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LE LIVRE DE LA JUNGLE : Rencontre avec les voix françaises, Leïla Bekhti, Eddy Mitchell et Lambert Wilson

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Spectateurs

le_livre_de_la_jungleA l’occasion de la sortie en salles de l’adaptation live du Livre de la Jungle (ce mercredi 13 avril au cinéma), nous avons pu rencontrer une partie du casting vocal français, en l’occurrence, Leïla Bekhti (Kaa) Eddy Mitchell (Le Roi Louie) et Lambert Wilson (Baloo).

Synopsis : Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un pyton à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu. Eddy Mictehll Leila Bekhti Lambert Wilson

Que représente le dessin-animé de Disney pour vous tous ?

Eddy Mitchell : Ce sont des souvenirs excellents. J’étais content de faire ce film car il y avait les réminiscences du dessin-animé que j’avais adoré. Je me souviens l’avoir vu… Je vais vous faire une confidence, à l’époque, les studios Disney n’étaient pas très bien organisés et les copies 35mm circulaient de tous les côtés et j’en avais 2-3 à la maison. Mes enfants m’ont bassiné avec ce film, tous les weekend…

Lambert Wilson : J’étais spectateur du premier au cinéma en 1967. J’étais friand de Disney, j’adorais ça. J’étais forcément fan de Baloo. Je disais tout à l’heure que j’aimais les Disney qui n’avaient pas d’humains parce que pour moi, la transformation des animaux en personnages humanoïdes, ça fonctionnait mieux que quand on dessinait des humains. D’ailleurs, j’aimais moins Mowgli que Baloo, la Roi Louie, Bagheera etc… C’est un film qui était présent pour moi, seulement on ne les consommait pas de la même manière. Avant, on ne voyait pas les films quatre fois par jour. On les voyait une fois au cinéma, souvent à Noël, et on était super-excités, c’était la grande fête. Il y a un Disney qui passe, on annulait tout. Aujourd’hui, les enfants consomment ça différemment. Ils connaissent les films par cœur, ils connaissent les répliques par cœur, c’est assez fou. Mais je dois avouer que ce n’était pas mon Disney préféré. Peut-être parce que j’arrivais à un âge où je commençais à m’éloigner de tout ça, je commençais à m’intéresser plus aux films qu’aux dessins-animés. Puis, j’aimais les choses un peu plus féériques, je crois que mon préféré, c’était Les Aristochats. J’assume !

Leïla Bekhti : J’avais aimé le film mais ce sont surtout les chansons qui m’avaient marquées. Je les écoutais beaucoup et je les écoute encore aujourd’hui. Quand j’ai découvert le film, c’était une joie d’entendre Eddy et Lambert les chanter. Je leur disais tout à l’heure, que c’était assez fou car j’ai senti à la première chanson, que les gens l’attendaient.

Lambert Wilson : Tu veux dire que le matin, tu te mets des chansons de Disney, toi ?

Leïla Bekhti : Oui, je peux chanter Jasmine dans Aladin ou Libéré, Délivré.

Lambert Wilson : Ah ouais, quand même…

Vous auriez aimé chanter la chanson « Aie Confiance » dans le film ?

Leïla Bekhti : J’aurai aimé mais quand j’ai entendu Eddy et Lambert, je me suis dit… Je n’ai pas ce talent. Ça m’aurait amusé mais j’étais déjà contente de jouer Kaa et de jouer avec ma voix…DSC02906

Concernant les chansons justement, vous les réinterprétiez ou vous colliez fidèlement à ce qui a été fait en version originale ?

Eddy Mitchell : Non, il fallait se coller à la tonalité de la version originale, en l’occurrence, il s’agissait de Christopher Walken pour moi (qui prête sa voix au Roi Louie en VO – ndlr). C’est un grand comédien, un excellent danseur, mais chanteur, c’est autre chose… Bon, il l’avait fait à sa façon et très bien d’ailleurs. Mais Disney, qui a beaucoup de moyens certes, ne pouvait pas me payer un orchestre pour que je réinterprète toute la chanson selon ma tonalité à moi. Mais je m’en suis sorti quand même.

Lambert Wilson : Concernant Bill Murray (la voix de Baloo en VO – ndlr), il a interprété la chanson d’une façon très particulière et j’ai trouvé ça tellement génial, que j’ai collé à sa proposition sans rien changer. Il y a un côté un peu folk-rock-déjanté. La première fois que je l’ai entendu, je me suis dit que je n’arriverai jamais à coller exactement à ce qu’il faisait, d’autant que la musique était très vaguement présente en fond. Je me suis entraîné en écoutant la version originale, juste pour avoir la mélodie. Mais j’ai vraiment fait un copié-collé de ce qu’il a fait car c’était excellent. Je l’imagine bien en plus chanter ce genre de truc dans des bars, un peu folk etc… On sent que c’est quelqu’un qui a chanté dans le passé, il y avait du métier.

Est-ce que vous regrettez qu’il n’y ait pas plus de chansons dans le film, contrairement à la version animée ?

Lambert Wilson : Forcément.

Eddy Mitchell : Bah oui, d’autant que c’est pas ce que je fais de plus mal, je crois. (rires) Avec les pâtes aussi, mais pas toujours.

En dehors des chansons, dans l’interprétation, les animaux en images de synthèse ont été créés selon les acteurs originaux. Est-ce que vous avez eu l’impression de faire un travail de voix où c’était un vrai travail d’acteur ?

Eddy Mitchell : En ce qui me concerne, il y avait des intentions totalement extraordinaires dans ce qu’a fait Christopher Walken, qui sont peut-être dues au metteur en scène, je ne sais pas. Mais cela a participé de faire un personnage de Roi Louie totalement différent du dessin-animé. On dirait un peu un mafieux, un gangster. Walken a très bien fait ça et je me suis collé à ses basques.

Lambert Wilson : Les animaux du film ne sont pas stylisés comme des êtres humains. En fait, ils sont humains dans leur façon de parler mais pas dans leurs traits, ils ont juste quelques expressions. Donc l’information ne vient pas vraiment de l’écran et du visuel, je trouve. C’est plus la récompense. C’est une fois qu’on a collé sa propre voix sur ce qu’a fait l’acteur en anglais et qu’on voit les deux superposés, que là ça fonctionne. Mais c’est une récompense. L’information, on ne la vole pas de l’écran, c’est uniquement en se concentrant sur ce qui a été fait en anglais.DSC02924

Leïla Bekthi : Tout comme Lambert. (rires)

Vous, vous doublez Scarlett Johansson, c’est bien cela ?

Leïla Bekthi : L’écouter donnait une certaine couleur au personnage de Kaa et il fallait être à la fois sensuelle, maternelle… C’était des nuances.

Comment vous avez réagi quand on vous a proposé de jouer ces animaux ?

Lambert Wilson : Quand on m’a proposé ça, je pensais que ça serait pour faire Bagheera. La voix taciturne, grave… Mais Baloo, c’est un personnage irrésistible. Pour un acteur, le matériel est intéressant, d’autant que le réalisateur a vachement insisté sur son côté « parlé ». C’est un personnage très sympathique en plus. Je voudrais l’avoir comme copain…

Leïla Bekthi : J’ai été surprise car dans la version originale, c’est un homme. Je trouvais ça intéressant du coup, d’avoir fait ce choix.

Lambert Wilson : Oui, c’était Roger Carel. C’est ça qui est beau dans l’histoire de l’humanité, c’est qu’on passe de Roger Carel à Leïla Bekhti. (rires)

Est-ce que quand on travaille sur un projet comme ça, on sent son âme d’enfant qui ressort, qui vibre, ou pas spécialement car on est dans un studio face à un micro ?

Leïla Bekhti : Oui, on se sent plus libre. Je peux me sentir très libre quand j’interprète certains personnages mais le fait de jouer qu’avec sa voix, on se permet plus de choses. On a l’impression qu’on peut s’amuser. Je ne peux pas parler avec cette voix là dans un film par exemple ! J’adore faire du doublage pour ça.

Lambert Wilson : On se sent un peu investi d’une mission par rapport aux enfants. On sait qu’il va y avoir une génération entière d’enfants qui va écouter ça très souvent, très sérieusement. Et donc, il ne faut pas rater cette opportunité. Parce que ce Baloo là, il va marquer pour un temps cette génération d’enfants, qui vont grandir avec. Pendant la chanson, j’ai mouillé ma chemise car c’était très important. Moi, le Baloo que j’ai entendu à l’époque, il m’est resté encore aujourd’hui. Tout le monde connaît les paroles de cette chanson, elle est universelle. Donc en faisant ça, on se dit qu’il faut le faire bien, pour cette génération qui va grandir avec ça. C’est politique !DSC02934

Est-ce que ça ne vous étonne pas que Mowgli, qui vit à l’état sauvage dans la jungle, vive avec un slip ?

Lambert Wilson : C’est plus pratique comme ça parce que, quand on est dans la jungle et qu’on a les coucougnettes qui ballotent, bah c’est pas agréable et on peut se faire mal. Il vaut mieux mettre un petit pagne, ça protège. (rires)

On sent le vécu.

Lambert Wilson : Oui, j’ai fait des essais pour Greystoke, je sais de quoi je parle. J’ai eu très mal. (rires)

Vous enregistriez à tour de rôle ou vous aviez des interactions avec le doubleur du petit Mowgli ?

Leïla Bekhti : Non, on faisait à tour de rôle. Le jeune acteur qui fait Mowgli (Neel Sethi) nous disait tout à l’heure, que pendant deux ans, il a joué la comédie tout seul lui-aussi.

Lambert Wilson : C’est assez curieux à faire. On double sur des scènes qui sont à divers stades de finition au niveau de l’animation et en voyant ça, on se rend compte de la folie du travail qui est effectué pour arriver aux scènes finales. Quand on voit le film fini, c’est abstrait, on ne se rend pas compte qu’il y a eu des gens devant des ordinateurs pendant des années, dans plusieurs pays à la fois, juste pour faire trois poils ou quatre plumes.

Vous avez déjà fait du doublage avec Ernest et Célestine. Vous avez pu constater une différence entre la méthode américaine et française au niveau du doublage ?

Lambert Wilson : Oui, la méthode française est beaucoup plus simple. Nous, on bosse avec une bande rythmo et c’est un système qui malheureusement et curieusement, ne s’est pas exporté. On est les seuls à avoir ça. C’est plus facile pour les acteurs français car ils lisent le texte qui défile sur un écran séparé et quand le mot touche une barre à gauche, hop, on le dit. C’est incroyablement plus fastidieux avec les films étrangers car il faut mémoriser phrase par phrase et on avance par petits bouts. C’est difficile parce que, quand il y a un grand élan de scènes, en France, on peur garder notre émotion et traverser des minutes de dialogues. Les américains, non, c’est morceau de 5 secondes par 5 secondes.

Vous pensez que pour les enfants d’aujourd’hui, leur référence du Livre de la Jungle, ça sera désormais ce film ?

Leïla Bekhti : Je pense que ce sera les deux. Moi par exemple, je n’ai pas envie de choisir. C’est trop différent.DSC02897

Lambert Wilson : Je pense que ça s’adresse à des publics différents au niveau « âge ». Le premier restera la référence pour les plus petits. Quand ils auront plus 8-10 ans et qu’ils seront en âge de voir le film, ils le verront et ils reviendront au dessin-animé pour comparer etc… Par exemple, moi j’avais besoin de comparer les chansons de Baloo entre les deux. L’animé reste un classique pour les petits, le film est destiné aux « plus grands ».

Que penseriez-vous d’une suite maintenant ? Vous avez des idées sur ce que pourrait être la suite pour vos personnages ?

Lambert Wilson : Le monde est détruit, tout le monde meurt ! Non, ce qui est intéressant, c’est tout le message sur la fragilité de la forêt. A l’époque de Kippling, la forêt, c’était quelque-chose qui faisait peur et qu’on ne pouvait pas détruire. Là, clairement, il y a une mission de protéger cette nature affaiblie par les hommes. Donc s’il y avait une suite, ça pourrait être autour de ça, comment Mowgli essaierait de préserver la forêt et protéger ses amis.

Eddy Mitchell : Faut voir ça avec le réalisateur, il a fait Iron Man. Il pourrait Mowgli vs Iron Man… (rires)

LA BANDE-ANNONCE :

Merci à Leïla Bekhti, Eddy Mitchell et Lambert Wilson, ainsi qu’aux équipes de Disney France pour cette rencontre.

Propos recueillis par Nicolas Rieux pour Mondociné

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