Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Lion
Père : Garth Davis
Date de naissance : 2016
Majorité : 22 février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Australie, USA
Taille : 2h09 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique, Biopic
Livret de famille : Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman, David Wenham, Sunny Pawar, Abhishek Bharate…
Signes particuliers : Une belle histoire, riche en émotions.
LE PETIT SAROO EST ATTENDU PAR SA MAMAN
LA CRITIQUE DE LION
Résumé : Une incroyable histoire vraie : à 5 ans, Saroo se retrouve seul dans un train traversant l’Inde qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta. Après des mois d’errance, il est recueilli dans un orphelinat et adopté par un couple d’Australiens. 25 ans plus tard, Saroo est devenu un véritable Australien, mais il pense toujours à sa famille en Inde. Armé de quelques rares souvenirs et d’une inébranlable détermination, il commence à parcourir des photos satellites sur Google Earth, dans l’espoir de reconnaître son village. Mais peut-on imaginer retrouver une simple famille dans un pays d’un milliard d’habitants ?
L’argument marketing était presque évident pour Lion, premier long-métrage du jeune réalisateur australien Garth Davis. Parce qu’il se passe en Inde, parce qu’il mélange humour et drame, parce qu’il se drape d’un petit côté social, qu’il carbure à l’émotion et qu’il est porté par Dev Patel, Lion s’offre au public comme une résonance au désormais célèbre Slumdog Millionaire, le triomphe international de Danny Boyle, récompensé de nombreux Oscars en 2008. Vous vous souvenez peut-être de l’incroyable histoire de ce petit garçon indien qui s’était perdu dans une gare ferroviaire du fin fond de l’Inde, avant de se retrouver propulsé par mégarde, seul à des milliers de kilomètres de chez lui ? En 2012, l’aventure du jeune Saroo, qui avait mis plus de 25 ans avant de retrouver son village natal, avait ému le monde entier. Quatre ans plus tard, Garth Davis revient sur cet authentique fait divers qui avait fait le tour du monde, à travers un drame bouleversant, qui ne manquera pas de faire couler de chaudes larmes devant cette épopée à la fois lumineuse et poignante.
Dès les premières images survolant de splendides décors naturels, Lion envoie un message : la beauté sera au cœur de tout. Et même si le formalisme sera prédominant dans la mise en scène de Davis, qui filmera amoureusement son personnage et les lieux qu’il va traverser, c’est finalement plus la beauté de l’histoire qui nouera la gorge des spectateurs, alors que l’on comprendra plus tard, que ces images d’introduction préfigureront une boucle, celle du parcours de son jeune héros au grand voyage tragiquement épique. Avec Lion, le cinéaste nous emporte dans une aventure qui pourrait presque paraître improbable et sortie de l’imagination de scénaristes farfelus, si elle n’était pas vraie. Une chose est sûre, l’incroyable histoire du jeune Saroo était très cinématographique et elle méritait bien une adaptation sur grand écran.
De la première à la dernière minute, Garth Davis assoie son entreprise sur une émotion qui ne quittera jamais son film. Que ce soit dans sa première partie suivant les péripéties de ce jeune enfant perdu loin de chez lui, dans une contrée dont il ne parle même pas la langue, où dans la seconde davantage portée sur ses souvenirs remontant à la surface alors qu’il a refait sa vie en Tasmanie, lui donnant ainsi la volonté d’entreprendre les recherches nécessaires pour remonter le fil de son passé, Lion se teinte d’une magnifique humanité qui épouse une justesse du ton permanente. Ne tombant jamais dans un excès de sentimentalisme lourdingue et privilégiant sans cesse les émotions et ressentis de son protagoniste observé à deux étapes de sa vie, Lion magnifie sa belle histoire, à la base de toute sa démarche. Et si Garth Davis délaisse parfois certains pans périphériques de son intrigue, notamment dans sa partie « australienne » (les liens qu’il crée avec sa nouvelle famille ou sa petite-amie incarnée par Rooney Mara ne sont pas toujours bien exploités), impossible de se couper de cette décharge émotionnelle vibrante qui cumule plusieurs mérites, d’une part son efficacité immersive bien aidée par l’authenticité de sa folle aventure, d’autre part la qualité de son interprétation générale. Pour un formidable Dev Patel en jeune adulte perturbé par les réminiscences de son passé, une Nicole Kidman touchante en mère adoptive, et surtout, le jeune Sunny Pawar, jeune garçon haut comme trois pommes et qui bouffe l’écran en prêtant ses traits à l’enfant Saroo.
Préparez vos mouchoirs, Lion est un film aussi trépidant que déchirant, certes assez facile dans son écriture, mais élevé par la puissance de ce qu’il raconte, mis en images à travers une réalisation baignant dans une étourdissante poésie. Et comme Slumdog Millionaire avant lui, qui avait ouvert une voie dans laquelle il n’a plus qu’à glisser ses pieds, Lion s’efforce de montrer une réalité de l’Inde absente des cartes postales, celle d’un pays au développement frénétique mais gangréné par une misère dont les enfants sont les premières victimes.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux