Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Boy Next Door
Père : Rob Cohen
Date de naissance : 2014
Majorité : 20 mai 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de famille : Jennifer Lopez (Claire), Ryan Guzman (Noah), Ian Nelson (Kevin), John Corbett (Garrett), Kristin Chenoweth (Vicky), Lexi Atkins (Allie), Hill Harper (le proviseur), Jack Wallace (Mr Sandborn)…
Signes particuliers : Le fameux « thriller érotique avec Jennifer Lopez » promis par Jason Blum l’an passé, est arrivé. On peut dire que Rob Cohen nous a vraiment gâté sur ce coup-là, on en rigole encore.
THE MILF NEXT DOOR
LA CRITIQUE
Résumé : Une mère, récemment divorcée, a une aventure avec un jeune homme de son quartier. Quand ce dernier sympathise avec son fils et qu’elle décide de mettre fin à leur relation, les problèmes commencent… L’INTRO :
Le producteur successfull Jason Blum l’avait annoncé il y a un petit moment déjà, sa société Blumhouse Productions comptait bien se « diversifier » au-delà de sa production massive de séries B horrifiques qui cartonnent (Paranormal Activity, Sinister, American Nightmare). Au programme, un film de SF Hasbro et surtout un « thriller érotique avec Jennifer Lopez ». Double réaction. « Miam, miam » dans un premier temps, suivi d’un plus réfléchi « pourquoi pas, à voir ». On n’aura pas eu à attendre bien longtemps. Quelques mois plus tard, vite fait bien fait, The Boy Next Door, ledit thriller érotique avec la star J-LO, était fin prêt pour envahir les salles et s’avèrera un honorable succès au pays de l’Oncle Sam. Et même s’il sort des sentiers du genre, cette nouvelle production est pourtant du pur Blumhouse dans l’âme, à savoir une petite série B divertissante reposant sur un pitch simple mais efficace. En gros, une mère semi-célibataire ultra-canon, un nouveau voisin post-ado-beau-gosse à tendance Marlon Brando version discount, les t-shirt blancs saillants qui vont de pair, et une attraction sexuelle aussi insoutenable qu’inexplicable. Une soirée un brin alcoolisée, une tension érotique incontrôlable et patatras, c’est l’erreur. Passée cette nuit torride, le jeune garnement « so sexy » aux boxeurs moule-burnes et aux sourires qui font de l’œil, va harceler la belle « milf » en chaleur, qui regrette déjà d’avoir eu la faiblesse de céder à ses basses pulsions qui lui chatouillaient la culotte. À la baguette de cette affaire mi-angoissante mi-aguicheuse, Rob Cohen, ex faiseur-tâcheron derrière les sympathiques Cœur de Dragon, Daylight et le premier Fast and Furious, reconverti depuis en créateur de bouses, coupable du florilège xXx, Furtif, La Momie 3 ou Alex Cross…L’AVIS :
Bon… Par quoi commencer… Il faut dire qu’avec son navet à tendance ridiculo-rigolo, Rob Cohen est tellement généreux qu’il nous laisse l’embarras du choix. Rares sont ces films dont on a la teneur en cinq minutes top chrono. Avec Un Voisin trop Parfait, l’inénarrable Rob fait mieux et bas tous les records de temps de passage. En une minute, on sait déjà à quoi s’en tenir. On sait déjà que l’on va devoir subir 1h30 durant, un thriller soft-érotique digne des téléfilms d’après-midi M6. En un tout petit peu plus luxueux mais en tout aussi navrant. En gros, Un Voisin trop Parfait vient se ranger quelque-part à l’intersection entre les vieux Hollywood Night (pour les nostalgiques des samedis soir télé sur TF1) et ces DTV ricains que l’on peut dénicher au choix, dans les bacs promo à 1€ chez Auchan ou en prime time la semaine sur RTL9. Le seul point sur lequel Rob Cohen atteint l’excellence, c’est dans sa capacité à délivrer des couches de ridicule furieusement hilarant. Un Voisin trop Parfait enchaîne frénétiquement les scènes tragiques au too much tellement surréaliste, que du thriller de série B couillon mais distrayant, on dévie lentement mais sûrement vers le nanar impayable qui réussit à faire passer un bon moment de rigolade… sans le vouloir. C’est tout le problème.Le scénario ? Visiblement pondu au dos d’un roi de pic lors d’une partie de belote au bord de sa piscine par un scénariste bourré en pré-vacances, le script de Un Voisin trop Parfait empile des clichés tellement grotesques, qu’on en viendrait presque à se demander s’ils ne seraient pas fait exprès pour se payer la tête du producteur, qui malheureusement a pris la blague idiote au sérieux et a décidé de financer la chose. Dans le désordre, on a donc droit à la mère au bord du divorce avec son crétin de mari coureur de jupons et passionné de grosses bagnoles vrombissantes, mère accessoirement prof de littérature anglaise tellement sexy qu’elle semble tout droit sortie des pages d’un magazine Playboy (rien à voir avec les mégères austères à chignon ce que vous pourrez trouver au lycée du coin). Dans sa belle banlieue calme peuplée de voisins gentils, elle élève seule son ado de fils, brave neuneu tête de turc des racailles du coin, ado évidemment malade, ça rajoute un peu d’empathie, ça fait bien, et ça peut servir aux ressorts dramatiques. Une mère qui se balade chez elle, son verre de vin rouge à la main, dans des nuisettes atomiques, cheveux mouillés et tonne de gloss sur les lèvres histoire d’allumer… le frigo ? La table de la cuisine ? Ou peut-être la panière de linge sale, on ne sait pas trop. Bref, elle est affriolante et Rob Cohen en profite pour la reluquer dans tous les sens avec des cadrages improbables digne d’un clip de Rihanna. A côté, le jeune beau-gosse voisin, qui débarque « parce que ses parents sont morts » et qui est tellement gentil qu’il vient aider son vieil oncle malade. La quintessence de la caricature de l’éphèbe irréel, qui sait tout faire, qui bricole, qui est doué en littérature, qui est serviable et poli, qui a un sourire ravageur et l’œil qui pétille, qui fait de la boxe, qui conduit un gros 4×4 rutilant, sans doute proportionnel à la taille de… Bref.Et pour incarner ce joli monde, il fallait un casting. Et quel casting ! A notre gauche, une J-LO (ultra-méga-giga-retouchée par Photoshop au point que ça en devient risible) qui ferait mieux de retourner faire du booty shake sur scène plutôt que de nous faire gober qu’elle peut être une « comédienne » crédible (Ok, elle se défendait dans U-Turn et Hors d’atteinte mais bon). A notre droite, la courgette trop cuite Ryan Sexy Dance Guzman, aussi expressif qu’une serpillère mal essorée et atteint de déficience en charisme aggravée. On nage en plein dans une sorte de dimension parallèle cauchemardesque ou Kev Adams serait le nouveau Pacino et Miley Cyrus la résurrection de Marilyn Monroe. Imaginez le tableau. Un tel niveau d’acting entre cabotinage grotesque et non-jeu qui l’est tout autant, relève de la prouesse machiavélique visant à nous torturer les globes oculaires et à nous faire saigner les tympans. Sans doute tout fier de son thriller hitchcockien en toc (l’ennui étant qu’il n’est pas l’ombre du petit orteil de maître Hitch), Rob Cohen accouche d’un navet grandiose ne reculant devant rien et certainement pas devant la honte. Entre ses scènes dignes d’une mauvaise péloche érotique filmant les muscles en sueur de sa nouille-étalon comme dans une pub Coca Cola des années 90, et celles où Jennifer Lopez est à deux doigts de la caricature d’un shooting pour de la lingerie coquine, Un Voisin trop parfait est un éternel pouffement de rire, d’abord contenu, avant que cela ne devienne totalement impossible. Photographie épouvantable, écriture à mi-chemin entre la fiction télé fainéante et la série B à deux neurones et demi, réalisation nanardisante, incohérences de sa vision artistique (thriller à deux roupies ne sachant pas s’il doit rester sage ou pas, hésitant à verser vraiment dans le soft maxi-cul à la Fifty Shades autant qu’il peut être capable de partir en vrille au détour de pointes furtives de gore venues de nulle part)… On finit par être étourdi par ce navet qui ne méritait franchement pas mieux qu’une sortie en DTV. Le naufrage aurait été plus discret.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux