[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : The Square
Père : Ruben Ostlund
Date de naissance : 2017
Majorité : 18 octobre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Suède
Taille : 2h25 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West…
Signes particuliers : La Palme d’Or du dernier festival de Cannes.
UN FILM D’ART CONTEMPORAIN
LA CRITIQUE DE THE SQUARE
Résumé : Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.
S’il y a bien un film déroutant dans cette année 2017, c’est à n’en pas douter The Square, la dernière Palme d’Or du festival de Cannes, qui aura autant séduit une partie des festivaliers, que fait grincer des dents sa Némésis moins convaincue par cette farce nordique à l’humour très caustique. En cela, The Square rappelle fortement le Toni Erdmann de Maren Ade, candidat malheureux à la même Palme l’an passé, alors qu’il partait comme le favori de l’édition. Nouvelle réalisation du suédois Ruben Östlund (Snow Therapy), The Square dresse le portrait de Christian, patron d’un prestigieux musée d’art contemporain. Alors qu’il prépare le lancement d’une prochaine exposition dédiée à la tolérance, avec au cœur du dispositif, une œuvre baptisée « The Square », soit un carré lumineux incitant à l’altruisme, sa vie va basculer lorsqu’il se fera voler son téléphone et son portefeuille.
Avec The Square, le spectateur est invité à entrer au cœur d’une expérience. Drame ? Comédie ? Comédie dramatique ? On ne sait jamais trop dans quel registre Ruben Östlund tente de nous embarquer, son The Square jouant énormément de cette ambiguïté de ton, s’amusant surtout à brouiller les frontières pour s’inscrire dans un espace hybride et transgenre. Seul le parfum de décalage ambiant sera là pour nous rappeler, qu’il s’agit avant tout d’une farce corrosive, scrutant le genre humain avec une certaine agressivité humoristique. Une chose est sûre, The Square met l’art post-moderne et contemporain au cœur de son histoire, et de la même manière, il pourrait lui-même entrer dans la catégorie de ces films à la vision cinématographique conceptuelle. Non pas qu’il se rapproche de l’expérimentalisme en refusant toute linéarité saisissable de l’intrigue, mais parce que sa proposition s’orchestre davantage sur le fond, plus que sur la forme, et que son discours s’incarne dans un espèce de collage d’idées donnant corps à la métaphore dessinée derrière le premier niveau du récit.
Souvent ubuesque, The Square se révélera hermétique pour certains, inspiré et intelligent pour d’autres, à condition que l’on creuse au-delà de l’étrangeté de son récit, pour aller dénicher la singularité de son humour à froid. Reste que pour l’apprécier, il faudra composer avec ses longueurs considérables. Car si l’ensemble tend vers la satire sociale aiguisée et inspirée, la forme prend le chemin d’une chronique assez lourde et pesante (plus de 2h20), laquelle se répète souvent pour faire passer des idées que l’on a compris depuis belle lurette. C’est probablement l’un des plus gros problèmes du cinéma de Ruben Ostlund. L’artiste est brillant pour croquer des scènes individuelles, mais plus en difficulté dès qu’il s’agit de composer la partition générale à partir de ses morceaux de mélodies.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux