Mondociné

UGLY de Anurag Kashyap
Critique – Sortie DVD

Partagez cet article
Spectateurs

079705.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 6 -10
Carte d’identité :
Nom : Ugly
Père : Anurag Kashyap
Date de naissance : 2013
Majorité : 03 février 2015
Type : Sortie en DVD
(Edité par Blaq Out)
Nationalité : Inde
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Thriller, Policier, Drame

Livret de famille : Ronit Roy (Bose), Tejaswini Kolhapure (Shalini), Rahul Bhat (Rahul Varshney), Anshikaa Shrivastava (Kali), Vineet Singh (Chaitanya), Girish Kulkarni (Jadhav), Surveen Chawla (Rakhi), Siddhant Kapoor (Siddhant)…

Signes particuliers : L’autre visage du cinéma indien, l’autre visage de l’Inde, aussi. Ugly cristallise tout son sujet dans son titre.

LOIN DES BLUETTES MUSICALES BOLLYWOODIENNES

LA CRITIQUE

Résumé : Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombai. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît…UGLYL’INTRO :

On a généralement du cinéma indien, une image essentiellement emberlificotée dans les vastes drama musicaux chers à Bollywood. C’est à en oublier qu’il existe un autre cinéma indien, radicalement opposé, plus ou moins débarrassé du folklore traditionnel et proposant des œuvres, certes typiquement indiennes, mais aux histoires plus modernes et variées, capable de bouger les lignes pour s’aventurer dans des genres identifiables. Ugly, du cinéaste Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur – découvert à Cannes en 2012), est de celles là. Un peu comme le récent Micmac Masters de Nalan Kumarasamy, distribué en salles en novembre dernier. Si ce dernier lorgnait vers le thriller comique, Ugly est davantage un drame policier à la noirceur aussi surprenante que frappante. Présent sur la croisette en 2013, Ugly s’est également illustré au Festival du Film Policier de Beaune ou encore à Deauville Asia en 2014, dont il sera reparti avec le Lotus d’or.323024.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’AVIS :

Le nouveau film de Anurag Kashyap est une œuvre éperdument sombre, livrant une image peu reluisante de la société indienne et de ses sujets. Qui produit quoi, c’est un peu le principe de l’œuf et de la poule. La société indienne étouffante et décrépie, créée t-elle un monde faits de pourris et de minables ou est-ce que ce sont ces pourris et ses minables qui font la société indienne d’aujourd’hui ? Sans chercher à apporter de réponses définitives, Ugly est avant tout le constat désabusé d’un monde horrifiant et sans lumière. Loin de l’imagerie d’une Inde chaleureuse, parfumée et colorée, Kashyap explore l’autre face de son pays, celle des bas-fonds sordides où chacun à son niveau, est responsable de son malheur et de celui des autres, entre ressentiment, jalousie, égoïsme et vice fermement implanté dans la peau. Des personnes cupides et sans morale à des parents irresponsables, en passant par une police abonnée à la corruption (une thématique récurrente dans cet autre cinéma indien, déjà au centre de Micmac Masters)… Tout l’univers de Ugly est dans le titre. Et il est moche, miséreux, cynique, représentatif d’une certaine idée de l’enfer terrestre vomitif.ugly7dec25Construit sur les bases d’un scénario simple mais rendu complexe, pas toujours facile à appréhender, mais intelligemment ciselé dans sa construction sinueuse entremêlant présent et passé, Ugly déploie avec maestria stupéfiante sa trame de thriller policier fermement dramatique, où l’espoir est une notion sacrifiée sur l’autel de la médiocrité humaine. Certains pourront avoir du mal avec cette absence totale de lumière mais le portrait sociétal est édifiant, doublé d’une haletante course-poursuite pour retrouver une fillette kidnappée. Le chronomètre tourne, tout le monde s’agite dans une désorganisation aussi stupide qu’improductive et le summum de la noirceur explose lorsque le véritable terrain de fond de l’histoire, la disparition de cette gamine, finit par devenir comme un vague décor de fond masqué par les règlements de compte, les bassesses et l’égoïsme de protagonistes ramenés à leur petitesse. Un coup de poignard planté avec colère dans le dos d’une Inde présentée comme un pays où le principal dysfonctionnement, est l’absence de cohésion de ses citoyens face à des sujets qui devraient être dominants mais qui se retrouvent tristement relégués en arrière-plan après avoir perdu sa bataille face à l’égoïsme patenté et nombriliste.uglydec25Si Ugly est dans le fond une puissante parabole acerbe sur un mal être social, tel un miroir tendu devant la figure d’une société indienne poisseuse, il n’en reste pas moins pour autant un sacré polar exigeant et mené avec une certaine conception de la rage cinématographique. Un peu maladroit dans sa volonté de jouer avec le spectateur au point de se prendre parfois les pieds dans le tapis d’une narration manquant de clairvoyance et d’intensité, et amenuisant sa force éprouvante en tâtonnant pour chercher des portes de sorties à son canevas enfermé dans un style à l’indienne un peu brouillon, reste une œuvre douloureuse et foisonnante, portant le vice à haut degré d’horreur dramatique. Et au détour de quelques fulgurances formelles ou narratives, Anurag Kashyap surprend souvent par sa frondeuse radicalité à l’audace dévastatrice.

LES BONUS

Un mot des suppléments. Blaq Out complète cette sortie hautement intéressante, avec une interview du réalisateur Anurag Kashyap qui revient sur son film. Notons également que le film est proposé en version originale hindi avec sous-titres français (ainsi que pour sourds et malentendants). Côté son, deux possibilités avec le choix du Dolby Digital 2.0 ou du Dolby Digital 5.1.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

Capture d’écran 2015-02-04 à 16.09.25

Capture d’écran 2015-02-04 à 16.09.44

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux