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BRUEGEL, LE MOULIN ET LA CROIX (critique)

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Carte d’identité :
Nom : The Mill & The Cross
Parents : Lech Majewski
Livret de famille : Rutger Hauer, Charlotte Rampling, Michael York, Oskar Uliczka…
Date de naissance : 2011
Nationalité : Pologne, Suède
Taille/Poids : 1h32 – 1 million €

Signes particuliers (+) : Plastiquement et techniquement étonnant et splendide.

Signes particuliers (-) : D’un ennui mortel. Le formalisme prend totalement le pas sur tout le reste.

 

LECH MAJEWSKI : AU TABLEAU !

Résumé : XVIème siècle, Pieter Bruegel achève son chef d’œuvre « Le Portement de la Croix » sur la passion du Christ mais qui par extension, dépeint la vie d’un pays subissant l’occupation espagnole. Plongeant dans le tableau lui-même, le film suit le parcours d’une multitude de personnages…

 

1564 : Pieter Bruegel dit l’Aîné peint son fameux tableau Le Portement de la Croix relatant un épisode de la passion du Christ par le biais d’une composition de plus de 500 personnages.

1895 : A l’issu de nombreux travaux menés par divers inventeurs, Les Frères Lumières synthétisent des années de recherche et inventent « partiellement » ce que l’on appellera communément : « le cinéma ».

2011 : Le cinéaste polonais Lech Majewski créé un nouveau genre : l’adaptation d’un tableau au cinéma.

Film conceptuel, Bruegel, le moulin et la croix participe d’une démarche expérimentale inédite aussi originale que déroutante, un peu à l’image du Dogville de Lars Von Trier, il y a quelques années. Par cette adaptation filmique d’une œuvre en apparence figée sur la toile, le cinéaste polonais, théorisant indirectement sur la peinture, va faire mentir ce statut erroné en montrant la nuance et le fossé séparant « figée » de « fixe ». Par un travail d’immersion au sein même d’une œuvre d’art pour mieux la disséquer et disserter sur l’art en général, Bruegel, le moulin et la croix, recourant à l’imagination, à l’étude et à la créativité, va montrer l’incroyable richesse et paradoxalement l’animation et la vie en mouvement cachées qui peuvent habiter un grand tableau au de-là de son apparent aspect pictural arrêté. Et comme tous les grands tableaux dès lors que l’on se laisse aspirer, que l’on s’y adonne pleinement en plongeant dans chaque grain, Le Portement de la Croix de devenir plus qu’un plan fixe, en aucune façon figé, car en le décryptant attentivement, le mouvement se met en marche et le tableau de prendre son sens, de prendre forme, de bouger, d’impliquer insidieusement des tas d’histoires en mouvement, des avants et des après auxquels l’on peut avoir accès si l’on laisse l’imagination faire son travail, en reconstituant ainsi les histoires sous-entendues dont Bruegel captait un instant mais un simple instant s’inscrivant dans une narration aux possibilités narratives illimitées.

Au carrefour des arts pictural et cinématographique, Bruegel, le moulin et la croix nous fait passer de l’autre côté du célèbre tableau de Bruegel pour nous permettre d’accéder à cette reconstitution témoin et ce regard silencieux sur une période historique saisie à vif par l’artiste en son temps, celle d’une Flandre de la Renaissance conquise et au bord du chaos, souffrant d’une occupation espagnole difficile. Immersion impressionnante dans le travail de Bruegel, le film de Majewski nous offre mille et une chose à voir derrière ce tableau célèbre aujourd’hui et s’offre comme une déclaration d’amour pas seulement à l’artiste et à la peinture mis à l’art en général. Usant d’une mise en scène riche et épurée à la fois, entre plan simplement montré et pourtant richement composé à base de 3D et d’images de synthèse pour donner une absence de relief tendant vers un cachet pictural donné aux décors et seconds plans, Bruegel, le moulin et la croix est une oeuvre d’art en soi à l’esthétique prodigieuse.

On pourra alors s’interroger justement sur la finalité de ce travail d’esthète qui peine à dépasser le stade de son concept forçant le respect pour sa minutie exemplaire mais pour amener à une œuvre quelque peu pompeuse voire austère et ennuyeuse. Film à la beauté plastique indéniable, à la forme séduisante et au fond passionnant, le plaisir est en revanche un peu dénié à un spectateur se retrouvant vite face à un ovni atypique longuet réfléchi et réfléchissant mais pour lequel l’on souhaiterait pouvoir louer les qualités tout en évitant si possible de s’y endormir. Le concept fou se noie dans une monotonie pesante et une épuration drastique de dialogues aboutissant à un très bel objet mais peinant à toucher, à susciter sentiments et émotions si ce n’est le respect du travail visuel incroyable. Comme un somptueux paysage naturel que l’on contemplerait seulement de loin car le trajet pour s’y rendre serait interminable à pied…

Bande-annonce :


BRUEGEL, LE MOULIN ET LA CROIX : BANDE-ANNONCE HD par baryla

2 thoughts on “BRUEGEL, LE MOULIN ET LA CROIX (critique)

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