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CHIEN 51 de Cédric Jimenez : la critique du film

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Nom : Chien 51
Père : Cédric Jimenez
Date de naissance : 15 octobre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : 42 M$
Genre : Thriller, Policier, SF

Livret de Famille : Gilles LelloucheAdèle ExarchopoulosLouis Garrel, Romain Duris, Valeria Bruni Tedeschi, Artus, Lala &ce, Daphné Patakia…

Signes particuliers : Efficace comme du Cédric Jimenez.

Synopsis : Dans un futur proche, Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.

 

PARIS 2045

NOTRE AVIS SUR CHIEN 51

Adèle Exarchopoulos récidive dans le thriller d’anticipation à la française. Quelques mois seulement après le Planète B d’Aude Léa Rapin, la comédienne est de nouveau au centre d’un film imaginant un futur dystopique où la France aurait basculé dans un régime semi-totalitaire. Et plus précisément Paris dans Chien 51, le nouveau long métrage du marseillais Cédric Jimenez (Novembre, Bac Nord) adapté d’un roman de Laurent Gaudé.

Sur un scénario coécrit avec le talentueux Olivier Demangel et transposant l’action du roman d’Athènes à Paris, Chien 51 nous plonge dans une capitale parisienne de 2045 où la ville a été subdivisée en zones, chacune correspondant à une classe sociale. La Zone 1 est l’hypercentre où vivent les très riches, la Zone 2 regroupe les classes intermédiaires et la dernière, la Zone 3, concentre toute la pauvreté. Le tout est surveillé par une IA révolutionnaire baptisée Alma, garante de l’ordre. Quand le créateur d’Alma est assassiné en plein dans l’ultra-surveillée Zone 1, un flic de la Zone 3 (Gilles Lellouche peroxydé) et une enquêtrice de la zone 2 (Adèle Exarchopoulos capillairement autoritaire) sont forcés de collaborer sur les investigations en composant avec la pression du ministre de l’intérieur (Romain Duris coupe plaquée) et celle d’un activiste anti IA (Louis Garrel chevelu). Et Chien 51 n’a rien d’un point coiffure mais tout d’un bon polar science-fictionnel qui dépote.

En cinq longs métrages, Cédric Jimenez a clairement posé son style sur la table. Il est fondé dans une haute opinion de l’efficacité et c’est elle qui mène la barque de chacun de ses films depuis La French. Et pour l’illustrer, le cinéaste choie sa mise en scène. S’il y a bien une chose que l’on ne pourra jamais lui reprocher, c’est cette passion du beau plan qui claque, du style séduisant et généreux dans sa cinégenie. Monstre de talent question réalisation percutante, Cédric Jimenez ne se trahit pas avec son Chien 51, lequel fait des étincelles formelles grâce à une impressionnante virtuosité de la mise en scène. Avec les moyens de ses ambitions (42 millions de budget quand même), le cinéaste crédibilise vite son univers SF, minutieusement imaginé, bourré d’idées et d’effets spéciaux plus ou moins discrets. On y croit à ce Paris de 2045 anxiogène, chic d’un côté ou misérable de l’autre selon la Zone, et cette foi dans le décorum installé permet d’y dérouler ensuite une histoire, certes très conventionnelle en termes de schéma narratif (deux flics que tout oppose forcés d’enquêter ensemble), mais que le cinéaste rend terriblement haletante et captivante.

Marseillais qu’il est, Cédric Jimenez emprunte la devise de son club de foot, le « Droit au but » de l’Olympique de Marseille. Chien 51 est carré, concis, direct en ligne droite. Si l’autoroute est balisée de petits détails enrichissant l’expérience immersive, le cœur du film vibre pour un aller simple vers la résolution du mystère. Cette ultra-efficacité n’est pas sans conséquence. L’intensité est là et frissonnante, l’émotion un peu moins. Chien 51 est assez froid, impactant mais pas viscéral, spectaculaire mais rarement émouvant. Et si le film se permet quelques petites réflexions sur le développement envahissant de l’IA ou le glissement progressif vers le totalitarisme à force de sur-vanter le devoir sécuritaire, il n’en reste au final pas grand-chose de plus qu’un momentum explosif à la tension énergique qui ne s’octroie aucune seconde de mollesse. Polar aux ambitions surdimensionnées ou thriller dystopique un peu léger dans le travail de son propos (et dans le travail d’adaptation du roman originel), Chien 51 se situe d’un côté ou de l’autre de la Seine selon l’arrondissement d’où on regarde. On pourra y voir un gros moment de cinoche qui dépote comme un film un peu trop mécanique et superficiel. En tout cas, sur l’instant, ce blockbuster d’action made in France tonitruant et appliqué fait son effet. Et Jimenez confirme tout le bien que l’on pense de lui depuis dix ans.

 

Par Nicolas Rieux

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