par-là, une série B jouissive, gore à souhait et non dénuée d’un humour horrifique du meilleur effet. Sans être un chef-d’œuvre du genre qui renouvelle quoique ce soit, Abigail a le mérite d’être fort sympathique. Un bon divertissement horrifico-graphique à la fois efficace et ludique, porté par un mélange maîtrisé d’humour, d’horreur et d’action, le tout dans un huis-clos jouant adroitement avec ses lieux. 1h50 de fun pour les amateurs de tripailles et de slasher carnassier. Puis des litrons de sang balancés sur Le Lac des Cygnes, franchement ça claque !