Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Bolgen
Père : Roar Uthaug
Date de naissance : 2015
Majorité : 27 juillet 2016
Type : sortie en salles
Nationalité : Norvège
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Catastrophe
Livret de famille : Kristoffer Joner (Kristian), Thomas Bo Larsen (Philip), Ane Dahl Torp (Idun), Fridtjov Såheim (Arvid), Jonas Hoff Oftebro (Sondre), Arthur Berning (Bussjåfør)…
Signes particuliers : Une bande-annonce qui laissait présager le meilleur, un film catastrophe qui au final, tient la route.
LA NOUVELLE VAGUE
LA CRITIQUE
Résumé : Kristian Eikfjord, géologue expérimenté, a accepté une offre d’emploi hors de la ville. Il se prépare à déménager de Geiranger avec sa famille, lorsque ses collègues et lui remarquent des petits changements géologiques dans le sous sol. Kristian s’inquiète et son pire cauchemar est sur le point de devenir réalité, lorsque l’alarme se déclenche et que la catastrophe devient inévitable. Kristian a moins de 10 minutes pour sauver le plus de personnes possible, y compris sa propre famille.L’INTRO :
Il y a quelques mois de cela, une bande annonce foutrement alléchante venue de Norvège n’avait pas manqué d’attirer l’attention sur la toile. Il s’agissait du film catastrophe Bolgen, blockbuster spectaculaire narrant les mésaventures d’une ville en bordure d’un lac à flanc de montagne, faisant face à un éboulement redouté depuis longtemps et entraînant un tsunami dévastateur. Succès colossal au box office local où il est sorti au cours de l’été 2015, Bolgen, rebaptisé The Wave à l’international, est en attente d’une distribution en France (le film aurait été acheté mais aucune nouvelle d’une quelconque date de sortie pour le moment). Fort heureusement, le Festival des Arcs a eu la bonne idée de le proposer en avant-première. Aux commandes de ce nouveau spectacle de destruction massive, rien de moins que Roar Uthaug, cinéaste qui n’a rien d’un inconnu puisque c’est à lui que l’on doit le premier chapitre de la saga horrifique Cold Prey. Désireux de se frotter à un genre dont il est un immense fan de longue date, Uthaug s’est lancé à corps perdu dans cette aventure partiellement inspirée de tragédies similaires et bien réelles, survenues en Norvège au cours du XXeme siècle.L’AVIS :
Pour les amateurs de cinéma catastrophe d’hier et d’aujourd’hui, autant prévenir, The Wave ne fait clairement pas dans l’originalité. En bon élève qu’il est, au passage fin connaisseur de ses classiques (on pense au Pic de Dante, entre autres), Roar Uthaug s’est surtout appliqué à reprendre la structure ultra-formatée propre au genre depuis les années 70, pour l’apposer religieusement à son blockbuster confectionné dans une volonté d’intensité permanente et montant crescendo. Pour le reste, on sait pertinemment où l’on est, où l’on va, et comment. The Wave démarre donc en posant ses enjeux catastrophes et humains, puis en faisant grimper graduellement le tensiomètre en laissant planer la fameuse menace que l’on attendra patiemment en se rongeant les ongles, alors qu’un homme essaie d’alerter sa hiérarchie. Et comme toute bonne chose sait se faire attendre, c’est au bout de trois quarts d’heures que le cinéaste lâchera à l’écran le traditionnel moment de bravoure central ouvrant les vannes du spectaculaire. Une bonne quinzaine de minutes où la force des éléments va déchaîner sa furie sur la petite ville de Geiranger. Suivra alors le parcours du combattant des rescapés, plus particulièrement celui d’une famille éparpillée dans le carnage. Bref, rien de nouveau sous les cieux du disaster movie reproduisant une recette convenue et qui a fait ses preuves, du côté du cinéma hollywoodien notamment.Plutôt adroit et doté d’effets spéciaux convaincants (le point de jugement premier commun à la plupart des films du créneau), The Wave assure le job qu’on lui réclamait malgré quantité de défauts l’amenant sur l’entredeux ligne de la semi-réussite vs semi-déception. Un déroulé excessivement prévisible, quelques clichés, certains moins incontournables que d’autres, une séquence catastrophe qui, comme souvent, s’avère trop courte pour nos yeux sadiques, des improbabilités ça et là, ou encore un troisième acte manquant de poigne et d’impact haletant. Mais malgré ces éléments à mettre peut-être au crédit d’une attente trop forte, The Wave demeure un spectacle de qualité, dont on retiendra essentiellement la très bonne tenue d’une première partie qu’Uthaug parvient à emballer sans ennuyer. Il n’est pas inhabituel de voir quantité de films catastrophes traîner la patte tout au long d’une exposition aussi longue que mollassonne. Pourtant sans égrener quelques séquences précurseurs (généralement typiques de la mécanique moderne du genre visant à faire sagement patienter le spectateur), le cinéaste réussit à nous accrocher à son récit avec habileté sans jamais que le retardement de son climax explosif ne se fasse trop attendre. Curieusement, ce serait presque même dans la gestion de la montée de sa tension, qu’Uthaug se montre le meilleur, sa peinture du chaos post-destruction faisant à l’opposé office de partie la plus faible, laissant d’ailleurs poindre les petites limites de ses moyens financiers.Tout aussi peu révolutionnaire, inégal et cousu de fil blanc qu’il est, The Wave s’avère en définitive plutôt fréquentable. Avec un budget de seulement 6 M€, soit des cacahuètes même pas enrobées de caramel, Roar Uthaug réussit à parfaire un exercice efficace et divertissant, oscillant entre l’habile et le correct. Sans atteindre certains sommets impressionnants (on pense à The Impossible ou le Au-Delà d’Eastwood uniquement pour leurs séquences de tsunami), force est de reconnaître qu’il se range quand même dans un tout autre niveau que le nanardeux 2022 Tsunami, étron thaïlandais de sinistre mémoire, ou encore son médiocre homologue coréen The Last Day. On ne manquera pas, au passage, d’en louer la plastique d’excellente tenue (la photographie en tête), capturant à merveille les superbes paysages norvégiens, ou le choix d’avoir expurgée de l’histoire les à-côtés récurrents superflus, pour se concentrer sur l’humain au cœur d’un chaos réaliste survenu trop vite pour réagir.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux