Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Patients
Père : Grand Corps Malade
Date de naissance : 2016
Majorité : 1er mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Franck Falise, Nailia Harzoune, Yannick Renier, Jason Divengele, Rabah Aït Ouyahia…
Signes particuliers : Sur un sujet lourd et tire-larmes, Grand Corps Malade signe une comédie dramatique bouleversante et lumineuse.
LA CRITIQUE DE PATIENTS
Résumé : Se laver, s’habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens…. Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s’engueuler, se séduire mais surtout trouver l’énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l’histoire d’une renaissance, d’un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul. On le connaissait auteur ou chanteur, on le découvre aujourd’hui réalisateur. Patients est le premier long-métrage de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade. Le célèbre slammeur adapte à l’écran son roman autobiographique éponyme, dans lequel il racontait son année passée en centre de rééducation après un terrible accident, période charnière de sa vie entre moments de joies et moments de peine, amitiés, déceptions et galères, grandes victoires et petites défaites, difficultés, amour, renaissance et lutte contre un corps brisé. Véritable coup de cœur aux festivals des Arcs et de Sarlat, Patients n’est pas un drame au sujet glauque, il n’est pas un effort nombriliste et autocentré, ou le fruit d’un besoin de psychothérapie libératrice. Patients est une comédie dramatique aussi drôle qu’émouvante, une petite réjouissance au sujet grave, mais qui n’a de cesse de chercher une seule et unique chose : la lumière à travers les ténèbres.
Pour son premier effort en tant que scénariste et metteur en scène (même s’il a été épaulé aux deux postes), Grand Corps Malade signe l’une des petites pépites de ce premier trimestre au cinéma. Patients est un film chaleureux, un film intimiste ouvert sur un monde tragique, duquel il extirpe des moments d’authenticité tour à tour drôles ou poignants. Compilant souvenirs et anecdotes vécues, l’artiste polyvalent livre un hommage à ces êtres abîmés qu’il a pu côtoyer, et à travers eux, c’est davantage un film sur la vie que sur l’horreur qu’il porte à l’écran. Animé par une bienveillance qui émeut à chaque seconde, Patients est sincère, humble, et c’est sans doute grâce à ce regard tendre, que l’on s’attache autant à ces jeunes protagonistes au destin cruel, fauchés en plein vol alors que la vie leur tendait les bras. Désormais, ils sont assistés. Pour se laver, s’habiller, manger, aller aux toilettes ou même téléphoner. Mais pas question de s’enfermer dans l’apitoiement. Pour eux, le combat ne fait que commencer, celui pour apprendre à vivre autrement, pour apprendre à vivre comme des handicapés.
Refusant le pathos comme ligne directrice, Grand Corps Malade aura surtout voulu mettre en lumière la formidable force de caractère de ces jeunes devenus ses amis d’un temps. Il a surtout voulu mettre en lumière leur volonté de se battre, la solidarité qui unit ces pensionnaires dans l’épreuve. Ils rient, ils s’entraident, ils se motivent, se soutiennent, s’aiment. Ensemble, ils auront dû apprendre la patience, ce mot terrible quand on est tétraplégique, avec des issues aléatoires pour chacun. Dans Patients, la caméra déambule dans les couloirs de ce centre replié sur lui-même et petit à petit, la sensation de huis-clos étouffant s’effrite. Car derrière ces murs abritant des cauchemars, il y a beaucoup plus de vie qu’on ne veut bien l’imaginer. Après tout, c’est bien tout ce qu’il reste quand on a échappé de peu à la mort. Sur la forme, Grand Corps Malade et son coréalisateur Mehdi Idir, ont opté pour une mise en scène pudique, qui s’invite dans des instants sans jamais être intrusive, qui parvient à capter des ressentis sur la foi de petits instants poignant de véracité. Progressivement, le cadre autistique de départ s’ouvre, lentement mais sûrement, à la mesure des progrès effectués. Le tandem jouera d’ailleurs beaucoup sur le cadre, sur l’espace, sur le temps, notions que ces jeunes héros en fauteuil doivent réapprendre, différemment.
Mais plus que tout, Patients est une belle présentation et réflexion autour du handicap. Doit-on résumer ces êtres écorchés à ce seul état ? Doit-il les définir ad vitam eternam en tant que personne ? Non. Tous ont une histoire, un passé lourd et un nouvel avenir à redessiner. Tous ont des rêves et des espoirs, qu’ils vont devoir réviser autrement. Mais tous sont avant tout des êtres humains, peut-être différents sur « la forme », mais pas sur le fond. Et Patients de le rappeler avec une humanité à la fois frontale, personnelle et universelle. Dans le monde de Grand Corps Malade, on pleure, on rit, mais avant tout, on partage. Des comédiens à l’écriture en passant par les choix de mise en scène, Patients sonne toujours juste. Un reproche ? Peut-être un petit quart d’heure en trop. Mais rien de grave, tant la balade est puissante, rieuse et émouvante, de ces modestes coups de cœur que l’on apprécie à leur juste valeur.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux