Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The American
Père : Anton Corbjin
Livret de famille : George Clooney (Jack), Violante Placido (Clara), Thekla Reuten (Mathilde), Paolo Bonacelli (Père Benedetto), Irina Björklund (Ingrid), Johan Leysen (Pavel)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h45 – 20 millions $
Signes particuliers (+) : Un thriller dramatique crépusculaire très différent, complètement en dehors des balises classiques du genre, privilégiant son personnage et son atmosphère au détriment de toute considérations périphériques.
Signes particuliers (-) : Le film peut vite devenir ennuyeux pour ceux qui n’adhéreront pas à ce thriller au rythme très lent.
UN FUSIL, WHAT ELSE ?
Résumé : Jack fabrique des armes sur mesure, destinées aux tueurs à gage. Sa dernière mission ayant mal tourné, il décide de mettre un terme à sa profession. Pour son dernier contrat, il se rend dans un paisible village italien. Il va y découvrir une vie douce et plaisante. Mais ses anciens démons ne semblent pas bien loin…
Auteur du remarqué Control sur le chanteur de Joy Division, le cinéaste Anton Corbjin change radicalement de genre et se penche sur l’adaptation d’un livre datant de 1990, aidé dans son entreprise par un jeune scénariste Rowan Joffé, fils du réalisateur Roland et auteur lui aussi d’un précédent script dans un registre très éloigné de celui concerné ici puisqu’il avait signé le zombiesque 28 Semaines Plus tard.
Aux antipodes des traditionnels films du genre, souvent centrés d’ailleurs sur les tueurs à gage, profession plus excitante en termes de spectacle, The American cherche à faire dans la différence à tous les égards. Partant du thriller teinté de romance pour arriver au final à la chronique minimaliste suivant sur un personnage atypique dans une tranche de vie, sans réel début ni fin, le film de Corbjin se démarque par sa lenteur, par son traitement ne recherchant pas l’efficacité et l’action mais privilégiant l’étude d’un homme (au métier plus calme que celui de ses clients) hanté par ses démons passés, hanté par sa conscience troublée et en pleine reconstruction de vie et morale. Plus proche du drame crépusculaire, The American déroute. On ne sait d’où vient Jack (George Clooney), qui il est, où il va, comment il vit. On se contente de le suivre l’espace d’1h39 dans un quotidien qui semble à la fois habituel et nouveau pour lui. Habituel par la précision qu’il met dans l’exécution de ce qui devrait être sa dernière commande, par la façon dont il reste en permanence sur ses gardes, sur le qui-vive, se dédouanant de toutes attaches. Mais nouveau car Jack est en pleine période transitoire.
Thriller épuré, drame flou et austère lorgnant vers la mélancolie et la fin d’un cycle, The American est une curiosité qui peut paraître chiante pour sa différence. Mais c’est aussi cette différence qui en fait son originalité et son principal intérêt outre la prestation d’un George Clooney portant le film sur ses épaules. Volontairement incomplet, louchant vers le cinéma de Melville, ce récit esquissant seulement les choses sans les prendre frontalement, préférant l’esquive au rentre-dedans tape à l’œil, peut agacer pour ses allures maniérées et trop esthétisantes, par son rythme en forme de faux suspens et sans arrêt cassé, accompagnant contemplativement son personnage plutôt que ne le poussant dans ses retranchements. Mais ce sont ces défauts qui en font aussi ses qualités. Vendu comme un actionner à la Jason Statham, The American est au contraire idéologiquement et stylistiquement son opposé : un récit calme comme une rivière mais dont on pressent la fin du cours d’eau par quelques remous illustrés par un final à la Hitchcock dans les ruelles tourbillonnantes d’un village pittoresque.
Bande-annonce :