Seizième numéro du Wall Ciné Pictures, notre rendez-vous « ciné-club » du samedi et ses trois idées de films à voir ou à revoir. Au programme de cette nouvelle escale dans l’histoire du cinéma, Oliver Stone et le football américain, Ken Loach en pleine guerre civile espagnole, et un chef-d’oeuvre malheureux du cinéma japonais.
L’ENFER DU DIMANCHE
D’Oliver Stone – 1999 – 2h25
Genre : Western, Romance – USA
Avec : Al Pacino, Cameron Diaz, Dennis Quaid, James Wood, Jamie Foxx, LL Cool J…
Synopsis : C’est la descente aux enfers pour les Miami Sharks, une équipe de football américain qui subit une série de revers. Pour se maintenir à son poste, l’entraîneur qui commence à être serieusement contesté fait jouer un débutant talentueux. A travers cette fresque sur les enjeux du football americain, le réalisateur dresse un bilan des névroses de l’Amérique.
Quand on parle d’Oliver Stone, on pense tout de suite à JFK, à Tueurs Nés, à Wall Street ou Platoon. Un peu moins à L’Enfer du Dimanche. Et pourtant, dès qu’on l’évoque, il se produit un truc assez bizarre : une irrépressible envie de le revoir, là tout de suite, maintenant, dans l’urgence. Comme un junkie voulant désespérément sa dose. L’Enfer du Dimanche, c’est un portrait acerbe de l’Amérique à travers le football américain, illustré par une mise en scène virtuose et clinquante, par un montage hyperactif, par une B.O. qui dépote… L’Enfer du Dimanche, c’est Al Pacino avant le début de la fin, c’est une Cameron Diaz envoutante et au sommet de sa beauté, et c’est un énorme spectacle mené tambour battant, traversé de scènes d’anthologie. On ne s’en lasse pas.
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LAND AND FREEDOM
De Ken Loach – 1995 – 1h49
Genre : Drame, Guerre – Angleterre
Avec : Ian Hart, Rosana Pastor, Frédéric Pierrot…
Synopsis : A Liverpool, de nos jours. En mettant de l’ordre dans les papiers de son grand-père David qui vient de mourir, Kim découvre son passé de militant anti-franquiste. En 1936, chômeur, il a quitté sa fiancée Kitty pour partir en Espagne défendre ses idéaux républicains. Il rejoint le POUM et fait son apprentissage de milicien avant de monter sur le front en Aragon. Conditions de vie difficiles, affrontements entre les partis : David est désabusé par la tournure des événements…
Land and Freedom n’est pas le film le plus connu du cinéaste britannique et pourtant, c’est l’un des innombrables trésors qu’il a légué au cinéma. Ken Loach délaisse son Angleterre natale le temps d’un film, pour une histoire prenant place dans l’Espagne de 1936. Si la mise en scène manque parfois de souffle et si l’on y déplore quelques longueurs, Land and Freedom est néanmoins une superbe évocation humaniste de la Guerre Civile espagnole. Un drame de guerre intelligent, centré sur l’homme et non sur le conflit en lui-même (d’où quelques imprécisions historiques), analysant comment un idéal peut-être détourné et détruit par des élites pour des raisons politiques. Au fond, Land and Freedom s’applique à montrer comment les espagnols se font fait voler leur Révolution. Du grand Loach et un film difficile à se procurer en France (inédit en Blu-ray et disponible en DVD d’occasion à des prix assez élevés).
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LE GESTE INEXPLIQUÉ DE SUMIKO
De Shigeyoshi Suzuki et Yoneo Ota – 1930 – 2h20
Genre : Drame – Japon
Avec : Keiko Takatsu, Rintarô Fujima, Yôyô Kojima
Synopsis : Parce que son père se retrouve dans l’impossibilité de subvenir à ses besoins à cause d’un terrible tremblement de terre et de l’oppression du régime militaire, Sumiko Nakamura doit quitter le foyer familial pour rejoindre son oncle, qui va la vendre à un cirque ambulant où elle fera la connaissance d’un orphelin avec lequel elle décide de s’enfuir. Séparée de son compagnon de fuite, elle trouve provisoirement un travail comme employée de maison…
Un chef-d’oeuvre méconnu du cinéma japonais et pour cause… Le Geste Inexpliqué de Sumiko a longtemps été considéré comme perdu avant d’être retrouvé… dans une version incomplète, à laquelle il manquait le début et la fin. Compensé par des cartons descriptifs, le film est un mélange de frustration et d’émerveillement cinéphile. Si l’on regrette de ne pouvoir le visionner dans son intégralité, on saura tout de même se régaler de ce qui a pu en être sauvé, à savoir un drame puissant, bouleversant, féministe, nihiliste, à la noirceur sociale terrible. Un film en avance sur son temps, tant dans son écriture que dans sa mise en scène fiévreuse. Magnifique, comme sa déchirante et déchirée Sumiko.
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A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux