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OH LUCY ! d’Atsuko Hirayanagi : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Oh Lucy!
Mère : Atsuko Hirayanagi
Date de naissance : 2017
Majorité : 31 janvier 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Japon, USA
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: Comédie dramatique

Livret de famille : Shinobu Terajima, Josh Hartnett, Koji Yakusho, Shioli Kutsuna…

Signes particuliers : Drôle et émouvant, un très joli film.

LA BALADE DES GENS TAISEUX

LA CRITIQUE DE OH LUCY !

Résumé : Setsuko mène une vie solitaire et sans saveur à Tokyo entre son travail et son appartement, jusqu’à ce que sa nièce Mika la persuade de prendre sa place à des cours d’anglais très singuliers. Cette expérience agit comme un électrochoc sur Setsuko. Affublée d’une perruque blonde, elle s’appelle désormais Lucy et s’éprend de John son professeur ! Alors, quand Mika et John disparaissent, Setsuko envoie tout balader et embarque sa sœur, dans une quête qui les mène de Tokyo au sud californien. La folle virée des deux sœurs, qui tourne aux règlements de compte, permettra-t-elle à Setsuko de trouver l’amour ?La genèse de Oh Lucy ! remonte à un travail universitaire de la réalisatrice Atsuko Hirayanagi, qui avait écrit un long-métrage devenu au final un court. Mais il perdurait une petite frustration, celle d’avoir l’impression que ce voyage avait plus à dire que les 22 minutes alors livrées. Trois ans plus tard, Oh Lucy ! est devenu plus grand, différent, plus long et plus riche.A travers cette balade gentiment farfelue, Atsuko Hirayanagi a voulu rendre hommage à ces taiseux qui reste dans l’ombre, avouant qu’en matière de cinéma, les timides silencieux sont ceux qui ont le plus à dire car on peut imaginer ce qu’ils feraient s’ils prenaient la parole en rejetant leur personnalité discrète. Oh Lucy ! s’organise autour d’une femme effacée en façade mais qui bouillonne d’envie de s’exprimer dans le fond, une femme désireuse d’exister et d’être entendue, dont le désespoir affectif et social est masqué par une profonde mélancolie, une solitude devenue comme une seconde peau, et une manière de traverser sa vie tel un fantôme plutôt que de la vivre vraiment. Ce décalage entre le souhait d’exister et l’effacement impuissant est le thème principal d’un film à la fois drôle, piquant, terrible et bouleversant, qui peint le portrait d’une souffrance et d’une amère réalité de tristesse insondable.Plus qu’une comédie dramatique, Oh Lucy ! est un vrai drame teinté de touches comiques, ou une comédie désespérée fondée dans le drame existentiel. Les deux directions coexistent à égale présence et s’entraident dans une œuvre qui transpire la sincérité, la justesse et la volonté de sublimer des sentiments difficiles à exprimer. À travers le portrait de cette « Lucy » d’emprunt, fruit d’un travail sur soi pour changer d’identité et de personnalité, Oh Lucy ! parle des masques qui tombent quand l’espace offre l’opportunité de s’extraire du carcan de l’invisible. Lucy veut vivre à nouveau, Lucy veut exister aux yeux du monde, et son voyage personnel, filmé avec un intimisme à hauteur d’humanité, sera aussi tragique que magnifique. L’interprétation magistrale de Shinobu Terajima achève de propulser Oh Lucy ! au rang de petite œuvre accomplie, positive et armé d’un cœur énorme.

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Par Nicolas Rieux

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