Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Un moment d’égarement
Père : Jean-François Richet
Date de naissance : 2014
Majorité : 28 octobre 2015
Type : Sortie vidéo
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Vincent Cassel (Laurent), François Cluzet (Antoine), Lola Le Lann (Louna), Alice Isaaz (Marie), Philippe Nahon (le voisin)…
Signes particuliers : Thomas Langmann rend hommage à son père Claude Berri en produisant un remake de son célèbre Un moment d’égarement, cette fois-ci réalisé par Jean-François Richet avec la collaboration de Lisa Azuelos au scénario.
UN REMAKE ÉGARÉ
LA CRITIQUE
Résumé : Antoine et Laurent, amis de longue date, passent leurs vacances en Corse avec leurs filles respectives : Louna, 17 ans et Marie, 18 ans. Un soir sur la plage, Louna séduit Laurent. Louna est amoureuse mais pour Laurent ce n’est qu’un moment d’égarement… Sans dévoiler le nom de son amant, Louna se confie à son père qui cherche par tous les moyens à découvrir de qui il s’agit… Combien de temps le secret pourra-t-il être gardé ?L’INTRO :
Un Moment d’égarement, ou quand le fils prodigue Thomas Langmann rend hommage à son défunt paternel, Claude Berri. En 1977, Berri réunissait Jean-Pierre Marielle et Victor Lanoux dans une comédie dramatique où deux potes partaient en vacances à Saint-Tropez avec leur fille respective (la très jeune Agnès Soral et Christine Dejoux). Le soleil, la plage, une soirée, les vapeurs d’alcool, tout dérape. Pierre (Marielle) couche avec Françoise (Soral), la fille de son pote encore mineure, dans un moment d’égarement. Pas loin de quarante ans plus tard, Langmann ressort du placard ce petit classique de son père et produit un remake, emmené par Vincent Cassel et François Cluzet, reprenant respectivement les rôles tenus jadis par Marielle et Lanoux. Côté ados délurées, une incendiaire Lola Le Lann et la talentueuse Alice Isaaz. Derrière la caméra, c’est au revenant Jean-François Richet (Assaut sur le Central 13) qu’est confié la tâche ardue, de repasser derrière le classique emblématique. Le cinéaste avait déserté les plateaux de cinéma depuis sept ans et le diptyque Mesrine, où il dirigeait déjà Vincent Cassel.L’AVIS :
Comme une immense majorité de remakes de grands films, Un Moment d’égarement ne pouvait soutenir la comparaison d’avec son modèle. Inutile donc d’aller s’empêtrer dans cette direction pour évoquer la modeste tentative de Jean-François Richet. Clairement, François Cluzet et sa surexcitation psychorigide pathologique (hors contexte, on se croirait dans Les Petits Mouchoirs) ne pouvait égaler la fine prestation de Victor Lanoux et, tout aussi doué soit-il, Vincent Cassel n’est pas Jean-Pierre Marielle. Autre chose, Jean-François Richet n’est pas Claude Berri et pour finir, l’impertinence sociale affichée par le film de Berri en son temps, n’existe plus dans cette nouvelle adaptation davantage orientée vers le divertissement sans intentions autres. Cet état de fait admis et digéré, Un Moment d’égarement ne s’impose pas dans l’absolu, comme un mauvais film. La tentative est même surprenante au regard de ce que pouvait vendre sa bande-annonce fortement trompeuse. On s’attendait à un vaudeville comique, Richet nous donne à voir un drame. On s’attendait à des éclats de rire sur l’imbroglio de la situation, on se retrouve à contempler le pathétique d’une situation tristement déchirante pour les différents protagonistes. Une ado paumée et mal dans sa peau s’attirant l’empathie face à son désarroi de jeune candide, un adulte torturé par son erreur moralement ingérable, une fille dégoûtée du misérabilisme de son paternel, et un père possessif maternant de façon obsessionnelle sa progéniture qu’il refuse de voir grandir. Un Moment d’égarement n’a rien de la loufoquerie annoncée malgré petits quelques appels du pied, et c’est peut-être cette confusion des intentions qui le rend d’ailleurs un peu bancal et difficile à cerner. Car au final, le tort du film de Richet est de ne jamais trop savoir sur quel pied danser, hésitant sans cesse entre son souhait de se laisser aller vers le drame pur, ou son envie d’en rester seulement au niveau de la comédie dramatique.Changement d’époque et de mœurs oblige, Un Moment d’égarement a perdu toute sa portée féministe ou son regard sociétal acide. Mais en dépit d’un final convenu qui laisse sérieusement à désirer, loin de la force douloureuse de celui de son modèle, reste une curiosité regardable, observant le drame d’une situation là où d’autres, dans une démarche over-commerciale, s’en seraient tenus à explorer un versant plus comique en fonçant droit vers un registre plus proche du Cœur des Hommes. Mais l’affaire, malgré quelques belles séquences, reste mineure et trop loin de l’original.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux