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L’AGENT SECRET de Kleber Mendoça Filho : la critique du film [Cannes 2025]

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Spectateurs

Nom : O Agente Secreto
Père : Kleber Mendoça Filho
Date de naissance : 17 décembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Brésil
Taille : 2h40 / Poids : NC
Genre : Policier, Drame

Livret de Famille : Wagner MouraGabriel LeoneMaria Fernanda Cândido

Signes particuliers : Intéressant mais trop long.

Synopsis : Brésil, 1977. Marcelo, un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, arrive dans la ville de Recife où le carnaval bat son plein. Il vient retrouver son jeune fils et espère y construire une nouvelle vie. C’est sans compter sur les menaces de mort qui rôdent et planent au-dessus de sa tête…

DOUBLE PRIX À CANNES

NOTRE AVIS SUR L’AGENT SECRET

C’est l’un des films qui aura le plus fait parler durant le dernier festival de Cannes. Longtemps promis à la prestigieuse Palme d’Or, L’agent Secret a finalement raflé le prix d’interprétation masculine et celui de la mise en scène. Pas le Graal espéré mais pas mal quand même. Nouveau long métrage de fiction du brésilien Kleber Mendoça Filho six ans après son formidable Bacurau, ce sixième film du réalisateur nous plonge dans le Recife des années 70 où atterrit Marcelo, un homme énigmatique venu pour y récupérer son jeune fils. Mais son projet de reconstruire sa vie loin d’un passé obscur va être contrarié par les répercussions de son ancienne vie.

On l’a compris au fil de ses films, Mendoça Filho est un cinéaste éminemment politique dont les œuvres n’ont de cesse de questionner le passé et le présent d’un Brésil dont l’histoire récente a souvent été houleuse, hier avec la dictature des années 70-80, plus récemment avec le clivage causé par le controversé ex-président d’extrême-droite Jair Bolsonaro. C’est sur ce regard décryptant comment des individus se débattent dans un système oppressif que Mendoça Filho pose les fondations de l’histoire de L’Agent Secret, œuvre fleuve de 2h40 qui aura autant fasciné que déconcerté à Cannes. Le cinéaste nous plonge dans les années 70 alors en plein régime dictatorial et évolue autour de la peur ressentie par une population méfiante. Du jour au lendemain, tout le monde peut se retrouver dans le viseur des autorités répressives. Bien évidemment, par petites idées astucieuses, Mendoça Filho ne manque pas d’entretenir une correspondance moderne avec l’ère Bolsonaro.

Cinématographiquement, L’Agent Secret impressionne par la maturité et l’extrême intelligence de sa construction et de sa méthodologie narrative. Le réalisateur d’Aquarius nous met face à un film qui n’est qu’énigmes, comme si tout était caché derrière un mur de briques. Et le récit va prendre son temps pour révéler petit bout par petit bout ce qui s’y cache derrière. Qui est ce héros mystérieux ? Quelle est son histoire ? D’où vient-il, que fait-il, où va t-il ? Et quels sont tous ces gens autour de son histoire ? Les questions sont nombreuses, le film déstabilisant d’opacité, et L’agent secret fonctionne comme une enquête pour le spectateur. Mendoça Filho, lui, s’amuse. Son film traverse des registres allant du drame politique au film d’espionnage, de la comédie burlesque au film noir, du thriller au film-roman… Les personnages se multiplient, le récit se démultiplie en parallèle, il y est question d’une mission secrète, de fausses identités, d’une jambe retrouvée dans un requin, de tueurs à gage, d’un fils à récupérer, d’un pays à fuir, de flics corrompus, du carnaval, de morts abandonnés parterre, d’un conflit industriel, de personnes qui -de nos jours- enquêtent sur notre héros des années 70… L’agent secret est un vaste jeu de pistes dans lequel on pourrait aisément se perdre. La virtuosité de Mendoça Filho est d’agencer toutes ces strates pour donner l’impression d’assister à l’incroyable odyssée d’un personnage dont le parcours illustre les différentes manières de résister face au fascisme. Il y a la manière dramatique, la manière haletante, la manière spectaculaire. Une idée qui s’incarne dans un voyage cinématographique tour à tour de l’ordre de la chronique ou du polar à la De Palma.

Kleber Mendoça Filho se laisse parfois avoir par sa profusion d’idées, que l’on ressent dans les très nombreux écarts que fait le récit. Comme cette histoire de jambe bouffée par un requin digne des Dents de la Mer (auquel le film fait référence), comme cette histoire de chat à deux têtes ou de tailleur juif-allemand joué par Udo Kier. L’agent secret souffre de longueurs qui apportent autant au film qu’elles ne lui nuisent. D’un côté, elles l’enrichissent et lui confèrent une sorte de folie marginale, de l’autre elles en submergent un peu l’intensité. Mais ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle œuvre ne laissera personne indifférent.

Par Nicolas Rieux

One thought on “L’AGENT SECRET de Kleber Mendoça Filho : la critique du film [Cannes 2025]

  1. J’ai voulu voir un film dont la CRITIQUE dit du bien. Sans doute vais-je surprendre bien du monde. Je n’ai pas aimé : l’acteur principal qui n’est pas éblouissant, des requins, a prendre au sens propre ou au sens figuré, on en voit tout le temps, avec une jambe qui se balade ici et là, je n’en vois pas le sens. Des dialogues en longueur. Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout comme d’autres spectateurs au sein de la douzaine de personnes présentes dans ma salle de ciné de ma province bretonne.

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