C’est bien connu, Robert de Niro est un perfectionniste, ou du moins il l’a été jadis avant d’enchaîner les comédies dispensables dans lesquelles il patauge aujourd’hui. Bien des grands comédiens d’aujourd’hui estiment s’inspirer de sa méthode de travail à ses heures de gloire, méthode elle-même basée sur celle de l’Actor’s Studio. Le principe -pour rappel- est de ne pas chercher à « incarner ou ressembler à ses personnages » mais de « devenir ses personnages », physiquement comme psychologiquement. C’est pour cela que De Niro n’a pas hésité à conduire un taxi pendant des semaines pour se préparer à Taxi Driver ou qu’il a pris une trentaine de kilos pour incarner le boxeur Jake LaMotta dans Raging Bull. A ce petit jeu des folies créatrices de Robert de Niro, on pourrait rajouter Les Nerfs à Vif, alias Cape Fear, remake d’un classique de Jack Lee Thompson (1962) par Martin Scorsese en 1991 (Spielberg devait le réaliser à l’origine avant de passer la main et glisser le nom de Martin Scorsese qui a mis un an avant d’accepter). Dans ce thriller sous très haute tension, Robert de Niro incarne Max Cady, un sociopathe qui sort de 14 années de prison après avoir été condamné pour le viol d’une mineure. A sa sortie, il entreprend de se venger de son ex-avocat qu’il estime responsable de sa condamnation, incarné par Nick Nolte (Scorsese voulait Harrison Ford mais il n’a jamais réussi à le convaincre, même De Niro a essayé de le faire directement en l’appelant, sans succès).
Pour se préparer au rôle, Robert de Niro a (encore) fait du grand Robert de Niro. Outre le fait qu’il se soit abandonné à de longues recherches sur la psychologie des criminels et agresseurs sexuels entre lectures et visionnage de documentaires et autre entretiens, le comédien est allé… bien plus loin. A commencer par une transformation de sa dentition. Afin d’être crédible en mec patibulaire sortant de 14 piges de prison, il a eu la brillante idée d’aller chez un dentiste pour se faire volontairement défoncer les dents, et même s’en faire arracher une ! Coût de l’opération : 5000$. Une petite somme à laquelle se sont ajoutés 20.000$ pour les faire refaire correctement à l’issue du tournage. Autre initiative de l’acteur, son accent. De Niro est parti avec le script et un enregistreur audio, direction le sud profond des Etats-Unis, afin de faire enregistrer les dialogues par des autochtones, de sorte à pouvoir ensuite travailler pendant de longues semaines pour reproduire leur accent si particulier. Côté musculature, il a bossé pendant des mois pour prendre de la masse et les fameux tatouages qu’arbore son personnage ont été réellement réalisés avec de l’encre végétale. Il aura fallu plusieurs mois pour qu’ils disparaissent. Enfin, cerise sur le gâteau, pour bien se fondre dans le personnage, De Niro s’est amusé à passer des coups de fil au milieu de la nuit à Martin Scorsese, laissant sur son répondeur des messages glaçants en prenant la voix flippante de son personnage ! Bilan, on peut dire, encore une fois, que le comédien y est allé… à fond.