[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Revenge
Mère : Coralie Fargeat
Date de naissance : 2018
Majorité : 07 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de famille : Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe…
Signes particuliers : Un rape & revenge qui passe à côté de son truc.
I SPIT YOUR GRAVE IN THE DESERT
LA CRITIQUE DE REVENGE
Résumé : Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres… Les choses dérapent… Dans l’enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie… Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l’homme…
À la rédaction, on aime défendre le cinéma de genre français. Parce qu’il ne mérite pas le bashing dont il est souvent victime, parce qu’il faut un bonne dose d’audace pour aller s’y frotter dans une industrie hexagonale trop généralement polarisée par les comédies populaires et les drames sociaux, et enfin parce qu’il est important de l’épauler pour qu’il puisse vivre et pour que l’on ait le droit d’espérer voir émerger un jour, une vraie culture du cinéma de genre semblable à celle que l’Espagne a pu connaître il y a quelques années. Malheureusement, défendre le cinéma de genre français en caressant un doux rêve ne veut pas dire défendre tout et n’importe quoi. Et pour le coup, Revenge a beau être une tentative courageuse, le film de Coralie Fargeat est avant tout un bon gros ratage symptomatique des progrès que l’on a encore à faire en France.
Empruntant le sillon très fréquenté du rape & revenge féministe destiné à dénoncer la misogynie crasse des hommes et les violences faites aux femmes, Revenge transpire la complaisance et l’hypocrisie. Coralie Fargeat n’hésite pas à balader sa caméra racoleuse sur le corps de sa nymphette incendiaire en p’tite tenue (belle et prometteuse Matilda Lutz). Un moyen d’illustrer le regard inapproprié des hommes sur le corps des femmes ? Mouais… Ou plutôt un moyen de satisfaire les fans du genre intimement désireux de retrouver l’éternel cocktail de sexe et de violence qui traîne dans le sillage d’une bimbo dont le sex-appeal n’a d’égale que la rébellion soudainement badass et enragée qu’elle enclenche après avoir été violée par un gros beauf complètement con, meilleur ami de son amant qui ne trouve rien de mieux que de la balancer du haut d’une falaise pour étouffer l’affaire. Et Revenge de n’apporter rien de neuf par rapport à un I Spit on your grave pour ne citer que lui. Sauf qu’à la différence du film-remake de Steven Monroe, le « bidule » mal branlé de Coralie Fargeat s’enlise dans le grotesque au lieu de s’appliquer et d’assumer son efficacité. La seule chose que l’on ne pourra pas reprocher à la réalisatrice, c’est le soin accordé à son image. La où bien des films auraient pu payer une esthétique cheap assassine, force est de reconnaître que Revenge est globalement propre, soigné dans sa photo, ses cadrages, son image, et par à-coups sa mise en scène. Le film aurait même pu gagner des points s’il ne se viandait pas derrière comme une grosse patate ayant glissé sur une flaque d’huile, du genre à vous péter le coccyx, 4 côtes et la hanche.
D’abord, il y a le scénario, crétin au possible, improbable, peu original et maladroit, hésitant sans cesse le rape & revenge pur et dur et un espèce de fantastique what the fuck à la The Crow qui a vite fait d’égarer le spectateur dans son portnawak, sauf si celui-ci baigne dans des vapeurs d’opium. Suit la mise en scène, qui confond souvent efficacité trash et vulgarité gratuite, appuyant des plans gores qui n’en ont nullement besoin, au risque de franchir la frontière qui sépare le viscéral frissonnant de la vaste rigolade ridicule. Et enfin, il y a ce message… Ce message que Coralie Fargeat brandit comme le fer de lance dirigeant son entreprise. Un propos traité avec une telle stupidité crasse qu’il s’annule de lui-même au lieu de faire effet. Chez elle, les clichés sont à la fois légion et décrédibilisant, et alors que le film veut dénoncer certains stéréotypes, il le fait en s’écroulant au milieu d’eux ou en en créant d’autres tout aussi stupides et contre-productifs. Dans Revenge, les archétypes masculins sont au choix, soit des gravures de mode cachant de véritables enfoirés finis au cynisme, soit de bons gros beaufs vils, vicelards et complètement idiots. Et les femmes ? Des proies belles, sexy, stupides mais capables de se réveiller pour se venger. Le manichéisme de la chose est consternant et pas sûr que l’image de la femme sorte grandie de cet écrin racoleur. Il aurait presque pu passer inaperçu (et aurait ainsi évité au film de sombrer dans l’embarras) s’il n’était pas le fondement ultime d’un récit déjà plombé par son écriture absurde.
BANDE ANNONCE :
Par David Huxley