Nom : La Isla Minima
Père : Alberto Rodriguez
Date de naissance : 2015
Majorité : 15 juillet 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Espagne
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre : Policier
Livret de famille : Raúl Arévalo (Pedro), Javier Gutiérrez (Juan), Antonio de la Torre (Rodrigo), Nerea Barros (Rocio), Salva Reina (Jesus), Jesús Castro (Quini)…
Signes particuliers : Un film policier tortueux, sacré meilleur film espagnol de l’année 2014 aux Goyas.
BALADE ENTRE LES TOMBES
LA CRITIQUE
Résumé : Deux flics que tout oppose, dans l’Espagne post-franquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d’Andalousie pour enquêter sur l’assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au coeur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu’à l’absurde et où règne la loi du silence, ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.L’INTRO :
Si l’on sait que le cinéma ibérique a une certaine vitalité dans le domaine du cinéma de genre (quoiqu’elle a tendance à s’essouffler progressivement), il est un autre registre où la production est pourfendeuse de pépites racées : le thriller policier. Nouveau venu dans la vague à succès, La Isla Minima d’Alberto Rodriguez (Grupo 7), triomphe de l’année 2014 en Espagne, qui a raflé rien de moins que 10 Goya (l’équivalent des César là-bas) dont ceux du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleur Acteur. Amplement suffisant pour motiver les distributeurs étrangers à se pencher sur son cas. Projet de longue date qui aura mis près de quinze ans à voir le jour, La Isla Minima nous renvoie dans l’Espagne post-franquiste des années 80, direction une petite ville d’Andalousie marécageuse où deux adolescentes ont été sauvagement assassinées. Un duo de flic que tout oppose (un classique narratif) envoyé dans ces contrées peu accueillantes, va tenter de démasquer l’auteur de ces meurtres sordides. Et pour le spectateur, l’espoir d’une claque envoûtante à la Dans la Brume Electrique, l’épatant exercice franco-américain de Bertrand Tavernier.L’AVIS :
La Isla Minima est de ces films qui errent dans une zone d’entredeux où le ressenti du spectateur est balloté entre fascination captivée et tiédeur accompagnée de quelques bâillements polis. Fascination pour les innombrables qualités qui jalonnent le parcours de ce travail somptueux, et tiédeur car finalement, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la réelle valeur de ce must annoncé, derrière sa façade noble et admirable. En cause, une impression de déjà-vu, comme s’il n’y avait pas beaucoup de sang neuf qui coulait dans les veines de ce film policier sombre et tortueux suivant une enquête complexe en remontant le fil d’une pelote de laine emmêlée. Le cinéma hispanique (ou à consonance hispanique) nous en a offert pas mal de longs-métrages de cet acabit ces derniers temps, et La Isla Minima de rappeler autant l’argentin Dans ses Yeux que le plus récent Pas de Répit pour les Salauds (archi-récompensé aux Goyas 2012, lui) avec de fortes tonalités empruntées à la série culte True Detective. Finalement, sa seule réelle originalité à lui, est d’entremêler son récit à mystère avec un contexte historique formidablement incarné et reconstitué, celui d’une Espagne post-franquisme en pleine mutation aux débuts des années 80, quittant la Dictature pour entrer dans la Démocratie et devant réapprendre à vivre, à penser et à procéder différemment. Un contexte dessiné en fond et interagissant avec l’histoire de premier plan, qui est sans aucun doute le vrai « plus » de ce film affichant sinon, une maîtrise visuelle impressionnante, de sa mise en scène magnifique de minutie et de soin à sa photo, en passant par son image léchée, sa musique envoûtante ou son ambiance lourde, étrangement hypnotisante.S’il ne méritait peut-être pas un tel concert de louanges accompagné d’une myriade de Goyas (encore que, il faudrait voir le reste de la sélection proposée mais un coup d’œil furtif nous rappelle déjà que l’excellent Les Nouveaux Sauvages était en face), La Isla Minima n’en demeure pas moins pour autant un très bon policier, doublé d’une œuvre exigeante, avec le spectateur comme avec elle-même. Et ce, malgré quelques redondances et une conduite un peu trop lymphatique, ne jouant pas assez avec les cassures et variations de rythme, chose d’autant plus dommage que quand il s’y met, La Isla Minima sait hausser le ton avec des scènes haletantes dont la soudaine efficacité puissante tranche avec l’atmosphère lancinante en présence (à l’image de cette fabuleuse course-poursuite en voiture nocturne).
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux