Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Ni le Ciel ni la Terre
Mère : Clément Cogitore
Date de naissance : 2015
Majorité : 03 février 2016
Type : Sortie vidéo
(Editeur : TF1 Vidéo)
Nationalité : France, Belgique
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Guerre, Fantastique
Livret de famille : Jérémie Renier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud, Marc Robert, Finnegan Oldfield, Sâm Mirhosseini…
Signes particuliers : Un pari audacieux, un essai transformé.
VOYAGE AUX CONFINS DE L’IRRATIONNEL
LA CRITIQUE
Résumé : Afghanistan 2014. A l’approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan.Malgré la détermination d’Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper.Une nuit, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.L’INTRO :
Le cinéma français est traditionnellement aussi fragile que frileux devant les tentatives notablement audacieuses sortant des sentiers battus du mainstream ou du carcan d’un certain cinéma d’auteur. Et Ni le Ciel ni la Terre a pourtant réussir à voir le jour, on ne sait trop comment, alors qu’il n’est ni l’un ni l’autre, quelque part aux confins d’une frontière aussi mince qu’une feuille de papier. Il fallait oser de tenter le pari d’un film fantastique prenant comme cadre, la guerre en Afghanistan et les postes de surveillance avancés en territoires hostiles, avec comme façade première, le quotidien d’un régiment de bidasses éloigné de tout au milieu de montagnes désertiques effrayantes. Courageux, le plasticien qu’est Clément Cogitore, n’a pas eu peur de se confronter à cet exercice délicat, qui avait pourtant tous les airs du projet fou et suicidaire. Grand bien lui en pris, Cannes ou les César ont su porter attention à un long-métrage à bien des égards, passionnant.L’AVIS :
On pourra sans douter reprocher tout un tas de choses à Ni le Ciel ni la Terre mais certainement pas d’avoir au moins essayé d’aborder la thématique du deuil au cinéma, d’une manière originale et différente. Clément Cogitore explique avoir voulu signer une sorte de « polar métaphysique pour parler de la disparition, traiter du deuil par l’irrationnel. » Et le résultat en est formidablement fascinant. A la fois thriller lent, parfois même contemplatif, mais néanmoins sans cesse soutenu par une tension palpable et une atmosphère inquiétante happant le spectateur dans un univers aussi crédible que mystique, Ni le Ciel ni la Terre ne passe pas loin de l’exercice brillant par sa propension à entremêler le fantastique pur et dur et le drame de guerre psychologique réaliste. Souvent à cheval sur une étroite frontière, à la fois propulsée par l’incroyable maîtrise de son « énigmatisme » et par la justesse de sa peinture d’un régiment en pleine descente aux enfers tourmentée, Ni le Ciel ni la Terre est un abandon total tutoyant la folie, l’envoûtant, questionnant le rationnel et l’irrationnel en se jouant des codes du visible et de l’invisible. La finesse de cette entreprise périlleuse alimentée par une intense cinégénie et un scénario d’une redoutable intelligence philosophique, s’essouffle un peu sur la longueur, mais il conserve presque tout du long son pouvoir intrigant, sa maîtrise formelle implacable, sa subtilité envoûtante et ses extraordinaires ambitions de fond, lui permettant de dépasser le statut d’écran de fumée tournant à vide pour s’ériger en œuvre marquante, tellurique et magnétique.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux