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Nom : The Alto Knights
Père : Barry Levinson
Date de naissance : 19 mars 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h02 / Poids : 45 M$
Genre : Polar, Gangsters, Biopic
Livret de Famille : Robert De Niro, Debra Messing, Cosmo Jarvis…
Signes particuliers : Du sous Scorsese efficace.
Synopsis : Deux des plus redoutables figures de la mafia new-yorkaise, Frank Costello et Vito Genovese, luttent pour le contrôle de la ville. Autrefois meilleurs amis, la jalousie et les trahisons les mènent inévitablement à l’affrontement qui entraînera la chute de la mafia américaine.
ROBERT « DEUX » NIRO
NOTRE AVIS SUR THE ALTO KNIGHTS
Et si l’on retrouvait le grand Barry Levinson, celui de Rain Man, Good Morning Vietnam, Sleepers ou Des Hommes d’influence ? Et si l’on retrouvait le grand Robert De Niro, loin de celui des comédies lourdingues dans lesquelles il a pu parfois bafouer son talent ces derniers temps ? Et si l’on renouait avec la grande tradition des films de mafia à l’ancienne ? The Alto Knights s’avançait avec un gros lot de promesses malgré l’existence de projections tests plutôt négatives qui avaient conduit à un report de sortie. Malgré tout, le nouveau Barry Levinson (que l’on n’a plus vu à son meilleur depuis son horrifique The Bay en 2012) titillait la curiosité. Pour son sujet déjà, plongeant dans les coulisses de la mafia italo-américaine new-yorkaise à travers les figures des chefs concurrents Vito Genovese et Franck Costello (qui avait inspiré le personnage de Don Corleone). Mais aussi et surtout pour l’intrigante performance d’un Robert de Niro qui incarne… les deux personnages en même temps ! En somme : Robert « Deux » Niro.
On parlait de retrouvailles, The Alto Knights marque celles de De Niro et Levinson, qui travaillent ensemble pour la cinquième fois. Le tout sur un scénario de Nicholas Pileggi, spécialiste du genre puisqu’il a été l’auteur des livres Wiseguy : Life in a mafia family et Casino : Love and Honor in Las Vegas, lesquels ont donné lieu respectivement deux classiques du cinéma, Les Affranchis et Casino de Martin Scorsese. Chaque fois avec De Niro. Mafia, Scorsese et De Niro, c’est justement ce que l’on retrouve grosso modo dans The Alto Knights, polar de gangsters qui ne met pas bien longtemps à rappeler les collaborations entre le cinéaste et son acteur fétiche. En effet, le film de Barry Levinson ressemble beaucoup à du sous Scorsese dans lequel De Niro fait du De Niro, et dans lequel Levinson fait du sous Casino ou Les Affranchis en reprenant le style, le langage cinématographique et les artifices de mise en scène de l’empereur Marty. En même temps, Scorsese a tellement codifié le genre qu’il est devenu difficile de s’extraire de son ombre.

Néanmoins si Levinson fait dans la petite copie soumise au modèle, cela ne fait pas de The Alto Knights un mauvais film. Quand on copie un grand, on multiplie ses chances d’accoucher d’un truc au moins potable. C’est le cas avec ce polar de mafia que Levinson parvient à rendre efficace et haletant en suivant de manière appliquée les balises du genre, de la mise en scène de l’univers aux passages obligés, en passant par l’écriture de ses personnages tels que le folklore les a ré-imaginés au cinéma. Avec le concours d’un grand Robert De Niro, bluffant dans son double-rôle même s’il fait ce qu’il sait faire pour l’avoir si souvent fait, The Alto Knights captive d’un bout à l’autre en dépit de quelques faiblesses. Comme une narration qui va parfois trop vite par excès de volonté de rythme ou une mise en scène par moments un peu trop didactique (trop d’allers-retours temporels, le noir et blanc pour les flashbacks). Didactique et un brin passéiste certes mais capable de temps en temps de petits élans créatifs quand Levinson rappelle qu’il sait tenir une caméra et imaginer un beau plan. A ce titre, les séquences avec les deux versions de De Niro en même temps (dont un plan séquence d’entrée dans une boutique) sont assez impressionnantes.

Sans être un grand film inoubliable, The Alto Knights a le mérite de cocher les cases du polar de gangsters solide et rondemment mené, plongeant le spectateur dans un intense bal de violence, de méfiance, de trahisons, de politique et d’affrontements. Du bon spectacle sérieux, captivant et proprement exécuté, dont ressort cette bonne idée du même acteur dans un double rôle. Car au fond, le film de Barry Levinson raconte un affrontement fratricide entre deux amis d’enfance qui se retrouvent tristement opposés sur la fin. Plus que deux personnages différents, De Niro incarne finalement les deux revers d’une même médaille.
Par Nicolas Rieux