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LES SEPT DE CHICAGO d’Aaron Sorkin : la critique du film [Netflix]

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Carte d’identité :

Nom : The trial of the Chicago 7
Père : Aaron Sorkin
Date de naissance : 2019
Majorité : 16 octobre 2020
Type : sortie sur Netflix
Nationalité : USA
Taille : 2h12 / Poids : NC
Genre : Drame, Judiciaire, Biopic

Livret de Famille : Eddie Redmayne, Sasha Baron Cohen, Joseph Gordon-Lewitt, Mark Rylance, Michael Keaton, Frank Langella, Rory Cochrane…

Signes particuliers : Vif, passionnant, résonnant.

 

 

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NOTRE AVIS SUR LES SEPT DE CHICAGO

Synopsis : Lorsque la manifestation en marge de la convention démocrate de 1968 tourne à l’affrontement, ses organisateurs sont accusés de conspiration et d’incitation à la révolte…

Et c’est au tour du surdoué Aaron Sorkin de venir faire un arrêt filmique chez Netflix. Enfin presque. Initialement, Les Sept de Chicago devait être réalisé par Spielberg avant de devenir le second long-métrage de cinéma du scénariste d’A La Maison Blanche ou de The Social Network après Le Grand Jeu il y a trois ans. Mais la pandémie de Covid est passée par là et la Paramount a fait le choix d’en revendre les droits d’exploitation à la surpuissante plateforme qui décidément se sera bien gavé cette année. Porté par un casting assez dingue (Eddie Redmayne, Sasha Baron Cohen, Joseph Gordon-Lewitt, Mark Rylance, Michael Keaton, Frank Langella, Rory Cochrane), Les Sept de Chicago revient sur le procès des Chicago Seven à la fin des années 60. Pour un micro-point d’histoire, les Chicago Seven étaient sept prévenus jugés en 1969 pour conspiration et incitation à la révolte après les émeutes sanglantes entre manifestants et policiers en marge de la Convention démocrate de 1968 à Chicago. Le tout sur fond de remous politiques, de jeunesse révoltée, de Black Panther, de mouvement hippie et de guerre du Vietnam.

On a toujours tendance à ce méfier un peu des films de procès (ou des biopic judiciaires) car si la réussite haletante peut-être au bout du tribunal, le risque est tout aussi grand de tomber dans le statisme lassant tournant en rond dans un axe réduit allant du juge aux jurés en passant par le procureur, les avocats et les accusés. Mais dans le cas présent, Les Sept de Chicago bénéficie de l’énergie artistique d’Aaron Sorkin. Quand on connaît le travail du bonhomme et son appétence pour les tempos très vifs, on sait tout de suite que le film a peu de chance d’être ronronnant. Et c’est le cas, parfois même un peu trop. Comme cette entame interminablement frénétique qui tente de résumer un contexte à la force d’un montage tabassé au cordeau et soutenu par une musique endiablée. Sept longues minutes ressemblant presque un clip survitaminé. A ce stade, Les Sept de Chicago peut inquiéter avec son côté « Paolo Sorrentino sous acides ». Heureusement, il ne durera pas et si le film ne va jamais vraiment courber l’échine devant un classicisme posément illustratif, il va tout de même ralentir (un peu) le pas pour plonger le spectateur au cœur de son sujet. Un sujet passionnant que le cinéaste parvient à extirper des dangers de la simple leçon d’histoire imagée pour lui conférer une résonnance actuelle.

Les Sept de Chicago est l’histoire d’une parodie de justice vieille de 50 ans mais qui en appelle aux valeurs démocratiques de l’Amérique, rappelant que quand la Nation tourne le dos à ses valeurs « lincolniennes » les plus fondamentales, elle s’abîme et se confond en ridicule. Peut-on y voir un pied de nez à l’ère Trump ? Très certainement. Et pour aller plus loin, on peut même voir dans l’entreprise de Sorkin, un procès ouvert des années trumpistes.  Trop de choses sont évocatrices. L’idée que la justice n’a pas à être le bras armé d’un Président, l’idée d’institutions pourries par des personnes placées pour être à la solde du grand manitou de la Maison-Blanche, l’idée d’un contexte de remous politiques et de vents de révoltes diverses, l’idée des violences policières et des abus étatiques…Les Sept de Chicago est un pont tendu entre un rappel d’histoire et un brûlot politique moderne, brûlot que Sorkin met en scène… à sa manière.

On a beaucoup discuté ces dernières années de la politique à la sauce Trump, parfois plus proche de la parodie ridicule que de la droiture mesurée. C’est exactement comme ça que Sorkin a mis en scène son film. Le procès des Chicago Seven a été une vaste farce, autant la relater comme tel en embrassant son grotesque pas loin du tragicomique. Original, Les Sept de Chicago aborde un sujet sérieux, grave, mais il le fait avec un humour injecté d’un sens mordant de la dérision mettant en exergue le pas drôle mais presque d’un épisode plein d’ironie. Souvent très hilarant quand il s’envole dans cette ironie acerbe, le film de Sorkin n’en oublie pas de se ménager des réflexions plus profondes. Le mariage donne lieu à un exercice de style piquant, inspiré, tendu, révoltant, puissamment asséné par des dialogues incisifs, remarquablement construit grâce à un montage vivace joignant les échanges du procès et des flash-backs dé-linéarisés, et enfin sublimé par des numéros d’acteurs étincelants. Un régal dont la seule limite est de flirter par moments avec le trop-plein bouillonnant, comme un casserole en ébullition mais qui parfois déborde.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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