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LA CAGE AUX FOLLES (critique – comédie)

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1216072094Mondo-mètre :
note 8
Carte d’identité :
Nom : La Cage aux Folles
Père : Edouard Molinaro
Livret de famille : Michel Serrault (Albin), Ugo Tognazzi (Renato), Michel Galabru (Charrier), Claire Maurier (Simone), Rémi Laurent (Laurent), Carmen Scarpitta (Louise), Luisa Maneri (Andréa), Benny Luke (Jacob)
Date de naissance : 1978 (sortie le 25/10/78) / Nationalité : Italie
Taille/Poids : 1h40 – env. 1 million €

Signes particuliers (+) : Une comédie jubilatoire jouant du cliché et de la caricature appuyée pour se transformer en un subtil et impertinent plaidoyer fait de sensibilité, d’émotion et d’humour. Un classique attachant, hilarant, bouleversant, conduit avec une haute dose d’intelligence et porté par deux grands comédiens.

Signes particuliers (-) : x

 

SI L’AMOUR M’ÉTAIT CONTÉ…

Résumé : Patron d’un club transformiste de la côte d’Azur, La Cage aux Folles, Renato reçoit de la visite de son fils qui lui annonce son futur mariage avec la fille du secrétaire général d’un parti politique de droite catholique prônant la bonne moralité. Sauf que Renato, en plus d’être le gérant d’un lieu de « débauche » est en plus en couple avec Albin depuis plus de 20 ans. Le début d’une vaste mascarade…

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L’INTRO :

En ces temps troubles avec de glauques relents homophobes dérangeants suite au débat sur le mariage pour tous, rien ne vaut un petit retour en arrière avec le revisionnage d’une bonne vieille comédie culte du cinéma « français » qui a largement dépassé le cadre de ses seules frontières, la tragi-comédie La Cage aux Folles. Le spécialiste Edouard Molinaro aux commandes, un duo irrésistible sous l’œil de sa caméra avec Ugo Tognazzi et Michel Serrault, un pitch impertinent pour son époque, adapté de la pièce de théâtre éponyme (où Jean Poiret tenait le rôle de Tognazzi) et c’est parti pour une vaste rigolade ponctuée par les cris ultra-efféminés d’un Serrault des grands soirs, génial travesti plus vrai que nature qui se livre à un numéro clownesque comme il les chérissait.

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La Cage aux Folles est aujourd’hui considéré comme un film du patrimoine français. Et pourtant, c’est bel et bien un film italien. Devant le refus de tous les producteurs de l’époque de porter à l’écran ce boulevard jugé scabreux faisant rire au théâtre mais qui ne fonctionnera jamais au cinéma, le film se fera finalement de l’autre côté des Alpes, dans les studios de Cineccità, avec un producteur italien, une vedette transalpine et le grand Morricone à la partition. Des producteurs français qui ont pu s’en mordre les doigts puisque le film sera un carton planétaire, en France avec plus de 5 millions d’entrées comme aux Etats-Unis où il s’est imposé comme le plus gros succès de tous les temps pour un film étranger. Face à cet engouement, ironie du sort, Michel Serrault gagnera alors le premier César de sa carrière ! Et que dire du fait que film connaîtra deux suites, qu’il fera l’objet d’un remake américain en 1996, qu’il remportera un Golden Globes et sera nommé trois fois aux Oscars !

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L’AVIS :

La Cage aux Folles est l’une des nombreuses merveilles d’Edouard Molinaro, maître-expert en tragi-comédie et en duos délicieux (voir L’Emmerdeur). Cette fois, il nous en propose un irrésistible, Tognazzi/Serrault. Le tandem va alors faire des étincelles dans ce bruyant vacarme délirant autour d’un couple gay, deux « folles » caricaturalement efféminées, trop peut-être au goût de certaines associations pro-homosexuelles qui y ont vu une basse attaque riant aux dépends d’une communauté qui n’avait pas besoin de ça. Et pourtant… C’est bien mal comprendre le film. Car derrière la bouillonnante caricature hilarante jouant des clichés avec malice et exagération, se cache une profonde sensibilité dans cette histoire d’amour-amitié profonde sur un couple aimant, stable, qui a élevé ensemble et de belle manière, un enfant abandonné par sa mère. Malgré les turbulences dues au caractériel et dépressif Albin, malgré l’agacement incessant du vieux-beau tape-à-l’œil Renato, ce couple « d’hommes » mais avant tout couple amoureux tout court, nous offre un magnifique spectacle dénonçant la stupidité du jeu des apparences pour masquer sa réelle nature qui, de toute façon, se trahira toujours à un moment ou à un autre après avoir récolté seulement souffrance et frustration. Plus fort encore, le film non sans impertinence, tire de cet cacophonie extravagante, un modèle de couple qui en redirait bien des choses à bien des couples jugés « normaux », comprenez hétérosexuels pour l’étriquée norme environnante.

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Tourné sur le ton de la dérision et déguisé derrière une attachante comédie de boulevard, La Cage aux Folles se meut ensuite en le plus doux, le plus touchant et le plus beau plaidoyer qui soit sur la tolérance, prônant au passage l’acceptation de soi et de l’autre sans complexe et sans réserve, car peu importe la façade, la nature ou l’orientation sexuelle, se cachent et se cachera toujours derrière elles, des êtres humains avec leurs qualités et défauts mais des êtres humains quand même au-delà de leurs différences. Emouvant, parfois cruel, souvent drôle et bouleversant, La Cage aux Folles est une intelligente façon de passer un message résonnant dès lors que le pathétique se transforme pour révéler la puissance de l’ode au bonheur, dénonçant dans une savoureuse satire de la société, la médiocrité des bornés qui ne voient pas dans ce couple haut en couleurs et fantasque, la beauté du véritable amour sincère qui n’a pas de genre, de sexe, de frontières, de couleurs. Un moment de grâce impertinent à l’époque, qu’il est triste de voir qu’il pourrait encore choquer aujourd’hui au-delà de ses facéties, mais qui explose de sincérité et déploie toute sa force dans sa touchante séquence finale, sur un banc, où sont assis deux amants, deux vieux compagnons de route, deux tourtereaux aussi attachés qu’au premier jour. Peu sont ceux qui peuvent prétendre à en dire autant.

Bande-annonce :

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