Après une tournée en province, la sixième édition du festival du Cinéma Chinois en France pose ses valises à Paris. Du 30 juin au 19 juillet, le cinéma chinois sera à l’honneur dans la capitale avec une programmation riche, ouverte jeudi dernier avec la projection de Tigre et Dragon 2, en présence des stars Michelle Yeoh et Donnie Yen, invités d’honneur, mais aussi de la comédienne Isabelle Huppert. La réalisatrice Anne Fontaine et l’acteur-réalisateur Vincent Perez, sont les Ambassadeurs de cette 6eme édition dont la programmation promet de sacrés bons moments en perspective (tout le programme ici), entre le Gaumont Marignan et l’Action Christine 21. Retour sur la conférence de presse qui a ouvert cette belle manifestation qui met à l’honneur une cinématographie passionnante, dont le succès est de plus en plus grandissant.Question pour Mr Su Xu ( co-président chinois du FCCF & directeur du Centre Culturel de Chine à Paris) : C’est la sixième édition du festival cette année. Vous avez choisi des films très diversifiés. Quels sont vos projets à long terme avec cette manifestation et quel est l’accueil réservé au festival, le nombre de spectateurs est-il en progression ?
Mr Su Xu : Ce festival du cinéma chinois est un événement annuel en France et c’est devenu une marque. Le festival rencontre un succès de plus en plus grand et on a l’intention de poursuivre son développement sur les années à venir. Son expansion va de pair avec la renommée de la marque qu’il représente. Le nombre de spectateurs augmente d’année en année, avec aussi l’aide des collectivités locales qui nous soutiennent. A la première édition, nous avions présenté nos films dans trois villes, avec environ 5000 spectateurs. Chaque année, il y a environ 3 à 4000 spectateurs de plus. L’an passé, nous avions dépassé les 20.000 spectateurs. Ce festival est organisé dans beaucoup de pays dans le monde et le plus important, est celui de France. Le Bureau du Cinéma Chinois nous a même décerné un prix d’excellence pour notre contribution à l’essor du cinéma chinois.
Anne Fontaine et Vincent Perez, vous êtes les ambassadeurs de cette sixième edition. Quelle a été votre première rencontre avec le cinema chinois ?
Anne Fontaine : Ma première rencontre avec le cinema chinois, ce fut avec Zhang Yimou. J’ai eu un choc esthétique et culturel. Il y avait une beauté incroyable qui m’a rendu accroc à d’autres cinéastes moins connus. Grâce à ce festival, j’ai rencontré des cinemas très différents et diversifiés. C’est formidable cet éclectisme. Il y a des films d’auteur, des comedies, des films d’aventures, tous avec de très grands acteurs. L’école d’acteurs de Chine est exceptionnelle. Je suis touchée d’être l’ambassadrice de ce festival car cela permet au public français, de découvrir des films auxquels il n’aurait pas forcément accès sans cette manifestation. Je suis heureuse de l’augmentation du nombre de spectateurs et que la manifestation s’amplifie.
Vincent Perez : Zhang Yimou aussi, c’est la première star qui vient à l’esprit, pour des films comme Epouses et Concubines. Chen Kaige a été important aussi, pour moi, c’est Jiang Wen. Il avait fait Le Démon à ma Porte. Et comme Anne, la diversité du cinéma chinois m’épate et ce festival permet de découvrir des fils qui ont connu le succès en Chine. Je précise que je ne parle pas de Tigre et Dragon car il n’est pas chinois au départ. Ang Lee était taïwanais, il me semble.
Le film d’ouverture est Tigre et Dragon 2. Michelle Yeoh, vous avez joué dans les deux films. Quel est votre sentiment sur ces deux films, quelles sont les différences ?
Michelle Yeoh : D’abord, merci au festival de nous avoir invité car Paris est une ville de premier plan. Sur les deux films, ce sont deux réalisateurs très différents et chaque réalisateur avait son style. Sur ce deuxième film, Yuen Woo-Ping avait ses propres idées et il permet au spectateur d’entrer réellement dans l’univers du film.
Donnie Yen, c’est votre premier Tigre et Dragon. Comment avez-vous fait pour que cette suite surpasse la première ?
Donnie Yen : Je suis très heureux de participer à ce festival pour la première fois, même si je dois retourner à Londres dès demain car le suis en plein tournage (probablement les reshoots de Star Wars : Rogue One – ndlr). J’ai participé à ce film pour apprendre. Je suis dans ce métier depuis 30 ans mais il y a toujours des espaces de progrès. Le premier Tigre et Dragon a remporté un succès mondial donc je suis fier d’être dans ce numéro 2. Michelle Yeoh est une amie et j’étais heureux de tourner avec elle et le réalisateur, Yuen Wo-Ping, est un grand maître qui m’a initié à ce métier il y a trente ans, donc je me devais d’être de cette aventure. J’en profite pour revenir sur ce que Vincent Perez disait tout à l’heure. Tigre et Dragon est un film 100% chinois. Il est joué par des acteurs chinois, il relève de la culture chinoise et il raconte une histoire chinoise.
Question pour Mr Sun, producteur de Tigre et Dragon 2. On dit qu’aujourd’hui, le cinéma chinois sort du pays et s’exporte dans le monde. Pour vous, que ce soit un film chinois ou en langue chinoise, quel peut être son attrait à l’international ?
Mr Sun : Très bonne question. La Chine est un pays avec une culture vieille de 5000 ans. Mais surtout, nous avons un patrimoine historique riche, et nous avons de très bons auteurs et scénaristes. Nous avons eu des échanges avec des auteurs hollywoodiens et il s’avère que les thématiques du cinéma américain tournent un peu en rond. En Chine, il y a encore beaucoup de thèmes et d’histoires encore non-exploités. Et je pense que c’est ce qui peut faire la force du cinéma chinois.
Question pour Mr Luan Guozhi (directeur adjoint du Bureau du cinéma relevant de l’Administration générale d’Etat de la presse, de l’édition, de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision). Quelles sont vos attentes de ce festival ?
Luan Guozhi : Je suis déjà venu souvent à Paris et à chaque fois, j’ai un sentiment de fraîcheur. La France, comme la Chine, est un pays avec une grande histoire et culture. Le cinéma français a une grande place singulière dans le monde. Nous sommes deux grands pays mais nous partageons des visions communes sur le cinéma et son industrie. C’est pour cela que je pense que nous avons devant nous, de belles occasions de travailler ensemble.
Question pour Donnie Yen. Vous avez une grande communauté de fans en France, je ne sais pas si vous le savez d’ailleurs. Des films comme SPL, Flashpoint ou la saga Ip Man sont très appréciés ici. Est-ce que ce succès a contribué dans votre décision de venir en France pour ce festival et avez-vous un message à adresser à vos nombreux fans français ?
Donnie Yen : Ce que je peux faire pour remercier mes fans français, c’est de boire davantage de vin français ! Et sinon, j’espère faire davantage de films, pour les offrir au public français, et leur permettre de mieux connaître la culture chinoise. Ce n’est pas seulement par intérêt commercial mais j’ai sincèrement le désir, que mes films transmettent un message positif aux spectateurs.
Michelle Yeoh, vous avez nommé « ambassadrice de bonne volonté » par le programme de développement des Nations Unis, pour aider les zones sinistrées par des catastrophes naturelles. Quel regard portez-vous sur votre mission ?
Michelle Yeoh : J’ai eu l’occasion d’aller au Népal quand il y a eu le tremblement de terre. Rien ne vous prépare à l’émotion que vous ressentez dans votre esprit et votre corps face à la peur et à la douleur. En repartant, j’ai eu comme de la culpabilité parce que je laissais des gens, des amis, derrière moi. Je me sentais démunie, je ne pouvais pas aider, je ne suis pas médecin ou autre. J’y suis retournée lors du second tremblement de terre. Tout le monde me déconseillait d’y aller par peur pour moi. Mais je me suis que l’on ne doit pas vivre dans la peur. J’y suis allé car c’est important de garder les projecteurs braqués sur ces zones, pour être sûr que les promesses d’aides soient tenues.
Le festival du cinéma chinois est lancé. Retrouvez toutes les informations détaillées sur le site du festival ICI.