Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Babadook
Mère : Jennifer Kent
Date de naissance : 2014
Majorité : 03 décembre 2014
Type : Sortie DVD, Blu-ray, VOD
Nationalité : Australien
Taille : 1h34 / Poids : 2,3 M$
Genre : Épouvante
Livret de famille : Essie Davis (Amelia), Noah Wiseman (Samuel), Daniel Henshall (Robbie), Hayley McElhinney (Claire), Barbara West (Mme Roarch), Ben Winspear (Oskar), Tim Purcell (Babadook), Chloe Hurn(Ruby)…
Signes particuliers : On croyait ce cinéma d’épouvante là, perdu à jamais. Jennifer Kent le ressuscite. Babadook convoque un boogeyman comme on en fait plus mais surtout, une histoire qui dépasse de loin les seules limites imposées par son registre, intelligemment fondu dans celle-ci. Stressant et terrifiant dans son visage horrifique, émotionnellement fort et subtil dans son visage dramatique, Mister Babadook est une réussite.
BABADOOK IS COMING : BAAAA-BAAAA-DOOOOK DOOOK DOOOK…
LA CRITIQUE
Résumé : Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu’elle n’arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé ‘Mister Babadook’ se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le ‘Babadook’ est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations… L’INTRO :
Comédienne australienne dont la carrière n’a jamais vraiment explosée, Jennifer Kent a décidé de se reconvertir dans la mise en scène. En 2005, elle signe le court-métrage Monster, qui connaîtra un petit succès remarqué. L’histoire d’une mère et de son fils affrontant un monstre dans leur maison. Un concept en apparence expéditif mais dont la néo-réalisatrice saura cerner le potentiel méritant davantage. De ce court qui lui aura mis le pied à l’étrier, la cinéaste en tirera alors un long-métrage huit ans plus tard, financé en partie via un appel de fonds sur le site participatif à la mode, Kickstarter. En 2014, débarque le phénomène Mister Babadook, drame horrifique qui aura fait sensation au dernier festival de Gérardmer dont il est reparti en trustant pas moins de quatre prix, après un buzz déclenché à l’issue de sa présentation à Sundance. Il n’en fallait pas plus pour faire du film, l’une péloche de genre parmi les plus attendues de l’année !L’AVIS :
Réputation usurpée ou véritable bijou méritant ? C’est toute la question que l’on était en droit de se poser, non sans une certaine méfiance devant un film semblant jouer sur un registre extrêmement labouré ces derniers temps. Et la réponse de tomber comme une déflagration, Mister Babadook et son titre attisant la curiosité, est bel et bien une franche réussite, originale et inattendue de surcroît, loin de la production outrancière et formatée actuelle. Le film de Jennifer Kent réveille les plus sombres terreurs enfantines et les transforment habilement en terreurs adultes par des passerelles narratives établies avec adresse. Tapi dans l’ombre de nos cauchemars les plus terrifiants, fort d’une mythologie intelligemment bâtie, précédé d’une comptine intimidante et armé d’un look et d’une voix inspirant instantanément effroi et peur panique, Mister Babadook est une nouvelle figure déjà culte, du cinéma d’horreur. Une sorte de boogeyman-croquemitaine comme on en fait plus aujourd’hui, convoquant autant Freddy que le Nosferatu de Murnau, avec un soupçon de fantôme à la japonaise. Tremblez pauvres âmes, quand Mister Babadook arrive, il est déjà trop tard, le calvaire commence.Mister Babadook et sa rengaine annonciatrice relève du grand cinéma de peur à l’état pur, à la manière des Exorciste, Poltergeist ou Freddy mais drapé dans une histoire appelant à bien plus, façon Rosemary’s Baby ou encore Shining. Toutes proportions gardées bien entendu, mais littéralement oppressant, suffocant, inconfortable. Sa plus grande force est de savoir manœuvrer avec talent entre l’authentique drame psychologique inquiétant et le cinéma d’horreur viscéral et tétanisant, les deux registres évoluant conjointement tout en se nourrissant l’un de l’autre, fonctionnant par et pour eux-mêmes autant, qu’il ne s’entremêlent avec une habileté de chaque instant. Car Mister Babadook est de ces films qui peuvent être perçu différemment selon l’axe par lequel on l’aborde, aussi brillant drame sur une mère esseulée à la limite de la rupture, confrontée aux difficultés psychologiques de son enfant difficile et hyperactif, qu’il n’est un film d’horreur terriblement stressant et fondamentalement angoissant, jouant de l’art de la trouille cachée dans les recoins sombres plutôt que frontalement démonstrative. La meilleure, en somme.Mister Babadook propose quelque-chose de neuf malgré le poids de ses références évidentes affichées avec une immense cinéphilie, les clins d’œil aux classiques des années 70 