Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Nos Femmes
Père : Richard Berry
Date de naissance : 2014
Majorité : 07 octobre 2015
Type : Sortie DVD
(Éditeur : TF1 Vidéo)
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de famille : Daniel Auteuil (Paul), Richard Berry (Max), Thierry Lhermitte (Simon), Pauline Lefevre (Estelle), Mireille Perrier (Karine)…
Signes particuliers : Adapté de la pièce de théâtre à succès d’Eric Assous, une comédie affligeante portée par un trio d’acteurs stars.
DU THÉÂTRE AU CINÉMA…
LA CRITIQUE
Résumé : Max, Paul et Simon sont amis depuis 35 ans. Une amitié joyeuse, assidue et sans nuage. Si leur vie professionnelle est une réussite, le bilan de leur vie privée est plus mitigé. Un soir, nos trois amis ont rendez-vous chez Max pour une partie de cartes. Simon apparaît anéanti, et raconte qu’il s’est disputé avec Estelle son épouse et que dans un accès de colère, il l’a étranglée. Max et Paul sont saisis d’effroi. Surtout quand Simon les supplie de lui fournir un alibi afin qu’il puisse échapper à la prison. Max et Paul hésitent. Mentir à la justice ou dénoncer leur meilleur ami ?L’INTRO :
Quand Richard Berry s’est dit « Tiens, et si on transposait au cinéma cette pièce qui nous éclate tant sur les planches du Théâtre de Paris ?« , le comédien/metteur en scène espérait sans doute secrètement, reproduire le « coup » du duo Alexandre de La Patellière et Matthieu Delporte avec Le Prénom (ou plus lointainement du Dîner de Con de Veber). Succès sur scène, la comédie avec Patrick Bruel s’était muée alors en véritable carton au cinéma, porté par un excellent bouche-à-oreille critique et public. Mieux, la pièce avait su brillamment quitter le statisme scénique pour se métamorphoser en huis-clos délicieusement vachard tout en conservant son esprit initial. Richard Berry pouvait-il faire pareil avec Nos Femmes ? Dans l’absolu, sans doute. L’acteur et son partenaire Daniel Auteuil reprennent leurs rôles respectifs, et seul Thierry Lhermitte s’invite dans la distribution, remplaçant Didier Flamand dans cette version cinéma.L’AVIS :
Mais voilà, s’il y a bien une chose que le tandem Alexandre de La Patellière et Matthieu Delporte avait compris au moment de transposer Le Prénom, c’est qu’un effort d’adaptation vers le grand écran implique obligatoirement le passage par une étape où l’on « adapte ». Avec un grand « A » de préférence. Visiblement, un processus auquel Richard Berry a eu la flemme de se coller. Lourdement calé dans son armure forgée dans la plus crasse des médiocrités, et prêt à s’en aller guerroyer sur le champ de bataille de la lie du cinéma français, Nos Femmes s’inscrit dans la culture du « pire », touchant du doigt la quintessence de la nullité et du grotesque au point que l’on préfèrerait se coltiner un discours de 72 heures de Nadine Morano plutôt qu’une minute de plus de cet accident industriel que l’on ne taxera même pas mauvais, mais plutôt de gênant, ce qui dans le fond, est pire.Nos Femmes est basé sur deux principes fondateurs. D’un côté, la qualité de sa plume visant les échanges croustillants entre les protagonistes d’un vrai vaudeville, et de l’autre, son trio de comédiens de luxe plutôt vendeur. Deux jambes qu’il était important de voir fermement ancrées dans le sol pour que le pari tienne, mais qui malheureusement, se brisent l’une comme l’autre, provoquant l’effondrement de toute l’affaire. L’écriture ? Expédiée avec des pantoufles aux mains, elle brille par sa fainéantise, d’autant que les artifices déployés pour esquiver l’excès d’immobilisme théâtral, ne fonctionnent pas. Comme ces flashbacks niaiseux permettant de sortir un peu du huis clos, ou une horrible voix off censée donner un cachet cinématographique à la chose… Tout est raté, chaque seconde devient une torture pour les yeux, comme pour les oreilles. Car à cette première débâcle artistique, se rajoute l’interprétation générale à étudier dans toutes les bonnes écoles d’acting. Le trio de cabotins en présence, semble se croire encore sur une scène de théâtre et oublie complètement de jouer de façon cinématographique. Chaque tirade devient un supplice épouvantable de surjeu risible dans ce marasme surréaliste, sans cesse téléphoné, désuet, paresseux et flirtant avec les confins de la bouffonnerie tragicomique. Bref, Nos Femmes est un anti-Le Prénom. Anti-malin, anti-truculent, anti-bon. Une atrocité exaspérante qui s’impose comme l’un des pires films de l’année 2015, toutes catégories confondues, à tel point que l’on en vient à s’interroger sur le « comment » de cette entreprise. Hallucinogène, Nos Femmes captive par sa propension à œuvrer dans le navrant le plus absolu et c’est déconfit, que l’on se demande si l’on est en train de rêver ou si le cauchemar est bien réel. Et on ne soulignera même pas la crasse misogynie de la chose, le film est déjà assez embarrassant comme ça.
Un making-of d’environ 18 minutes vient compléter le film, sur son édition Blu-ray comme DVD. Entre images du tournage, extraits du film et interviews des comédiens, plus particulièrement de l’acteur-réalisateur Richard Berry, l’occasion d’en apprendre davantage sur le travail de transposition de l’histoire de la scène vers le cinéma, sur la mécanique, les personnages, la mise en scène, le décor, ou encore ce « grand moment » où Berry se prête à une improvisation caricaturale sur du rap.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux