Nom : S.S.I.
Mère : Gabriela Cowperthwaite
Date de naissance : 2023
Type : sortie prochainement
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : 13 M$
Genre : Thriller spatial
Livret de Famille : Ariana DeBose, Chris Messina, John Gallagher Jr, Pilou Asbaek, Costa Ronin….
Signes particuliers : Excitant sur le papier, décevant à l’arrivée.
Synopsis : Lorsqu’un conflit mondial se produit sur Terre dans un avenir proche, des tensions éclatent à bord de la Station spatiale internationale. Sous le choc, les astronautes américains et russes reçoivent des ordres du sol : prendre le contrôle de la station par tous les moyens nécessaires.
GUERRE FROIDE DANS L’ESPACE
NOTRE AVIS SUR I.S.S.
C’était l’un des films qui attisait la plus grande des curiosités lors de l’édition 2023 du festival du cinéma américain de Deauville. Thriller spatial signé Gabriela Cowperthwaite (le drame Our Friend, le documentaire Blackfish), I.S.S. imaginait une situation aux enjeux passionnants. Sur la célèbre station spatiale internationale, un groupe d’astronautes américains et russes s’apprêtent à cohabiter pour quelques mois quand ils découvrent qu’une guerre vient d’éclater entre leurs deux pays sur Terre. Les deux camps reçoivent des ordres clairs, prendre le contrôle de la station, devenue soudainement un enjeu stratégique majeur.
Gabriela Cowperthwaite hérite d’un scénario excitant alors présent sur la célèbre « black list » américaine des meilleurs scénarios en attente de production. Malheureusement, l’emballement sur le papier laisse vite place à une semi déception à l’écran.
I.S.S. pouvait s’appuyer sur une cristallisation des tensions mondiales dans un cadre de huis-clos habité par un microcosme censé être apolitique et loin des considérations géopolitiques mondiales. Mais comment rester impassible face à une situation d’une telle gravité, d’une telle urgence ? En même temps, que faire dans l’immensité de l’espace où la vie ne tient qu’à un fil ? Oui, le postulat était passionnant. Sauf que très vite, la cinéaste hiérarchise ses intentions et les enjeux politiques s’effilochent derrière une volonté branlante d’orienter le film davantage vers le thriller à suspens. Et le désir de spectacle de grignoter ce que le film aurait pu avoir de meilleur. D’autant plus dommage que même dans l’action, I.S.S. peine à vraiment décoller en orbite. Le long-métrage de Gabriela Cowperthwaite tourne beaucoup trop en rond et souffre d’une intrigue souvent confuse et pas toujours très cohérente dans ses rebondissements hasardeux. Conséquence regrettable, I.S.S. ne parvient que très rarement à faire ressentir ses fameux enjeux si enthousiasmants sur le papier, cette tension inquiétante couplée à des dilemmes moraux et idéologiques forts. I.S.S. passe alors complètement à côté de son sujet, et surtout de son incroyable potentiel de thriller psychologico-haletant.
On se souvient qu’à ses débuts (pour son film de fin d’études), le futur pape du blockbuster Roland Emmerich avait déjà imaginé l’idée d’une station spatiale comme atout militaire stratégique et avait concentré son drame de science-fiction (Le Principe de l’Arche de Noé) autour des enjeux moraux inhérent à cette question. À l’inverse, I.S.S. manque de nuances, de subtilité et surtout d’intelligence dans la manière d’articuler le spectre de la guerre qui se passe au loin et le suspens de l’affrontement entre deux camps coincés ensemble. Ce qui aurait pu devenir un Red Dawn spatial nourri par le mystère de ce qu’il se passe à des centaines de kilomètres sur Terre, par la tension grimpante et la paranoïa claustrophobique dans les couloirs de la station, sombre dans un déroulé de petite série B conventionnelle et peu imaginative qui survole ses idées et n’en exploite jamais la dimension angoissante et anxiogène, pas plus que la dimension politique captivante (d’autant que la vision globale reste très américaine). Sans être foncièrement désagréable, on peut affirmer que c’est loupé à tous les niveaux tant la matière de base était en or.
Par Nicolas Rieux