se multipliant à travers des emprunts à Mario Bava, Argento, Carpenter, mais aussi Méliès (pour son art du sinistre derrière ses saynètes comiques), Murnau, Tourneur etc… Exit les Jump Scare faciles, exit le sensationnalisme faussement impressionnant ou les scènes archi-éculées que l’on aurait déjà vu mille fois (même si parfois dans sa dimension horrifique, le film lorgne du côté de certains hits comme le Mama de Muschietti), Babadook ambitionne de proposer bien plus qu’un simple film de genre. Et c’est avec brio que Jennifer Kent articule le registre à une histoire émotionnellement forte et riche, alimentée par plusieurs thématiques qui ne se contentent jamais d’être sous-jacentes mais qui prennent le récit à bout de bras pour confectionner un arc narratif passionnant, soutenu par des personnages écrits avec soin, justesse et intelligence. On partage le calvaire quotidien harassant de cette mère à bout de nerfs, on éprouve de l’empathie pour son enfant insupportable et tourmenté, on s’immerge totalement dans les liens qui unissent ces deux protagonistes dans un magnifique drame filial puissant de subtilité sur fond d’absence du père, décédé dans un accident de voiture le jour de la naissance de son rejeton. Puis l’épouvante s’installe, deuxième lame venant achever cette micro-cellule familiale déjà passablement malmenée par la vie. Un hasard ? Pas si sûr…
Comme nombre de premiers films, Mister Babadook traîne derrière lui un petit lot de maladresses qu’il faut bien avouer, est pour une fois fort maigre, essentiellement concentré dans une post-conclusion certes ambitieuse mais qui aura de quoi laisser perplexe aussi, même si ironiquement, c’est en grande partie grâce à elle que le film se voit enrichi d’une quantité de sous-lectures possibles. Et parmi celles-ci, c’est peut-être celle qui séduira le moins les amateurs de genre pur, qui semblera pourtant la plus évidente à dégager, conférant au film tout entier une ingéniosité remarquable. Dans tous les cas, une conclusion un peu gâchée par hésitation entre l’explicite et l’implicite, désamorçant avec une logique pourtant d’une clairvoyance rare mais maladroitement amenée, le sommet de la tension proposée. Néanmoins, fort d’un récit surprenant, fort de comédiens renversants (un grand coup de chapeau à l’actrice Essie Davis et au jeune Noah Wiseman, 6 ans et impressionnant de conviction), et d’une plastique à tomber parterre, adjointe à un travail sonore absolument magistral et acteur de la teneur de l’ambiance déployée, Mister Babadook est une petite bombe au triomphe modeste. Enfin un film de genre qui ne se contente pas de son seul statut mais qui l’incorpore dans un tout à la grandeur fascinante.Si jamais par mégarde on se met à y repenser en se couchant, Babadook n’aura pas fini d’hanter les nuits des âmes les plus sensibles ! Et si le film ne s’impose pas comme le drame horrifique de l’année, alors on est impatient de savoir qui viendra lui voler la vedette. Qu’il se lève de bonne heure car l’écho du leitmotiv « Ba-ba dook dook dook » résonne encore dans nos esprits effrayés.
LE TEST
Techniquement d’abord… Côté image, on est dans du classique à savoir du 2:35 en 16/9ème sur le DVD et une belle résolution en 1080p sur le Blu-ray. Mais si l’image a son importance, cela va de soi, on attendait surtout de voir le traitement audio car, pour qui a vu Mister Babaddok, on aura noté la présence d’une bande-son extrêmement riche et travaillée qui demandait à être mise en valeur. C’est chose fait avec du Dolby Digital 5.1 sur le DVD et du DTS 5.1 sur le Blu-ray. de quoi profiter pleinement de l’expérience.
Le DVD et le Blu-ray édités par Wild Side n’affichent pas les mêmes bonus. Normal. D’une, question de standing, le Blu-ray se doit d’être « au-dessus » mais surtout, pour des raisons de capacité (8 Go pour un DVD vs 50 Go pour un Blu-ray). C’est donc logiquement, vous vous en doutez bien, que le Blu-ray a l’avantage. En commun, les deux éditions partagent un entretien exclusif avec la passionnante réalisatrice australienne Jennifer Kent (17 minutes) et l’excellent court-métrage Monster (11 minutes) à l’origine de Mister Babadook. Pour les détendeurs d’un lecteur Blu-ray, pas moins de quatre autres suppléments viennent garnir l’édition prestigieuse. Des entretiens avec l’actrice Essie Davis et avec le reste de l’équipe du film, un module sur l’incontournable et flippant livre du Babadook (qui au passage pourrait voir le jour pour les amateurs de produits dérivés si 2000 pré-commandes sont atteintes – voir le site officiel ici) avec une interview de l’illustrateur Alex Juhasz et enfin un petit module sur les décors du film.
Bande-annonce VF :
Bande-annonce VOST :
Par Nicolas Rieux