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MAN OF TAI CHI de Keanu Reeves
Critique – Sortie DVD/Blu-ray

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Spectateurs

21012507_20130614100429318.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 6.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Man of Tai Chi
Mère : Keanu Reeves
Date de naissance : 2013
Majorité : 23 septembre 2014
Sexe : DVD, Blu-ray, VOD
Nationalité : Chine, HK, USA
Taille : 1h45
Poids : 25 millions $

Livret de famille : Tiger Hu Chen (Chen), Keanu Reeves (Donaka), Karen Mok (Sun Jingshi), Simon Yam (Wong), Iko Uwais (Gilang), Sam Lee (Tak Ming), Silvio Simac (Uri)…

Signes particuliers :  Pour une première réalisation, l’acteur Keanu Reeves réussit haut la main son affaire avec une série B de tradition, bel hommage rendu au cinéma d’arts martiaux chinois et hongkongais. Un hommage si sincère, qu’il parvient même à faire oublier qu’il est en grande partie américain. Quelque part à mi-chemin entre du Donnie Yen et du Yuen Woo-Ping. Un vrai plaisir.

 

EVERYBODY WAS KUNG FU FIGHTING

LA CRITIQUE

Résumé : Tiger, un talentueux combattant de Tai Chi, livreur en dehors du ring, se voit offrir des combats excessivement rémunérés par un riche entrepreneur à Hong-Kong. Pour sauver le temple de son maître et faire reconnaître le Tai Chi comme discipline de combat, le jeune Tiger ferme les yeux sur la légalité de ces rencontres et tombe sous le joug de Donaka Mark, son étrange et mystérieux bienfaiteur.048259.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’INTRO :

Et si à l’instar d’un Ben Affleck, Keanu Reeves se révélait finalement meilleur réalisateur qu’il ne peut-être acteur ? Celui dont on a souvent moqué la faiblesse de l’étendue de sa palette de jeu, généralement coincée entre la présence détachée sans émotion et le minimalisme dialogué, s’essaie pour la première fois de sa carrière à l’exercice de la mise en scène avec Man of Tai Chi, une coproduction sino-américaine tournée en Chine, en partie en mandarin et cantonais, avec des comédiens asiatiques (Karen Mok, Simon Yam, Sam Lee ou l’indonésien Iko The Raid Uwais…) et sur la base d’une histoire prenant racine dans l’esprit même des arts martiaux de l’Empire du Milieu. Un premier long-métrage qu’il aura porté pendant de longues années et qui s’avère finalement logique pour un comédien depuis toujours passionné par la Chine, sa culture, ses disciplines martiales, son histoire ou sa spiritualité comme le Bouddhisme…21022893_20130726124517289.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’AVIS :

Si l’on pouvait craindre une énième incursion du cinéma hollywoodien dans la culture chinoise avec les dangers d’une récupération crasse à des fins d’actioner débilitant affichant une profonde méconnaissance de son sujet comme cela s’est déjà vu mille fois, c’était sans compter sur un Keanu Reeves qui se révèle bel et bien metteur en scène respectueux et humble face à lui et les thématiques qu’il engendre. Man of Tai Chi n’a à l’arrivée presque rien du film américain énervant que l’on était en droit de redouter avec la présence d’un puissant studio agitant ses ailes autour du projet, l’acteur désormais réalisateur ayant eu semble t-il les coudées franches pour s’abandonner totalement à son sujet, avec un amour passionné pour son esprit, ses mythes et ses traditions. Séduisant de part en part, Man of Tai Chi surprendra les connaisseurs en cela qu’il ressemble davantage à une authentique série B martiale chinoise, plutôt qu’à une vaine production hollywoo-ricaine insipide et réductrice.man of tai chiBien entouré de collaborateurs de talent connus à l’époque de Matrix, entre un Yuen Woo Ping qui vient officier aux chorégraphies et le méconnu mais dont on sera sans doute amener à reparler Tiger Hu Chen (coach sportif de l’acteur sur la saga SF des Wachowski) qui endosse ici le premier rôle pour y démontrer ses aptitudes d’artiste martial hallucinant, Man of Tai Chi est une étonnante et agréable surprise à tous les égards. Surprise au niveau d’un récit bien implémenté aux valeurs de l’art du Tai Chi, mis à l’honneur par une histoire nourrissant et illustrant les différentes facettes et la philosophie de cette noble discipline dont les techniques de combat redoutables sont traditionnellement adossées à des valeurs supérieures de méditation ou d’introspection spirituelle. Surprise même de voir le film dessiner comme une réflexion maligne derrière son côté entertainement bis, sur la façon dont l’Occident essaie de pervertir la beauté et la philosophie des disciplines martiales séculaires en opposition avec ce à quoi on cherche à les résumer. Surprise également au niveau d’une mise en scène étonnamment soignée et mature, que ce soit dans les séquences empreinte de sérénité martiale ou celles plus musclées lorsque l’action l’exige, prouvant sa capacité à se transcender pour conférer au meilleur de l’épique made in china au détour de combats rudes, brutaux et virtuoses. Enfin surprise de découvrir un film littéralement jouissif, surclassant les attentes placées en lui et respectueux des codes de l’industrie cinématographique locale en matière de genre.21021916_20130723142448005.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxComme nombre de premiers films, Man of Tai Chi cumule quelques petites maladresses, un script assez linéaire, quelques tâtonnements stylistiques, un travail sonore décevant, des seconds rôles souvent réduits à leur seule fonctionnalité narrative… On pourrait également pointer du doigt Keanu l’acteur, qui s’offre pour la première fois de sa carrière un pur rôle de bad guy rêvé mais de fait, accroît encore davantage la légendaire mono-expressivité de son jeu. Toutefois, les belles qualités de l’exercice l’emportent haut la main sur les éventuels défauts. Keanu Reeves livre un film d’action de bonne facture aux affrontements spectaculaires et à la dynamique intéressante, rarement abrutissante malgré la facilité générale de l’histoire. Toutes les qualités (et les défauts aussi) du cinéma auquel il se rattache sont présents dans un bon et modeste moment de cinéma intelligemment fait dans son approche d’ancrage à une culture. Une seconde réussite pour le comédien, à coupler avec celle de 47 Ronin de Carl Erik Rinsch dans lequel il joue seulement, mais qu’il aura participé de porter de bout en bout alors que le résultat est fascinant de respect vis-à-vis des codes du cinéma japonais cette fois-ci. Pour un premier effort de réalisation, le comédien s’offre une respectabilité inattendue, qui malheureusement aura peut-être de trop déconcertée aux Etats-Unis, le film ayant essuyé un flop suite à une sortie scandaleusement technique. Dans tous les cas, on ne peut que l’encourager à poursuivre dans cette fois car ce Man of Tai Chi n’est peut-être parfait mais il est fort réussi.

Le Test Blu-ray : Pas grand-chose à dire au niveau technique. Côté son comme côté image, la galette numérique assure un boulot tout ce qu’il y a de plus propre, avec du Dolby Digital 5.1 et une haute définition tout à fait satisfaisante, permettant de (re)découvrir le film dans d’excellentes conditions. Seul point faible de cette édition, l’absence étonnante de bonus.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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