Carte d’identité :
Nom : Le Bonheur des Uns
Père : Daniel Cohen
Date de naissance : 2019
Majorité : 13 janvier 2021
Type : sortie en DVD
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de Famille : Vincent Cassel, Bérénice Bejo, Florence Foresti, François Damiens…
Signes particuliers : Une comédie plutôt réussie.
UNE COMÉDIE TELLEMENT… HUMAINE
NOTRE AVIS SUR LE BONHEUR DES UNS
Synopsis : Léa, Marc, Karine et Francis sont deux couples d’amis de longue date. Le mari macho, la copine un peu grande-gueule, chacun occupe sa place dans le groupe. Mais, l’harmonie vole en éclat le jour où Léa, la plus discrète d’entre eux, leur apprend qu’elle écrit un roman, qui devient un best-seller. Loin de se réjouir, petites jalousies et grandes vacheries commencent à fuser. Humain, trop humain ! C’est face au succès que l’on reconnaît ses vrais amis… Le bonheur des uns ferait-il donc le malheur des autres ?
Une affiche qui transpire la comédie frivole, un pitch qui sonne creux, un réalisateur qui n’a jamais vraiment brillé par son talent, un quatuor d’acteurs populaires qui fait craindre le concours de cabotinage désintéressé… Autant dire que sur le papier, Le Bonheur des Uns ne donnait franchement pas très envie, laissant augurer une énième comédie française routinière rangée sagement sur l’autoroute comme une berline familiale pilotée pépère par le régulateur de vitesse. Quatrième film -et quatrième comédie- de l’acteur/réalisateur Daniel Cohen (le nullissime Comme un Chef avec Jean Reno et Michaël Youn ou le piteux Les Deux Mondes avec Poelvoorde), Le Bonheur des Uns est une sorte de vaudeville théâtral tournant autour de deux couples d’amis dont les vies vont être bouleversées collatéralement. Quand Léa, la discrète de la bande, devient une auteure à succès après avoir écrit timidement un premier bouquin, elle espérait que son conjoint et ses amis se réjouiraient de la voir trouver sa voie et enfin faire quelque chose de sa vie. Mais au contraire, sa soudaine réussite va déclencher un torrent de petites jalousies et de réactions inattendues…
Comme quoi il est toujours bon de se ménager une petite méfiance contre les préjugés (façon filet de sécurité – juste pour le cas où), Le Bonheur des Uns n’est pas la ronflonnade tant redoutée. Loin de nous l’idée que la comédie de Daniel Cohen est un petit must quatre étoiles aux savoureuses notes de créativité et d’intelligence mais force est de reconnaître que l’on a jugé un peu trop vite cette petite parenthèse qui n’est pas dénué de charme. A travers une histoire artificielle tissée d’un épais fil blanc, Daniel Cohen égratigne le genre humain et sa propension à la faible petite jalousie quand le copain a ce que l’on voudrait avoir. On voudrait se réjouir pour lui, on voudrait célébrer sa réussite… mais en creux de ces sourires jaunes et de ces compliments de façade légèrement crispés, la réussite du copain renvoie souvent à son propre échec enfoui ou ruminé intérieurement. C’est de cela dont parle Le Bonheur des Uns au fond. Quand la plus « faible » d’un groupe devient la « plus forte », les autres l’ont, comme on dirait trivialement, « mauvaise ». Car le succès dérange, non pas par méchanceté mais parce qu’il nous renvoie à notre propre image. Ici, un mari dont la masculinité dominante risque de s’effriter avec l’envol de sa chère et tendre, ou des amis qui prennent soudainement conscience de la routine de leur existence dénuée de passions. Et comme on le disait, le succès d’autrui nous met face à notre propre stagnation ou insuccès.
Sur le fond, Le Bonheur des Uns est plutôt intelligent dans ce qu’il entend raconter. Sur la forme, Daniel Cohen n’en fait jamais une œuvre très mordante, comme s’il hésitait entre rester sagement dans la comédie plate et inoffensive ou embrasser vraiment la satire acerbe à la Guitry. Le film marche alors sans conviction sur un fil, tâtonnant autour de ce qu’il a de meilleur sans jamais libérer du lest pour aller tête baissée dans le cynisme acide et grinçant. Fort heureusement pour lui, en dépit de ses limites il lui reste une base pertinente (ça change des comédies gaguesques qui n’ont rien à raconter), beaucoup de drôlerie et de bons comédiens qui, malgré une direction d’acteurs un peu lâche, font le job pour piloter cette comédie sympathique, amusante et intéressante par intermittence à défaut d’être toujours très inspirée.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux