Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Assassination of Trotsky
Père : Joseph Losey
Livret de famille : Richard Burton (Trotsky), Alain Delon (Mercader), Romy Schneider (Gita), Valentina Cortese (Natalia), Jean Dessailly (Alfred), Simone Valère (Marguerite), Michael Forest (Jim)…
Date de naissance : 1972 / Nationalité : Angleterre, Italie, France
Taille/Poids : 1h43 – 2,5 millions $
Signes particuliers (+) : Un grand Burton au service de la peinture d’un homme jamais glorifié mais seulement présenté avec sincérité : brillant, intelligent et cultivé. Un portrait qui s’est valu beaucoup d’ennemis dans tous les camps.
Signes particuliers (-) : Un manque de clarté didactique, Delon qui se regarde jouer et un rythme difficile.
COMMUNISTE AU SOLEIL
Résumé : Le récit des derniers mois de la vie de Léon Trotsky, assassiné sur ordre de Staline alors qu’il était en exil au Mexique, par Ramon Mercader…
En 1971, l’immense Joseph Losey, toujours en quête de sujets forts et passionnants, se penche sur les derniers mois de la vie du célèbre révolutionnaire russe, Léon Trotsky, l’un père fondateur de la grande et longue histoire du communisme, en exil au Mexique et assassiné sur ordre de Staline depuis Moscou, en août 1940, par Ramon Mercader. L’assassinat de Trotsky fut l’objet, et l’est toujours, d’un vif débat politico-historique. Les convictions de Losey n’ont jamais été un secret. Partisan du communisme et membre du Parti Communiste Américain, le cinéaste a toujours su habilement glissé des éléments de ses idées politiques au gré de ses films. Des idées qui lui valurent l’exil en Grande-Bretagne lors de la chasse aux « rouges » dans les années 50. Voir Losey adapter une partie de la vie de Trotsky n’a donc rien d’étonnant de la part du cinéaste se revendiquant des idées de Marx et de ce dernier. Pourtant et étonnamment, c’est hors de toute considération politique que le réalisateur va se pencher sur ces derniers mois vécus par l’homme politique russe. Du moins, c’est sur ce point que les avis divergent. Si certains y voit un film où Losey appose comme jamais ses orientations, d’autres louent au contraire la sobriété de son travail d’historien, dénué de toute idée personnelle, véritable oeuvre impartial se contentant de présenter des faits historiques en toute neutralité et exemplarité lucide et objective. Selon Losey lui-même, son but n’était pas de faire de la politique à l’écran mais de montrer purement et simplement un homme, un grand homme de l’Histoire du XXème siècle, qui loin de son pays et de l’agitation du régime stalinien, conservait toute sa lucidité, son intelligence, son recul au monde et sa perspicacité. Losey dépeint un homme enfermé, barricadé, qui se sait condamné à la mort sans savoir quand ni part qui elle arrivera. Cette image d’un Trotsky résigné et s’avouant vaincu aura fortement déplu aux trotskistes qui attendaient plus d’engagement de la part du réalisateur. Bien évidemment, le film ne plaira pas non plus aux staliniens puisqu’il met en évidence la commande du meurtre, sur ordre du dictateur.
Fort d’un casting réunissant les grands noms, Alain Delon en Ramon Mercader, Romy Schneider en Gita Samuels, la femme qui permis à l’assassin de s’introduire auprès de Trostky, ce dernier étant interprété par le grand Richard Burton, L’Assassinat de Trostky est effectivement une sobre étude des derniers temps d’un homme qui profite de sa vie recluse pour cause de sécurité, pour parfaire ses idées, son œuvre, gardant l’esprit alerte sur le monde et l’évolution des choses. On peut y voir la présentation plutôt flatteuse de l’homme (servant ainsi les arguments des détracteurs du film) mais l’on peut tout aussi bien y voir une chronique lucide, n’en déplaise à ceux-là. Losey ne glorifie pas particulièrement l’homme politique banni. Il se contente d’en faire la peinture d’un homme brillant, ce qu’il est difficile de ne pas convenir aujourd’hui. Un homme quasi assigné à résidence, vivant dans le dénuement le plus total, très entouré d’une garde rapprochée veillant à sa sécurité. Un homme continuant de loin son travail, écrivant des textes, des analyses. Mais un homme aussi traqué qui, après avoir survécu à une première attaque armée, succombera à celle mené par un homme seul, Ramon Mercader, qui ne s’introduira pas chez lui par surprise mais en attendant patiemment une opportunité d’être présenté, sous une fausse identité et avec de fausses intentions, de gagner la confiance de Trotsky.
Losey, à l’image du dénuement de la fin de vie de son personnage, signe un film sobre, épuré, prenant son temps pour poser un récit lancinant, traduisant le quotidien répétitif d’un homme confiné dans sa demeure, l’extérieur étant trop dangereux. La mise en scène du cinéaste illustre la mélancolie, la monotonie tout en parvenant à saisir dans le même la vivacité intellectuelle qui animait l’homme au delà de son mode de vie ascétique. De fait, L’Assassinat de Trotsky est par conséquent un film lent et qui peut paraître ennuyeux. Mais il est traversé par quelques fulgurances extraordinaires (la scène de la corrida, l’attaque du commando armé, l’assassinat). Prenant son temps pour poser récit, protagonistes et leur personnalité, le film tente d’immerger le spectateur dans un quotidien avant de la surprendre par la brutalité de ce que l’on attend depuis le départ. On pourra néanmoins reprocher au film son manque de clarté didactique. Si sur certaines points il peut s’agir d’une bonne idée, c’est en revanche plus difficile pour ce qui est de cibler et cerner certains personnages et en particulier le duo de tête (Romy Schneider / Alain Delon). D’ailleurs, en parlant de défaut… La piètre qualité du jeu d’un Alain Delon qui surjoue et le fait très mal par ailleurs, fait partie des menus défauts sur lesquels on s’attarde un instant avant de passer outre pour se replonger dans un récit qui tente de nous emporter même si le rythme est contraignant.
Bande-annonce :
Le casting ne compte quasiment que des erreurs. Immenses stars et/ou acteurs prodigieux par ailleurs, aucun n’est crédible une seule seconde dans le personnage qu’on lui a attribué. Le scénario se déroule certes selon des faits réels mais laisse très peu de place aux aspects historique et politique de l’événement qu’il prétend traité et semble plutôt fondé sur les états émotionnels des personnages, lesquels, bien sûr, ne sont , ne peuvent être, que des supputations. Autant faire un film de fiction genre espionage, ce qu’est bien ce film, une série B.