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CIGARE AU MIEL de Kamir Aïnouz : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Cigare au miel
Mère : Kamir Aïnouz
Date de naissance : 2020
Majorité : 06 octobre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h36/ Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Zoé AdjaniAmira CasarLyes Salem

Signes particuliers : Un très beau portrait initiatique magnifié par son authenticité et par sa formidable comédienne.

 

 

PORTRAIT D’UNE EMANCIPATION

NOTRE AVIS SUR CIGARE AU MIEL

Synopsis : Selma, 17 ans, vit dans une famille berbère et laïque, à Neuilly-sur-Seine, en 1993. Lorsqu’elle rencontre Julien, un garçon provocateur, elle réalise à quel point les diktats du patriarcat contrôlent son intimité. Alors que Selma décide de découvrir la puissance et les dangers de son propre désir, l’équilibre de sa famille se fissure et la terreur du fondamentalisme émerge dans son pays d’origine.

Pour son premier long-métrage après une carrière dans la finance (!?), le néo-réalisatrice Kamir Aïnouz livre un petit bijou fort comme les cigares, doux comme le miel. Pour construire le justement nommé Cigare au Miel, Aïnouz est allée puiser dans son vécu, son expérience personnelle, ses souvenirs. Les évènements qui jalonnent son film ne sont pas forcément autobiographiques à proprement parler (pour faire respecter sa vie privée, la jeune metteur en scène n’en dira pas plus sur la part de réel) mais c’est le sens général de son œuvre qui l’est, à savoir l’histoire d’une jeune femme qui s’est battue contre les diktats d’une culture patriarcale pour s’émanciper, se libérer des interdits et s’arroger le droit de vivre sa vie et de reprendre possession de son corps et de ses idées.
Cigare au Miel est l’histoire de ce chemin initiatique. A travers le parcours de la belle et intelligente Selma (formidable Zoé Adjani -nièce d’Isabelle- qui irradie l’écran par son antinomique mélange de force et de fragilité), Kamir Aïnouz signe un film féminin et féministe qui appelle toutes les jeunes femmes à reprendre possession d’elle-même et de ce qui leur appartient, corps et esprit. Il aurait été facile de sombrer dans le pamphlet féroce entièrement replié sur son argumentaire mais Aïnouz fait les choses intelligemment. Elle évite tous les pièges et glisse sur son sujet avec une justesse étourdissante qui prend racine dans un subtil mélange de témoignage, de véracité, de fièvre exaltante et d’onirisme aussi. Cigare au Miel est tout à tour joyeux, grisant, émouvant, questionneur, douloureux aussi quand il se penche sur l’inextricabilité de la situation de sa Selma, coincée entre amour familial et besoin de couper les lianes qui la retiennent. Parce qu’une émancipation dans une cellule familiale balancée entre pseudo-libéralisme de façade et traditionalisme de fond n’est jamais simple, le chemin de Selma sera difficile, ponctué d’envolées et de moments graves. Mais Cigare au Miel est un récit d’espoir malgré l’amertume qui épouse délicatement le cheminement personnel de son héroïne. Aïnouz n’en fait jamais une martyr, seulement une emblème générationnelle, une jeune fille digne et forte qui va se battre pour transpercer les murs ultra-protecteurs de son cocon familial pour se libérer du carcan de codes ancestraux qui ne lui correspondent pas. Et pourquoi pas libérer des consciences en cours de route.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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