[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Katie says goodbye
Père : Wayne Roberts
Date de naissance : 2018
Majorité : 18 avril 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Olivia Cooke, Christopher Abbott, Mireille Enos…
Signes particuliers : Formidable Olivia Cooke !
L’ÉMOUVANTE ODYSSÉE D’UNE JEUNE FEMME PLEINE DE RÊVES
LA CRITIQUE DE KATIE SAYS GOODBYE
Résumé : Katie, jeune femme du sud ouest américain rêve d’une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premiers amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile. Sa ténacité et sa jeunesse seront mis à l’épreuve par ceux qu’elle aime le plus au monde.
Lors de la dernière édition du festival de Deauville, la compétition officielle affichait tellement de bons films, qu’il ne pouvait y avoir que des déçus au moment de quitter les planches normandes. Si le magnifique The Rider de Chloe Zhao s’est vu logiquement couvert de lauriers, l’étonnant Ingrid Goes West (alias Instalife en français) est reparti bredouille, aux côtés de l’émouvant Katie Says Goodbye, premier long-métrage du cinéaste américain Wayne Roberts. Drame indépendant porté par l’étoile montante Olivia Cooke (Ouija, Ready Player One), Katie Says Goodbye nous glisse dans le quotidien de la touchante Katie, une jeune serveuse de 17 ans vivant avec sa mère dans un petit bled américain aussi paumé que déprimant. Pour survivre aux fins de mois difficiles et économiser de quoi réaliser son rêve de fuir cette vie terne pour partir vivre à San Francisco, Katie se prostitue avec quelques clients réguliers, un routier de passage, un père de famille, un jeune ou un flic du coin. Mais malgré cette vie en apparence glauque, elle garde le sourire, et une indéfectible joie de vivre en attendant que le bonheur frappe à sa porte. Un bonheur qui pourrait bien se nommer Bruno, un nouveau garagiste fraîchement sorti de prison, incarné par un Christopher Abbot transformé depuis la série Girls.
Des Katie Says Goodbye, on a l’impression d’en avoir vu des tonnes ces dernières années, expédiés en escadrille par le versant indé du cinéma américain d’aujourd’hui. Et pourtant, dans ce flot de drames intimistes faisant dans l’austérité glauque ou dans le lumineux poétique éclairant l’horreur du quotidien, le film de Wayne Roberts fait office de petit miracle salvateur. Car en réalité, on n’en a pas vu si souvent que ça des Katie Says Goodbye, film qui fuit le misérabilisme comme la peste, pour aller se coucher délicatement sous les auspices d’un optimisme solaire. C’est d’ailleurs toute la force de cette modeste virée dans l’Amérique profonde, réussir à déconstruire l’idéal optimiste pour mieux le reconstruire ensuite, en y injectant une puissance émotionnelle qui emporte tout sur son passage. Le parcours de cette jeune Katie, incarnée de façon magistrale par une exceptionnelle Olivia Cooke qui révèle un potentiel jusqu’alors insoupçonné, est le théâtre d’une superbe réflexion sur l’espoir. Généralement, c’est la thématique du désespoir qui attire les jeunes réalisateurs prêts à déverser leur pessimisme sur des festivals à la Sundance. Dans Katie Says Goodbye, Wayne Roberts balaie le désespoir d’un revers de la main, et si son film a tout d’une authentique tragédie bouleversante, le metteur en scène préfère laisser planer l’incertitude de sorte que l’espoir et le désespoir aient d’égales chances de lutter, et que le spectateur puisse totalement s’éprendre du cheminement de cette émouvante Katie, aux antipodes des personnages traditionnels du genre. Auscultant son quotidien avec une sincérité désarmante, Wayne Roberts ne laisse jamais son regard glisser ni vers la naïveté ni vers le pathétique. Proche tout en restant à juste distance, jamais moralisateur mais ne cherchant pas non plus à esquiver son sujet par lâcheté, Wayne Roberts signe un petit bijou dans lequel s’immisce avec intelligence et subtilité, une merveilleuse et délicate sensibilité qui naît non pas des coutures du scénario ou de l’orchestration de la mise en scène, mais de la pureté d’une histoire de résilience refusant tout cynisme, pour s’éprendre d’un réalisme poétique terriblement authentique, terriblement beau, terriblement fort, terriblement actuel.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux