Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Aimer, Boire et Manger
Père : Alain Resnais
Livret de famille : Sabine Azéma (Kathryn), Hippolyte Girardot (Colin), Caroline Silhol (Tamara), Michel Vuillermoz (Jack), Sandrine Kiberlain (Monica), André Dussollier (Simeon), Alba Gaia Bellugi (Tilly)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 26 mars 2014 (en salles)
Nationalité : France
Taille : 1h47
Poids : Budget de 6 M$
Signes particuliers (+) : L’avantage avec Alain Resnais, c’est qu’on est au moins sûrs d’avoir quelque chose de singulier.
Signes particuliers (-) : Alain Resnais manque sa dernière sortie posthume et nous quitte sur une fausse note avec cet « ABC » illustré recyclant avec essoufflement un dispositif et une rhétorique que le metteur en scène a déjà trop souvent creusé. Paresseux et suranné, ce vaudeville théâtral en forme de réunion entre vieux amis à laquelle on se sent peu convié, est d’un minimalisme étouffant la magie du cinéma.
L’ADIEU À LA RESNAIS
LA CRITIQUE
Résumé : Dans la campagne anglaise du Yorkshire, la vie de trois couples est bouleversée pendant quelques mois, du printemps à l’automne, par le comportement énigmatique de leur ami George Riley. Lorsque le médecin Colin apprend par mégarde à sa femme Kathryn que les jours de son patient George Riley sont sans doute comptés, il ignore que celui-ci a été le premier amour de Kathryn. Les deux époux, qui répètent une pièce de théâtre avec leur troupe amateur locale, persuadent George de se joindre à eux. Cela permet à George, entre autres, de jouer des scènes d’amour appuyées avec Tamara, la femme de son meilleur ami Jack, riche homme d’affaires et mari infidèle. Jack, éploré, tente de persuader Monica, l’épouse de George qui s’est séparée de lui pour vivre avec le fermier Simeon, de revenir auprès de son mari pour l’accompagner dans ses derniers mois. Au grand désarroi des hommes dont elles partagent la vie, George exerce une étrange séduction sur les trois femmes : Monica, Tamara et Kathryn Laquelle George Riley emmènera-t-il en vacances à Ténérife ?L’INTRO :
Difficile d’aborder une œuvre posthume dont la disparition récente de son auteur émeut encore les cinéphiles, et à plus forte raison quand il s’agit d’un monument tel qu’Alain Resnais, véritable institution ayant traversé plusieurs décennies de cinéma français en y apposant avec régularité sa griffe et son talent singulier. Difficile surtout d’être juste dans l’exercice, d’être réaliste et de critiquer cette ultime œuvre avec recul et franchise en l’abordant sans affect, pour ce qu’elle est avant tout. Avec Aimer, Boire et Chanter, Alain Resnais adaptait très librement une pièce d’Alan Ayckbourn, sa troisième incursion dans l’œuvre du dramaturge britannique. Devant la caméra, c’est soir de réunion de famille puisque les fidèles sont au rendez-vous, Sabine Azéma comme d’habitude, André Dussolier évidement, Hippolyte Girardot bien sûr, Michel Vuillermoz également… Seule Sandrine Kiberlain faisait office de « bleue » sur le tournage.
L’AVIS :
Il n’y aura pas que ses comédiens fétiches que Resnais aura retrouvé pour Aimer, Boire et Chanter. Il y aura aussi tout un dispositif rhétorique inscrit dans le minimalisme du théâtre filmé, dispositif déjà employé par le cinéaste à plusieurs reprises, et pas plus tard que dans son précédent effort Vous n’avez encore rien vu. Malheureusement, cette tournure de mise en scène qui n’a plus rien d’inventive ou d’originale, s’essouffle sérieusement ici, autant que son imagerie a-cinématographique ne rebute à ainsi défier les codes de la magie du cinéma pour verser dans une autre forme d’art. Si c’est pour faire ainsi du théâtre filmé, on aurait presque envie de dire, pourquoi ne pas monter la pièce directement au théâtre ? Alain Resnais ne propose rien de neuf avec cet ultime baroud d’honneur apparaissant davantage comme un triste adieu paresseux et fade, vaudeville poussif où l’on s’ennuie gentiment devant l’agitation d’un joli monde en roues libres, qui semble s’amuser entre eux dans une réunion d’amis faisant peu cas du spectateur lassé devant une pénible représentation à laquelle il n’est pas vraiment convié. Longuet, peu ludique et sans réelle inspiration, on ne peut s’empêcher de se remémorer les dires des monteurs du film évoquant le fait que le chutier de la table de montage était vide à l’issue du travail de post-production, tout ce qui avait été filmé ayant été gardé au montage final. Une belle erreur à n’en pas douter qui enterre encore un peu plus l’âme d’un film qui a tout de la posture stylistique aux artifices surannés.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux