Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : La fille inconnue
Père : les frères Dardenne
Date de naissance : 2016
Majorité : 12 octobre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Belgique, France
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller
Livret de famille : Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Louka Minnella , Jérémie Rénier, Olivier Gourmet, Fabrizio Rongione…
Signes particuliers : Une nouvelle déception signée des frères Dardenne.
LES DARDENNE EN MODE (TRÈS) MINEUR
LA CRITIQUE
Résumé : Un soir, après l’heure de fermeture de son cabinet, Jenny, jeune médecin généraliste, entend sonner mais ne va pas ouvrir. Le lendemain, elle apprend par la police qu’on a retrouvé, non loin de là, une jeune fille morte, sans identité. L’INTRO :
Ils font partis des murs et quoiqu’ils fassent, ils sont là. Une fois n’est pas coutume, le festival de Cannes a jugé bon de sélectionner en compétition officielle, le dernier-né des frères Dardenne. Le tandem va d’ailleurs bientôt devoir songer à se construire une pièce annexe dans leurs bureaux, afin d’y entasser les prix glanés au fil des années du côté de la Croisette. Leurs deux Palme d’Or pour Rosetta et L’Enfant, leur prix du scénario pour Le Silence de Lorna, leur Grand Prix pour Le Gamin au Vélo, leur mention spéciale du jury œcuménique pour Deux Jours, Une Nuit… Les étagères saturent, ironiquement à la mesure que leur cinéma décline. Avec La Fille Inconnue, c’est la jeune étoile montante Adèle Heanel (Les Combattants, Les Ogres) que les Dardenne enrôlent et tentent de faire briller sous l’œil de leur caméra.L’AVIS :
Depuis quelques années, le cinéma des frères Dardenne est semblable à un éternel mirage, celui de les voir effectuer un retour en grâce qui ne vient jamais. Les déceptions s’accumulent et La Fille Inconnue ne viendra sans doute pas changer la donne. Pire, le duo signe probablement son plus mauvais long-métrage avec ce drame aux allures de pseudo-thriller sous très basse tension. On aura rarement vu les frangins belges livrer un film aussi inutile et creux, qu’avec cette histoire de jeune médecin se reconvertissant en enquêteuse amatrice pour tenter d’élucider le mystère de l’identité d’une prostituée assassinée non loin de son cabinet. L’idée de départ de La Fille Inconnue était pourtant intéressante et reposait sur une assise psychologique pleine de potentiel. Un soir, ayant largement dépassé l’heure de plier bagage, Jenny ne répond pas à un énième cri de la sonnette. Le lendemain, la doctoresse apprend que la malheureuse ayant frappé à sa porte a été retrouvée morte. Vient alors la culpabilité rongeuse, les affres de l’introspection morale. Jenny aurait pu éviter le drame. Est-elle responsable ? La Fille Inconnue tenait une bonne idée, il n’en fait rien, au point que l’on en vient très vite à se ficher pas mal de la suite.D’emblée, le premier problème fonctionnel de La Fille Inconnue, est que l’on ne croit pas une seule seconde à ce qu’il nous raconte de bout en bout. Chaque scène, chaque articulation du récit, chaque direction prise par l’histoire, paraît terriblement artificielle et mécanique, en plus de s’empêtrer dans une lourdeur, une platitude et un non-rythme qui ne lui rendent pas service. Une impression horripilante que l’on va retrouver ensuite dans tous les pores du film, le jeu terriblement apathique de ses comédiens aux abois, les dialogues factuels qu’ils déclament, la narration qui navigue entre le rien et le sur-rien. Jamais passionnant et encore moins palpitant, La Fille Inconnue patauge dans son inertie, répète inlassablement les mêmes choses et témoigne des limites du cinéma de ses auteurs, enfermés dans un style ampoulé qui ne parvient plus à se renouveler depuis un bon moment déjà. Et milieu de ce marasme tragique peinant à concilier la radiographie d’un microcosme social et le prétexte d’un whodunit aussi mollement conduit que décevant et prévisible à l’arrivée, l’intense Adèle Heanel livre une prestation chaotique, incapable de susciter la moindre empathie avec son éternelle expressivité en colère. Fabuleusement révélée avec Les Combattants, la comédienne tend de plus en plus à s’enfermer dans un jeu monocorde dont le style répétitif ne convient pas à tous les rôles. Il ne convenait clairement pas à celui-ci. Mais après tout, est-elle vraiment capable d’autre chose ?Alors que tout sonne faux, que le script navigue à vue, que l’on a presque l’impression désagréable d’entendre les « Action » et « Coupez » au début et à la fin de chaque scène, que le récit ne prend jamais d’élan, que la moindre idée est surlignée au marqueur, on en vient à se demander où est passée la finesse sociale des frères Dardenne. La Fille Inconnue aurait pu être le film de la réconciliation, il enterrerait presque nos derniers espoirs de revoir un jour le tandem fraternel à son meilleur niveau et redéfinirait presque au passage, la notion de « poussivité » au cinéma.
EXTRAIT :
Par Nicolas Rieux