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CRIMSON PEAK de Guillermo del Toro : la critique du film [sortie cinéma]

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note 7-10
Carte d’identité :
Nom : Crimson Peak
Père : Guillermo del Toro
Date de naissance : 2014
Majorité : 14 octobre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h59 / Poids : 55 M$
Genre : Drame, Épouvante

Livret de famille : Mia Wasikowska (Edith Cushing), Tom Hiddleston (Thomas Sharpe), Jessica Chastain (Lucille Sharpe), Charlie Hunnam (Alan), Jim Beaver (Carter Cushing)…

Signes particuliers : Après les robots gigantesques qui luttent pour la survie du monde, Guillermo del Toro change radicalement de registre et nous entraîne dans un manoir lugubre pour un romance gothique fascinante…

LA ROMANCE GOTHIQUE SELON GUILLERMO

LA CRITIQUE

Résumé : Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : « Prends garde à Crimson Peak ». Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse « imagination », Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.crimson_peak_4L’INTRO :

De film en film, le mexicain Guillermo del Toro est de plus en plus en train de s’imposer comme le cinéaste de la générosité, sorte de grand gamin geek poussant ses fantasmes de spectateur vers la pellicule pour les faire partager au public. Même si tout n’est pas forcément parfait, même si la réussite est discutable (et discutée), c’est cet état d’esprit qui règne en maître au milieu de ses Blade 2, Hellboy ou Pacific Rim. Et entre deux méga-productions gigantesques, Del Toro distille des pépites, des films destinés à un public plus adulte, des œuvres de grand cinéma au formalisme somptueux qui n’a d’égale que leur richesse artistique et narrative. Comme Le Labyrinthe de Pan, probablement l’un de ses meilleurs films avec L’échine du Diable. Car c’est dans ce cinéma-là finalement, que Del Toro est le meilleur. Dans ces projets plus personnels, où la sincérité évidente du bonhomme, se conjugue avec un amour de l’audace et du mérite. Deux après les méga-robots de Pacific Rim, injuste échec aux Etats-Unis devenu un succès mitigé dans le monde, le cinéaste à la bonhomie touchante revient avec quelque-chose de plus « petit », de plus intimiste. Un anti-conte horrifico-romantique produit pour presque quatre fois moins que son dernier blockbuster, mais alignant un casting en or écumant les bancs de la nouvelle génération d’étoiles hollywoodiennes, Mia Wasikowska, Jessica Chastain, Tom Hiddlestone ou Charlie Hunnam.uscsqvdrlL’AVIS :

Dans une ambiance titillant un esprit envoûtant rappelant les grandes heures de la Hammer, Guillermo del Toro nous plonge dans un conte inversée convoquant autant Edgar Allan Poe, que Mary Shelley ou les Frères Grimm. Direction un manoir presque fantomatique, avec tous les codes qui caractérisent ces grandes bâtisses si cinégéniques à l’écran, Del Toro nous plonge dans une terreur oscillant entre le psychologique et le graphique, supportée par une atmosphère d’angoisse fascinante, sorte d’étreinte sombre et mélancolique enveloppant cette romance gothique où chaque plan est nourri par une beauté formelle et poétique à tirer des larmes de bonheur et d’enchantement. C’est à genoux que nous met la splendeur visuelle de cette démonstration artistique accomplie à travers laquelle Del Toro se métamorphose en artiste-peintre alignant les tableaux tous plus magnifiques les uns que les autres. Et si Crimson Peak peut parfois pêcher par quelques maladresses d’écriture et ressorts dramatiques faciles, ou si certains pourront être déçus des intentions affichées par le cinéaste (ce n’est pas un film de fantômes mais un film avec des fantômes), reste que Del Toro signe une « œuvre » au sens premier du terme, une ode permanente à l’esthétisme subjuguant, où les décors au faste grandiose (entièrement construits pour le film) répondent à une minutie extrême du détail, pour servir de cadre à des protagonistes évoluant tels des marionnettes dans un théâtre fantastique.p19etel5lt1ku88ajffd1ebe65r4Crimson Peak flirte avec les genres et traverse les registres. Est-on dans la tragédie romanesque ? Dans le thriller fantastique ? Dans le film d’épouvante mâtinée d’envolées gores ? Sans doute, dans un peu tout ça à la fois. Seule une chose est claire dans ce film à l’histoire trouble, ce point d’honneur mis à imbiber toutes les pores du film, d’un formalisme à la fois vibrant et effrayant. Mais parce que la beauté plastique à elle-seule, ne suffit pas à faire un film, Guillermo del Toro dessine dans son cadre lugubre, un récit intense, certes parfois balisé voire même prévisible dans sa seconde moitié, mais qui parvient à emporter le spectateur pour peu qu’il accepte de ne pas résister et de se laisser guider dans l’univers de ce Alice au pays des cauchemars. Le fond n’atteint jamais l’exigence d’un Labyrinthe de Pan, l’histoire demeure plus basique et linéaire et seules quelques rares digressions dans le second degré (comme le final) surprendront, mais voilà, quand Del Toro se mue en artiste de génie comme ça, ses œuvres réussissent déjà à se hisser au-dessus de la masse, peu importe que des défauts essaient de contraire l’envol de la pépite. Quoiqu’il en soit, Crimson Peak parvient à exercer une forme d’attraction puissante, au point d’hypnotiser un spectateur placé sous sa coupe et soumis à son emprise.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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