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LE FONDATEUR de John Lee Hancock : la critique du film

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note 3.5 -5
Carte d’identité :
Nom : The Founder
Père : John Lee Hancock
Date de naissance : 2015
Majorité : 28 décembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Biopic

Livret de famille : Michael Keaton, Laura Dern, Patrick Wilson, Linda Cardellini, John Caroll Lynch, Nick Offerman…

Signes particuliers : Un biopic passionnant, porté par un époustouflant Michael Keaton !

LES DESSOUS DE LA CRÉATION DE MCDONALD’S

LA CRITIQUE DE LE FONDATEUR

Résumé : Dans les années 50, Ray Kroc rencontre les frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers en Californie. Bluffé par leur concept, Ray leur propose de franchiser la marque et va s’en emparer pour bâtir l’empire que l’on connaît aujourd’hui.the_founderDécidément, John Lee Hancock aime les biopic et surtout, aime raconter des histoires vraies souvent méconnues du grand public. Après celle du footballeur américain Michael Oher avec The Blind Side, puis celle des dessous de la rencontre entre Walt Disney et la romancière Pamela L. Travers sur fond de naissance d’adaptation du chef-d’oeuvre Mary Poppins (Dans L’ombre de Mary), le réalisateur s’attèle aujourd’hui à la vie de Ray Kroc, un nom familier de certains ou inconnu au bataillon pour d’autres. Et pourtant, tout le monde a eu affaire à l’œuvre de Ray Kroc au moins une fois dans sa vie, puisque c’est cet américain moyen, ex-vendeur itinérant, qui fera naître l’un des plus puissants empires au monde : McDonald’s. Direction l’Amérique du début des années 60, à la rencontre d’un homme aux multiples facettes.the_founder_3Simple et efficace, mais plus riche qu’il n’en a l’air dans son propos général, puisque son intérêt historique trouve un écho contemporain dès plus passionnant sur l’état de l’Amérique moderne, The Founder est un biopic divertissant et souvent intelligent, classique sur la forme mais non dépourvu de quelques fulgurances créatives subtilement glissées dans ses entournures. On a souvent reproché à John Lee Hancock, la fadeur de son style très impersonnel et manquant d’aspérités. Si The Founder ne brille pas forcément par d’indéniables qualités cinématographiques subjuguantes, on ne pourra en revanche, qu’apprécier l’effort d’avoir su livrer un film anti-hagiographique. Hancock ne cherche pas à servir la soupe à son légendaire protagoniste incarnant le self-made-man dans toute sa splendeur, et le réalisateur n’hésite pas à dresser un portrait terrible de ce qu’il a pu être, avec ses qualités et ses défauts, à la fois contradictoires et complémentaires.the_founder_1Outre la performance époustouflante d’un grand Michael Keaton, dont décidément le retour en grâce est un régal, The Founder captive de bout en bout pour de nombreuses raisons. D’abord, car il relate de manière ludique et passionnante, les étapes méconnues de la naissance de l’un des plus grands empires économiques du monde. Ensuite, car il se dédouble en toile de fond, d’un portrait amer et lucide de l’essence profonde de l’Amérique moderne. Alors que la nation Yankee n’a de cesse de vanter fièrement ses valeurs relatives au « rêve américain », The Founder vient nuancer ce principe phare censé régir toutes les fondations du pays de l’Oncle Sam. Le rêve américain existe. Tout le monde peut devenir quelqu’un. Ray Kroc en est le plus parfait exemple. Ex-vendeur galérien aux milles échecs, il est devenu un homme puissant, incarnation de la réussite absolu après avoir bâti l’empire « McDo ». Mais pas que. Car aujourd’hui, le mythe du rêve américain semble être comme une vague chimère fanée. Et paradoxalement, Ray Kroc en est aussi le plus parfait exemple ! En somme, ray Kroc représente tout et son contraire, et c’est exactement ce que The Founder met en image en retraçant son histoire.20founder-diptych1-left-jumboAujourd’hui, l’Amérique des honnêtes travailleurs d’antan qui bossaient dur pour réussir, est comme un vieux souvenir oublié, balayé par l’Amérique du capitalisme tout-puissant, balayé par les requins de la finance, ces monstres carnassiers prêt à tout pour amasser. Le rêve américain possible pour les classes moyennes a ainsi été englouti, remplacé par la puissance écrasante de ces rapaces avides, prêts à déchirer, dévorer, broyer. Désormais, il n’est plus question de labeur honnête pour grimper les échelons à la seule force de son travail. Désormais, il est question de tuer (symboliquement), d’écraser, de broyer les autres pour grimper au sommet en marchant sur leurs cadavres. C’est la triste réalité de l’économie américaine actuelle, et c’est aussi la triste réalité de la fondation de l’empire McDonald’s, érigé dans la bassesse et la traîtrise. Quelque part, l’empire McDonald’s (et par association Ray Kroc) représente à lui-seul le meilleur et le pire des Etats-Unis, le rêve américain et le système qui l’a tué. Via un biopic historique, John Lee Hancock en dit long sur l’état de l’Amérique actuelle et The Founder gagne en densité grâce à cette superposition qui le rend définitivement passionnant, à défaut d’être un grand film.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

2 thoughts on “LE FONDATEUR de John Lee Hancock : la critique du film

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