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SALVE MARIA de Mar Coll : la critique du film

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Nom : Salve Maria
Mère : Mar Coll
Date de naissance : 20 août 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Espagne
Taille : 1h51 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Laura WeissmahrOriol PlaGiannina Fruttero

Signes particuliers : Un regard poignant sur un sujet tabou.

Synopsis : María, une jeune écrivaine qui vient de devenir mère, se passionne pour un fait divers perpétré non loin de chez elle. Obsédée par celle qui a commis l’irréparable, elle cherche à comprendre son geste. L’écriture devient alors son seul moyen d’appréhender l’expérience de sa propre maternité, tandis que l’ombre de cet événement tragique plane sur elle, comme une possibilité vertigineuse.

PORTRAIT D’UNE JEUNE MERE EN DETRESSE

NOTRE AVIS SUR SALVE MARIA

Réalisatrice catalane remarquée dès 2009 avec le drame Tres Dias Amb la familia (Goya du meilleur nouveau réalisateur), Mar Coll signe avec Salve Maria son troisième long métrage. Avec pour sujet les recoins les plus sombres de la néo-maternité, le film a été couronné de plusieurs prix en Espagne. Cette adaptation d’un roman de l’écrivaine basque Katixa Agirre raconte l’effondrement psychologique de Maria, une jeune mère qui n’arrive pas à gérer son nouveau rôle et se passionne pour un fait divers d’infanticide commis non loin de chez elle.

Avec Salve Maria, Mar Coll pose un regard très moderne et sans tabou sur les difficultés post-natales et notamment la psychose post-partum, pathologie très sérieuse encore insuffisamment prévenue et incomprise où une mère fragile ou dépassée peut sombrer dans un état de dépression sévère voire extrême. Pour représenter avec justesse et authenticité les mécanismes de cet état d’angoisse tétanisant, le cinéaste fait le choix d’un ton singulier. Salve Maria oscille entre le drame intimiste et le thriller psychologique suffocant, et se permet même de convoquer une lointaine dimension quasi horrifique comme si l’ombre d’Hitchcock rôdait au-dessus d’une tragédie maternelle dure et anxiogène. La cinéaste accumule les motifs narratifs ou artistiques démonstratifs pour signifier l’état de submersion d’une mère qui s’enfonce. Une fenêtre récalcitrante, un corbeau qui pénètre dans le salon, les pleurs incessants du bébé, une musique de tension, puis des hallucinations affreuses… Tout participe à montrer ce qu’une seule scène va incarner plus clairement, une baignoire défaillante qui se remplit jusqu’à déborder.

Porté par une exceptionnelle Laura Weissmahr, Salve Maria tutoie le psychologique viscéral. Mar Coll ne juge jamais son personnage de mère qui s’enfonce. Peut-être n’était-elle pas prête, peut-être n’était-elle pas faite pour la maternité. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse ou raison. L’idée est simplement de traduire de manière sensorielle, ce que la société tend à taire. Avoir un enfant, c’est merveilleux, c’est la plus belle chose du monde, c’est que du bonheur, ça vaut le coup d’être vécu, c’est un épanouissement… Des phrases que l’on entend inlassablement et qui masquent une réalité par un faux optimisme idéalisé. Avoir un enfant, c’est dur, c’est épuisant, c’est faire le deuil de sa vie d’avant, de sa liberté, de son émancipation… Avoir un enfant, c’est aussi des névroses, des peurs, des angoisses, des projections psychiques, un stress,  une charge mentale écrasante… Salve Maria drague à la surface tout ce qui est souvent tu. Portrait d’une jeune mère au bord du précipice, le film de Mar Coll est intense, harassant, tétanisant, et montre une autre maternité que celle de catalogues et revues, une maternité émotionnellement, psychologiquement et physiquement éprouvante.

 

Par Nicolas Rieux

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