Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Une Nouvelle Amie
Père : François Ozon
Date de naissance : 2014
Majorité : 05 novembre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Romain Duris (David/Virginia), Anaïs Demoustier (Claire), Raphaël Personnaz (Gilles), Isild le Besco (Laura), Aurore Clément (Liz), Jean-Claude Bolle-Reddat (Robert)…
Signes particuliers : Sous ses airs de drame sur le travestissement, Une Nouvelle Amie est une sublime réflexion sur l’identité, l’acceptation de soi, la tolérance aux différences, mais aussi sur l’amour, le deuil… Sur plein de choses. C’est probablement ce qui en fait un film aussi riche et fascinant. Du grand Ozon, avec un très grand Romain Duris.
ÊTRE OU NE PAS ÊTRE, TELLE EST LA QUESTION ?
LA CRITIQUE
Résumé : À la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie. L’INTRO :
Pour leur première collaboration au cinéma, le réalisateur François Ozon et le comédien Romain Duris se retrouvent autour d’un sujet fort, adaptation d’une nouvelle britannique de 1985 qui trouve un écho résonnant avec l’actualité sociologique récente de notre société malmenée par les interminables débats autour du mariage pour tous et tout ce qui entourait cette sorte de « tabou » ridicule. Anaïs Demoustier (Bird People), Raphaël Personnaz (Quai d’Orsay) et Isild Le Besco complètent la distribution de ce quinzième film signé Ozon.L’AVIS :
Le travestissement au cinéma n’est pas le seul apanage d’un Pedro Almodovar. En adaptant (très librement) la nouvelle de Ruth Rendell, François Ozon livre un film magnifique sur la liberté et la quête identitaire, sur les voies que tout un chacun trouve pour gagner l’acceptation de soi, sur la tolérance, les préjugés, la différence et le rejet, la diversité et l’adversité, sur le deuil, l’amour… Vous l’aurez compris, Une nouvelle Amie est un film riche en thématiques, et riche tout court. Le cinéaste a toujours attiré par les marginaux, ou plutôt par les personnages dramatiques aux trajectoires marginales. Très récemment encore, on se souvient de son Jeune et Jolie où une adolescente empruntait un chemin peu commun pour expérimenter autre chose que sa petite vie bourgeoise confortable devenue trop étouffante. Avec Une Nouvelle Amie, le réalisateur explore certaines thématiques communes avec toujours cette sensibilité d’une immense justesse, pour livrer un portrait attachant, à la fois mélancolique et lumineux, ne jugeant jamais, préférant comprendre et mettre en valeur la beauté des sentiments profonds, des sensations très personnelles et des ressentis à l’affect bouleversant.A la croisée des genres, Une Nouvelle Amie est un petit bijou de tendresse et de dureté poignante, oscillant entre le drame fascinant, envoûtant même, la comédie aussi, au détour d’une drôlerie de fond qui se marie à la perfection avec une gravité palpable alors que le film, à la narration étrange, audacieuse et surprenante, se pare parfois d’une tension étreignante lorgnant vers le thriller. Mais à grand film, grands comédiens. Et devant sa caméra, François Ozon a pu compter sur la crème de la crème. En premier lieu, un choix courageux, presque à contre-emploi, avec l’une des incarnations de la séduction sympathique à la française. Romain Duris, qui n’en est pas à sa première grande prestation, livre une performance impressionnante à tous les niveaux (dans la puissance émotionnelle comme dans sa transformation physique incroyable), peut-être même l’une des plus belles de sa carrière. Et si elle aurait pu être seulement spectatrice du jeu de son partenaire, l’étoile montante -et comble de la beauté simple- Anaïs Demoustier parvient à exister follement dans ce film illuminé par une grande humanité. Même Raphaël Personnaz, dont le rôle se situe en retrait de ce duo magnifique, parvient à faire vibrer un spectateur conquis. Une chose est sûre, tous mettent énormément de conviction et d’abnégation dans leur personnage, relevant des challenges hautement difficiles.Une Nouvelle Amie est de ces films qui trouvent un équilibre improbable, une grâce sublime qui relèverait presque du pari perdu d’avance. En maestro virtuose, Ozon s’inscrit une fois de plus quelque part entre la pudeur relative et la frontalité respectueuse, offrant un éclatant portrait de femme, d’homme, un portrait d’être humain tout simplement, où les minorités dépassent leur carcan pour pénétrer une espace fédérateur capable de parler à tout le monde, à moins d’être résolument obtus de nature. Le genre d’œuvre dont on pourrait parler encore et encore tant elle appelle les questions, les discussions, tant sociologiquement, sa richesse force la porte de son seul sujet pour embrasser des réflexions plus grandes et générale, avec une noblesse admirable.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux