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CHEZ NOUS de Lucas Belvaux : la critique du film

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note 3.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Chez Nous
Père : Lucas Belvaux
Date de naissance : 2016
Majorité : 22 février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Emilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob, Anne Marivin, Patrick Descamps…

Signes particuliers : Lucas Belvaux signe un film politique aussi passionnant qu’intelligent.

DANS LES COULISSES DE L’EXTRÉMISME

LA CRITIQUE DE CHEZ NOUS

Résumé : Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales. chez_nous_film_2Attention, terrain glissant. En se lançant dans l’aventure Chez Nous, Lucas Belvaux le savait pertinemment, son film ne serait pas simple à faire, il serait sûrement secoué par une houle née de son sujet sensible, il ne plairait pas à tout le monde, et provoquerait à coup sûr, des réactions très vives. Ca n’a pas loupé. En se penchant sur les coulisses d’un parti populiste d’extrême-droite à travers le portrait d’une jeune infirmière de quartier, recrutée pour être leur nouvelle tête de proue aux prochaines municipales dans une ville du nord de la France, Chez Nous a été vivement attaqué par les dirigeants du Front National, voyant dans ce thriller dramatique, un coup sournois porté à leur campagne en pleine course à la Présidentielle. Il faut dire qu’avec sa sortie fin février, le film politique de Lucas Belvaux intervient dans un contexte intéressant, en plein milieu des débats entre candidats avant la dernière ligne droite du mois de mai. D’où le vent de polémique…chez_nous_film_3Chez Nous, ou un film qui ne se cache pas quant à la cible qu’il vise directement. Si Lucas Belvaux a pris de soin de changer les noms des personnages comme celui du parti qu’il dépeint, personne n’est dupe et tout le monde reconnaîtra aisément le Front National de Marine Le Pen. Agnès Dorgelle, sa dirigeante du RNP (alias Rassemblement National Populaire) brillamment incarnée par une Catherine Jacob tout en froideur opaque, prend la relève d’un parti anciennement baptisé « Le Bloc Patriotique ». Elle est la fille d’un père lui-même politicien décrié pour ses nombreuses sorties de route, elle est blonde, la cinquantaine, elle prône des idéaux identitaires et nationalistes, elle est entourée de lieutenants dont un ressemble étrangement à Florian Philippot… Bref, tout le monde comprendra de qui l’on parle. Et Chez Nous de devenir une attaque ferme et intelligemment menée, à l’encontre des dangers d’un parti extrémiste qui tente de se défausser de tout ce qu’on lui reproche, cherchant à se donner une image de façade respectable, mais manœuvrant dans l’ombre. Lucas Belvaux s’est clairement défendu d’avoir voulu provoquer le Front National avec sa nouvelle œuvre. Mais finalement, on retiendra du discours de Chez Nous, cette volonté de montrer la fausseté des belles promesses de changement promises par les partis extrémistes, et les stratagèmes de paroles insidieux employés pour séduire les masses, en jouant la carte de la peur et de la nouveauté presque « révolutionnaire ». Sauf qu’au fond, tout est pareil, voire pire. Et c’est d’ailleurs non sans une pointe d’humour ironique, que Lucas Belvaux glisse l’idée, à travers la trajectoire de cette infirmière (formidablement campée par Emilie Dequenne) attirée par les belles promesses scintillantes agitées pour la séduire.chez_nous_film_1D’un bout à l’autre, Chez Nous est une plongée captivante dans les coulisses d’un monde que l’on a trop souvent coutume de contempler depuis un point de vue unique et artificiel cachant les angles morts. Là où se niche le plus intéressant, en somme. Manipulation du langage, manipulation des idées, manipulation de l’image et manipulation des gens, Chez Nous est une double-critique, d’un côté du monde de la politique en général, de l’autre et plus spécifiquement, des dangers des dérives extrémistes créant la haine pour mieux en exploiter les conséquences idéologiques. En centrant son film sur la volonté naissante d’une jeune femme s’engageant en politique par idéalisme sans trop savoir dans quoi elle met les pieds, Lucas Belvaux clame avoir voulu créer de la « discussion ». Certainement, mais difficile de ne pas voir dans Chez Nous, un film à charge. Toujours est-il que la charge est aussi passionnante que pertinente. Pour éviter de tomber dans le pamphlet politique trop théorique et intellectualisant, Lucas Belvaux a ensuite injecté à son récit, quelques artifices narratifs visant à fictionnaliser un peu son film pour le rendre plus ludique. Moins fin et adroit, le cinéaste se laisse aller à quelques facilités, mais se sert d’elles pour continuer à marteler son propos de départ, quitte à le faire un brin excessivement. Chez Nous y perdra peut-être un peu de sa relevance en déviant de sa matière première, mais il gagne en teneur dramatique et en épaisseur narrative.

BANDE-ANNONCE :
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Par Nicolas Rieux

3 thoughts on “CHEZ NOUS de Lucas Belvaux : la critique du film

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