Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Lobster
Père : Yorgos Lanthimos
Date de naissance : 2014
Majorité : 28 octobre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Grec, anglais…
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Colin Farrell (David), Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman, Ashley Jensen, Ariane Labed, John C. Reilly, Léa Seydoux, Ben Whishaw…
Signes particuliers : La curiosité barrée du Festival, récompensée du Prix du Jury.
L’OFNI QUI A SURVOLÉ LA CROISETTE
LA CRITIQUE
Résumé : Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, il sera transformé en l’animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s’enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires. L’INTRO :
Une coproduction européenne dirigée par un jeune metteur en scène grec, avec des stars internationales telles que Colin Farrell, Rachel Weisz, John C. Reilly, Ben Whishaw ou Léa Seydoux et proposant une dystopie d’auteur complètement barrée sur un monde où le célibat est interdit avec l’histoire d’un homme envoyé dans un hôtel destiné à créer des couples sous peine d’être transformé en l’animal de son choix passé 45 jours sans trouver l’âme sœur, mais avec la possibilité de gagner du temps de rab en tuant des « solitaires » dans des traques organisées en forêt où se cachent une société dissidente et inversée, interdisant les relations intimes et amoureuses… The Lobster était clairement l’œuvre la plus iconoclaste et déjantée présentée au Festival de Cannes, cette année. Et on ne crachera pas dessus car à l’image des Nouveaux Sauvages l’an passé, un peu de folie sur la Croisette n’est pas de refus au milieu de la pléiade d’œuvres austères et lourdes.L’AVIS :
Réalisé par Yorgos Lanthimos, lauréat du Prix « Un certain Regard » avec Canine en 2009, The Lobster nous plonge dans un univers totalement décalé et absurde, où se côtoient dans un étrange mélange, drôlerie ubuesque et pression suffocante, non sans un succulent plaisir jubilatoire associé à une radicalité déconcertante. Dans la veine d’un cinéma d’auteur relativement accessible à tous, The Lobster est une fable angoissante peignant un monde terrifiant et extrême, dont le but n’est autre que de dresser une parabole de nos sociétés contemporaines où la quête d’un « partenaire de vie » est devenue presque un enjeu majeur élégiaque pour répondre à une normalité quasi-imposée par les codes sociétaux. Par le biais d’un univers froid et anxiogène, le cinéaste saisit avec une intelligence ludique, oscillant entre hilarité générale, surréalisme métaphorique et mélancolie émouvante, un fin portrait de l’angoisse du célibat à l’heure où notre monde actuel est quasiment régit par une forme de fascisme sentimental et de dictature du système de la vie à deux. Jusqu’au-boutiste et profondément timbré, avec le concours d’un Colin Farrell épatant en monsieur tout-le-monde bedonnant, le film de réalisateur grec nous pousse hors de nos habitudes d’un cinéma confortable et s’impose à la force d’un ton singulier et politiquement incorrect qui fait toute sa délicieuse originalité.Quelque part entre le cinéma de Quentin Dupieux et l’excellente série américaine Man Seeking Women (avec Jay Baruchel), The Lobster séduit, emballe, régale, déclenche des torrents de rires en même temps qu’il effraie… du moins tout au long de sa première moitié. Car The Lobster a beau être drôle, original et inventif, il est aussi bien long, répétant les mêmes motifs et les mêmes idées deux heures durant, au point de finir par enfoncer des portes qu’il a lui-même ouvert précédemment. Lorsque Lanthimos opère son virage de mi-parcours pour s’attaquer à sa seconde partie clairement moins réussie, le cinéaste se met alors à labourer un discours qu’il a déjà suffisamment creusé et son effort prend du plomb dans l’aile, moins virtuose, moins palpitant, moins féroce. Malgré l’inversion de son récit qui aurait dû lui donner un nouvel élan et l’apparition de nouveaux personnages (Weisz en coup de cœur adorable et Seydoux en tyran anti-amour), The Lobster se met à ronronner, à tourner en rond, à perdre de sa superbe, tombant ainsi dans l’inégal dommageable. Aussi furieusement excellent durant une heure, qu’il ne se révèle étiré et redondant ensuite, on regrettera d’autant plus cette inconstance soudaine, que les idées et intentions étaient plus bonnes.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Vous avez oublié d’ajouter que le final est carrément génialissime et qu’il renouvelle un thème très ancien d’une façon complètement cohérente avec toute l’histoire jusque là…