C’est dans le très chic hôtel Bristol à Paris, que l’on a eu la chance de pouvoir rencontrer toute l’équipe du prochain film de George Clooney, The Monuments Men. Retour sur une interview décontractée, pleine d’humour et de complicité entre les stars présentes : George Clooney bien entendu, mais aussi Matt Damon, Jean Dujardin, Bill Murray, John Goodman, Bob Balaban, Dimitri Leonidas ainsi que le coscénariste du film Grant Heslov, l’auteur du livre dont est adapté le film Robert Edsel et guest surprise, la présence de Harry Ettlinger, dernier véritable « Monuments Men » encore vivant !
Retrouvez également notre couverture du tapis rouge de l’avant-première parisienne, ici.
INTERVIEW
Tout d’abord, George Clooney, qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette histoire ?
GC : Tout ça a commencé quand Grant Heslov (coscénariste fidèle de Clooney) est tombé sur le livre de Robert Etsel. Je ne connaissais pas cette histoire et je l’ai trouvé fascinante. C’est impressionnant la quantité d’œuvres volées pendant la guerre et pas seulement, il y a eu une vraie envie de détruire la culture. L’intention était de rendre justice aux spoliés. On en a parlé avec Grant et on s’est dit que ça pouvait faire un bon film, dans l’esprit de La Grande Evasion et les films de ce genre là. Puis nous avons écrit en pensant à certains acteurs, il nous fallait un français, ça tombait bien, on avait Jean Dujardin sous la main !
Dimitri Leonidas, vous avez un beau personnage de jeune juif allemand réfugié aux États-Unis. Comment l’avez-vous travaillé pour lui apporter autant de force ?
D. Leonidas : D’abord, j’avais un excellent script et j’ai lu le livre de Robert Etsel. Mais surtout, j’avais la chance d’avoir Harry Ettlinger à mes côtés (le dernier Monuments Men encore en vie et présent dans la salle) sur lequel mon personnage est basé. On a beaucoup parlé de sa vie, c’était une superbe référence pour m’appuyer et un vrai cadeau car il a été très généreux.
Harry Hettlinger, applaudi, se lève et s’exprime sur sa fierté d’avoir fait partie d’avoir de ce groupe d’hommes qui ont servi pour protéger la culture. Il précise avec humilité que cela dépassait sa seule personne et rend hommage à ses compagnons qui se sont sacrifiés pour protéger l’art et à tout ceux qui ont défendu la paix.
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/harry%20ettlinger.mov[/KGVID]
Avez-vous été surpris par la coïncidence de ces œuvres d’art retrouvées au moment de la sortie du film ? (Quantité d’œuvres volées à des collectionneurs juifs ont été retrouvées en décembre dernier chez un fils de marchands d’art nazi dont de précieux tableaux de Matisse, Picasso, Munch ou Cézanne)
Grant Heslov : C’était pas une coïncidence. George et moi, on avait tout planifié ! Non, une des raisons pour laquelle on a fait ce film, c’est qu’il y a encore beaucoup d’œuvres là dehors qui manquent à l’appel. C’est bien que le film relance ce débat de la restitution des œuvres d’art. Mais on a été très surpris bien sûr et on est heureux que ces œuvres aient été retrouvées et puissent retourner là où elles ont leur place.
Vous semblez tous très complices. Est-ce plus difficile à gérer de travailler quand on est amis, pour exprimer que l’on n’est pas satisfait d’une scène par exemple ?
M. Damon : Oh non, rassurez-vous, il passe son temps à me dire qu’il n’est pas content de moi !
Bob Balaban (en français, s’il vous plaît !) : Non c’était facile d’être dirigé par George Clooney car il est très intelligent, gentil, toujours de bonne humeur et c’est quelqu’un de très sérieux. C’est un metteur en scène accompli. Trois ans de français pour ça !
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/balaban%20sur%20clooney.mov[/KGVID]
John Goodman, et vous votre français ?
Il fait semblant de parler parfaitement français mais que son micro ne fonctionne pas.
Jean Dujardin : Non, c’est pas difficile. Le problème c’est qu’il n’arrête pas déconner donc pour se concentrer, c’est compliqué. Plus sérieusement, c’est pas difficile du tout parce qu’il créé une atmosphère très agréable et détendue. Aussi parce qu’ils sont tous bien préparés et qu’ils se connaissent tous bien. On a vraiment une bonne bande d’abrutis là quand même !
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/bande%20d%27abrutis.mov[/KGVID]
Matt Damon : Au contraire, c’est même plus facile parce que quand vous travaillez avec des gens qui ne sont pas vos amis, vous perdez beaucoup de temps pour ménager la personne en étant poli et diplomatique. Vous discutez beaucoup pour ne pas la vexer. George en a rien à cirer de ménager mes sentiments, lui ! (rires). On se connaît depuis des années donc il y a une vraie confiance entre nous et ça permet de régler les problèmes plus vite parce qu’il n’y a pas de question d’égo.
Bill Murray (surprise, en français !) : Pour moi, il est difficile de dire la vérité sur ce que c’est de travailler avec George Clooney. Tout le monde le voit comme quelqu’un de poli, joyeux, gentil, doux. Mais avec Bob Balaban par exemple, il était cruel, sévère, un vrai monstre complet ! (rires général)
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/Murray%20balance%20clooney.mov[/KGVID]
Le sujet du film est assez sérieux. C’était une intention de départ de faire un film plus léger où on a moins l’impression de voir un film de guerre que d’assister à une bande de potes qui commet le plus gros braquage de l’histoire ?
G. Clooney : En fait, on avait envie de renouer avec le cinéma avec lequel on a grandit comme Les Canons de Navarone, La Grande Evasion, Les 12 Salopards… On voulait un film plus léger malgré le sujet. On voulait divertir aussi. Mais oui, c’est un peu un film de braquage quand même.
M. Damon : Oui, c’est un peu un mix entre le film de guerre et le film de braquage, en fait. Il y a eu beaucoup trop de films cyniques sur la guerre et ses drames jusqu’ici et on voulait faire un film moins cynique que ça. C’est un film moderne mais on a l’impression qu’il a été réalisé dans les années 60 avant ce cynisme post-Vietnam etc…
Bill Murray : Moi ça me rappelle Charlie’s Angels !
Grant Heslov : George est un fan de Charlie’s Angels !
John Goodman : On faisait même des soirées pyjamas !
Matt Damon, vous performance en français dans le film est étonnante ? Vous avez eu un coach, c’était un défi pour vous de parler aussi mal ?
(rires)
M. Damon : C’était si mauvais que ça ?
G. Clooney : Bravo, bien joué hein !
M. Damon : Non, ce n’était pas un challenge du tout ! Et la seule indication que j’ai reçu de George, c’était « surtout, ne t’entraîne pas ! »
J. Dujardin : Moi, je ne me moquerais pas, j’ai un accent pourri en anglais aussi, alors…
G. Clooney : Quand vous voyez le film, vous avez quand même des sous-titres français pour comprendre son français ? Genre, « ah il parle en français ». « Qu’est-ce qu’il dit ? Aucune idée »…
Mr Clooney, on voit votre père dans le film. Ça a été une émotion particulière de diriger son propre père ?
G. Clooney : Mon père a fait la guerre en Allemagne. Donc c’était très émouvant de le ramener là-bas. Après, qui était le mieux placé pour me jouer vieux que mon propre père ! Je suis très proche de lui. Par contre, il a été l’acteur le plus difficile que j’ai eu a dirigé ! (rires) Parce que c’est pas dans l’ordre des choses qu’un fils dise à son père ce qu’il doit faire ! Non, sérieusement, c’était super et j’en suis fier.
Ces derniers temps en France, il y a une montée de l’antisémitisme. Pensez-vous que c’est un épiphénomène ou y’a t-il des raisons de s’inquiéter ?
M.Damon : Je pense qu’on doit se méfier parce que l’histoire a tendance à se répéter et on doit faire attention à que celle-ci ne se répète plus jamais.
G. Clooney : Il faut aussi remettre les choses en perspective. Au final, combien de gens cela concerne ? Par rapport à la population française… Mon père était reporter. Un jour, il y avait une manifestation de skinhead. Ils étaient six à hurler leur baratin raciste et homophobe. Et il a dû la couvrir. Mon père est monté au sommet d’un immeuble. Et il avait cette image de ces six pauvres petits minables. Et à côté, 3000 personnes qui leur criaient dessus. Parfois, il est nécessaire de remettre en perspective. Il faut faire attention à ne pas donner trop d’importance et d’attention à cette minorité stupide, car il ne représente pas la majorité.
Mr Clooney, les Monuments Men apparaissent très soudés. Comment avez-vous constitué le casting ?
G. Clooney : En picolant, la plupart du temps… (rires)
John Goodman : Oui, en buvant et en venant au boulot très tard…
C’est comme ça que vous travaillez John ?
J. Goodman : Non, moi, moi je suis retraité. Mais j’ai une sacrée carrière de ce côté là ! (rires)
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/casting%20en%20picolant.mov[/KGVID]
Pourquoi avoir pris une actrice américaine pour jouer une française ? (ndlr Cate Blanchett) ?
Clooney : On a bien un français qui joue un anglais ! (ironique, en référence à l’accent épouvantable de Matt Damon)
G. Heslov : Cate Blanchett est une grande actrice. Et c’est une amie. Quand on écrit le rôle, on pensait qu’elle serait fantastique. Et elle l’est. Elle va même bientôt gagner un Oscar ! (la comédienne est nommée pour Blue Jasmine)
Comment à réagi le public allemand au film ?
G. Clooney : Oh, ce fut incroyable. C’est peut-être l’accueil le plus chaleureux que j’ai eu depuis longtemps. Ils ont beaucoup aimé le film. C’était un super moment. On a eu une très longue ovation, 5 ou 10 minutes au moins !
Murray : 12. J’ai compté. Mais la plupart, c’était pas des applaudissements, c’était des gens qui toussaient. (rires général)
Question à tous, qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter votre rôle ?
Dimitri Leonadas : La vie de mon personnage est vraiment incroyable. Tout ce que voyez à l’écran est vrai à son sujet.
Bob Balaban : Mon personnage était un peu comme moi. Un poisson hors de l’eau. Il n’était pas un soldat mais il était très fier d’être une pièce de cette aventure importante. Et je crois que c’est valable pour mon personnage comme pour moi.
J. Goodman : Etre un homme un peu âgé qui a l’occasion de servir son pays grâce à l’un de ses talents, c’était intéressant à interpréter.
J. Dujardin : Dans mon cas, c’est quand même pas tous les jours que j’ai une chance pareille, c’est seulement mon 2eme film américain. C’est pas que je courre après mais j’étais heureux que George m’appelle pour ce rôle. On s’était bien entendu mais il fallait encore que le scénario me parle. Et pour une fois j’ai un personnage de français plutôt sympathique (cf Le Loup de Wall Street). Et puis je savais que le fond serait là aussi et que ça se ferait dans le plaisir. Je suis très heureux.
M. Damon : C’était une vraie leçon d’humilité d’interpréter mon personnage. Il avait une belle vie, une belle carrière et il prend une décision personnelle importante en mettant sa vie en danger pour partir dans une zone en guerre pour y sauver des œuvres d’art. C’était un honneur de jouer un personnage qui se sacrifie pour sauver des œuvres d’art.
B. Murray : Mon ami Robert Etsel qui a écrit le livre, m’avait écrit une lettre pleine d’encouragement. Cette lettre m’a décidé.
Question à Matt Damon, comment choisissez-vous vos rôles ?
M. Damon : Selon qui réalise. C’est ce qui m’intéresse la plupart du temps. De travailler avec de bons metteurs en scène qui ont de l’expérience. Bon, excepté pour ce film… (rires)
G. Clooney : Ouais cette fois, c’était pour l’argent que tu l’as fait, pas vrai !
DERNIÈRE QUESTION HILARANTE MAIS ATTENTION SPOILER !
Monsieur Clooney, pourquoi dans cette équipe, vous tuez seulement le français et l’anglais ?
G.Clooney : Je vais vous dire la vérité…
J. Dujardin : Ouais, vas-y, dis-le à la caméra !
G. Clooney : Je voulais pas tuer l’anglais… (rires). J’ai passé du temps avec Jean Dujardin pendant la campagne des Oscars, quand on était en compétition pour l’avoir. Je me souviens lui avoir dit « si tu apprends à parler anglais, tu auras ton Oscar ». Quelle phrase stupide… (George Clooney était nommé face à Dujardin et ce dernier lui a soufflé la statuette) Mon plan était donc de le faire monter dans un avion au début du film, et de faire exploser l’avion ! (rires). Mais Grant Heslov m’a dit que ça ne serait pas bien pour le public français. Alors je l’ai laissé vivre encore un peu. Et puis j’ai eu ma revanche ! (rires général)
La vidéo en 2 parties.
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/spoiler1.mov[/KGVID]
[KGVID]../wp-content/uploads/2014/02/oscar%20de%20dujardin.mov[/KGVID]
Retrouvez également notre couverture du tapis rouge de l’avant-première parisienne, ici.
Merci à Manon et Servane de l’Agence Ogilvy et Alexis et Morgane de chez Fox.