33ème numéro du Wall Ciné Pictures, notre rendez-vous « ciné-club » du samedi. Au programme de cette nouvelle escale dans l’histoire du cinéma, le film culte de toute génération, les deux Tintin des années 60 et un thriller méconnu de Joseph Losey.
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DIABOLO MENTHE
De Diane Kurys – 1977 – 1h35
Genre : Comédie dramatique – France
Avec : Eléonor Klarwein, Odile Michel, Coralie Clement…
Synopsis : Septembre 1963, c’est la rentrée des classes. Anne a 13 ans, sa sœur Frédérique en a 15. Elles rêvent de liberté et leur vie, à l’image du monde qui les entoure, est en pleine effervescence. Entre une mère dépassée, un père maladroit, les premiers flirts et la prochaine boum, Anne enfile des collants en cachette et collectionne les mauvaises notes. Le transistor à l’oreille, Frédérique découvre la politique et les garçons. Autour d’elles c’est la ronde des professeurs sévères ou hystériques. Nous sommes dans les années 60 mais l’adolescence est éternelle et les adultes décidément n’y comprennent jamais rien.
Chronique intimiste suivant les pas de deux adolescentes en fleur dans le Paris des années 60, Diabolo Menthe est un film culte du cinéma français des années 70. A l’époque, le délice doux-amer de Diane Kurys avait rencontré un énorme succès en salles, plus de 3 millions de personnes s’étant précipitées en salles pour observer le quotidien d’Anne, 13 ans, et Frédérique, sa sœur aînée de 15 ans. Entre petits tracas amoureux et désordres familiaux, Diabolo Menthe croquait d’une adolescence haute en couleur, dressant le portrait d’une époque avec appétence. Le film de Diane Kurys n’avait pas d’intrigue réelle, il se contentait d’une succession de scènes de la vie quotidienne. Mais à travers elles, Diabolo Menthe incarnait les attentes d’une nouvelle génération à cheval entre deux époques. Porté par de merveilleuses jeunes actrices et soutenu par la chanson emblématique d’Yves Simon, la balade mentholée était délicieuse. Elle l’est toujours aujourd’hui, 40 ans après. Pour l’occasion, Diabolo Menthe vient de paraître en Blu-ray chez TF1 Vidéo, édition confectionnée à partir d’une version restaurée.
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TINTIN ET LE MYSTÈRE DE LA TOISON D’OR
De Jean-Jacques Vierne – 1961 – 1h42
Genre : Aventure – France, Belgique
Avec : Jean-Pierre Talbot, Georges Wilson, Georges Loriot…
Synopsis : Je lègue mon bateau « La Toison d’or » à mon vieux camarade, le capitaine Haddock. C’est sur cette phrase anodine, en apparence, que s’achève le testament de l’extravagant loup de mer Themistocle Paramelic, et que commence la mystérieuse aventure du capitaine, de Tintin et de Milou.
Bien avant que Steven Spielberg ne porte à l’écran les aventures du célèbre Tintin avec son film d’animation en images de synthèse, l’aventureux reporter créé par Hergé avait déjà connu les honneurs de deux adaptations dans les années 60, Tintin et le Mystère de la Toison d’or en 1961, puis Tintin et les Oranges Bleues en 1964. A ce jour, ces deux films restent les seules adaptations live-action de l’intrépide héros belge. Si les deux films ont un peu vieilli (voire même pas mal), ils restent comme d’agréables sucreries à l’indéniable charme nostalgique. A noter que les deux films s’appuyaient sur des scénarios originaux écrits spécialement. Pour les fans de Tintin, du Capitaine Haddock, des Dupont et Dupond et de Tryphon Tournesol, Splendor Films ressort les deux longs-métrages avec Jean-Pierre Talbot et Georges Wilson au cinéma, en version restaurée (sortie le 27 septembre) !
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DEUX HOMMES EN FUITE
De Joseph Losey – 1970 – 1h50
Genre : Thriller – Angleterre
Avec : Robert Shaw, Malcolm McDowell…
Synopsis : Deux hommes courent sur la plage à l’aube. Ils ont les mains liées derrière le dos. Au même moment, un hélicoptère survole frénétiquement les environs. MacConnachie et Ansell sont deux évadés qui, pour tenter d’échapper à leurs geôliers, doivent traverser des paysages sauvages et inhospitaliers. Pour cela, ils vont devoir affronter de nombreux obstacles pour survivre et échapper au mystérieux hélicoptère noir qui traque leurs moindres mouvements…
Deux hommes menottés cavalent pour échapper à un mystérieux hélicoptère qui les traque. Pour survivre et braver les dangers qui se présentent face à eux, ils n’auront d’autres choix que de s’allier dans leur course effrénée. A la lecture du synopsis de Deux Hommes en Fuite, film méconnu de l’immense Joseph Losey (The Servant), on pourrait penser à une sorte de croisement entre La Chaîne (le classique avec Sidney Poitier sorti 12 ans plus tôt) et le Duel de Steven Spielberg à venir trois ans plus tard. Mais le long-métrage de Losey ne ressemble à aucun des deux. Le cinéaste qui adapte très librement un roman de Barry England (sur la base d’un scénario écrit par l’acteur principal Robert Shaw) s’est essayé au thriller apnéique jouant la carte du mystère absolu (comme Duel), puisque l’on ne saura rien de ces deux évadés, de leur passé, des raisons de leur fuite, des lieux où ils courent, pas plus qu’au sujet de cet hélico qui les pourchasse. Le roman était plus explicite mais Shaw et Losey ont préféré recentrer le film sur l’action, afin de déployer une allégorie sur la survie et l’oppression. Loin de son univers et style habituels, le réalisateur a voulu faire un survival à suspens, tendu, suffocant et intense, et le pari se révélera plutôt payant. Uniquement focalisé sur cette cavale avec un background épuré, Deux Hommes en Fuite propose au spectateur une expérience stressante, plongeant ces deux anti-héros dans un vaste espace hostile. Dommage que le film ne défende pas grand-chose (ou maladroitement) en dehors de son action, là où La Chaîne se chargeait d’un discours anti-racial. Bien des années plus tard, Skolimowski signera avec Essential Killing, un effort assez proche, très inspiré du film de Losey. Avec réussite d’ailleurs. Réédité par Carlotta, Deux Hommes en Fuite est à redécouvrir en version restaurée inédite au cinéma, dès le 27 septembre.
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A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux