[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Le Vent Tourne
Père : Bettina Oberli
Date de naissance : 2018
Majorité : 26 septembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Suisse
Taille : 1h27 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Mélanie Thierry, Pierre Deladonchamps, Nuno Lopes…
Signes particuliers : Des idées mais le résultat est inabouti.
UN DRAME ÉCOLO
LA CRITIQUE DE LE VENT TOURNE
Synopsis : Pauline, une jeune paysanne, élève ses bêtes dans le respect de la nature. L’arrivée de Samuel, venu installer une éolienne, va bouleverser son couple, ses valeurs. Un an après le sacre du formidable Petit Paysan, le monde agricole était de nouveau à l’honneur au dernier festival d’Angoulême avec Le Vent Tourne, premier long-métrage en français de la réalisatrice suisse Bettina Oberli (Les Mamies ne font pas dans la Dentelle). Mais la comparaison entre les deux œuvres va s’arrêter à ce seul cadre de la campagne fermière. Réunissant Mélanie Thierry et Pierre Deladonchamps, Le Vent Tourne est un drame passionnel sur fond d’écologie, observant le vacillement d’une femme et avec elle, d’un couple. Pauline et Alex ont repris la ferme familiale de la jeune femme. Désireux de respecter la nature qui les entoure, ils décident de faire installer une éolienne dans leur pré afin d’être énergiquement propre et automne. L’arrivée de Samuel, un ingénieur venu superviser les opérations, va bouleverser l’équilibre de ce couple plus fragile qu’il n’en a l’air.S’il avait été un premier film, on aurait pu dire que Le Vent Tourne a pour lui toutes les qualités et les défauts d’une première œuvre volontaire mais maladroite. Sauf qu’il n’est pas un premier film et de fait, l’indulgence en prend un petit coup dans l’aile. En fond, on sent les bonnes intentions de Bettina Oberli, désireuse de livrer un film « complexe » sur la foi d’une intrigue simple, un film qui exploiterait les possibilités de son postulat bâti sur un triangle amoureux pour en tirer une moelle substantielle évoquant plusieurs choses imbriquées. À travers le portrait d’une jeune femme au cœur d’une double-romance (une idylle naissante et une idylle mourante), la suissesse tente de lier plusieurs idées et plusieurs thématiques telles que le besoin d’émancipation inhérent à toute personne n’ayant connu qu’une seule chose dans sa vie, l’urgence écologique et les divergences de points de vue à son égard, le vacillement émotionnel, le dogmatisme idéologique ou la nature généreuse et punitive. Drame rural, film écolo engagé, romance émouvante et portrait intimiste d’une émancipation, Le Vent Tourne est tout cela.Dans Le Vent Tourne, cette éolienne installée dans la ferme devait incarner le futur de ce couple. Mais elle illustrera finalement son passé, et comme ces pâles qui tournent en rond sur elle-même, le couple formé par Thierry et Deladonchamps a atteint une monotone redondance étouffante. De même, cette arrivée du modernisme au milieu de la nature va chambouler la quiétude des lieux (les pâles sont finalement plus bruyantes que prévues) et avec elle la quiétude de cet amour précaire. De même encore, cette irruption d’un objet vertical au milieu d’un cadre horizontal est un moyen de souligner la découverte pour une jeune femme, qu’il existe autre chose, différent de ce qu’elle a toujours connu. Polyphonique, Le Vent Tourne exploite le moindre élément de son histoire et de son cadre afin de créer une succession de métaphores. Malheureusement, celles-ci sont souvent un peu grossières, flanquées dans un scénario un peu trop schématique et qui surtout, manque cruellement d’étoffe narrative. En l’espace d’à peine 1h20, Bettina Oberli veut parler de beaucoup de choses mais son discours se brouille faute d’une flamme émotionnelle qui peine à naître dans une œuvre plus d’idées que de traduction cinématographique. Reste un beau trio de comédiens et des ambitions pas toujours bien mises en images pour transformer l’essai d’un film coincé en mode mineur.
BANDE-ANNONCE :
Par David Huxley