Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : L’Empereur
Père : Luc Jacquet
Date de naissance : 2016
Majorité : 15 février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h24 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de famille : Avec la voix de Lambert Wilson.
Signes particuliers : Bien loin d’être aussi magique que La Marche de l’empereur.
RETOUR SUR LES TERRES DES MANCHOTS
LA CRITIQUE DE L’EMPEREUR
Résumé : À travers le regard et les souvenirs de son aîné, un jeune manchot se prépare à vivre son premier voyage… Répondant par instinct au mystérieux appel qui l’incite à rejoindre l’océan, découvrez les incroyables épreuves qu’il devra à son tour traverser pour accomplir son destin et assurer sa survie et celle de son espèce. Marchez avec lui dans les paysages éphémères de l’Antarctique, ressentez la morsure du vent et du froid qui l’attendent à chaque pas et plongez avec lui dans les fonds marins jusqu’alors inexplorés. Il y a une douzaine d’années, Luc Jacquet avait ému le monde entier avec La Marche de l’Empereur, magnifique documentaire porté par la délicieuse musique d’Emilie Simon, narrant le parcours des manchots empereurs, qui tentent de se reproduire au mépris des pires difficultés, dans l’immensité de la glaciale banquise de l’Antarctique. L’engouement avait été incroyable. Un Oscar, de nombreuses nominations aux César et ailleurs, plus d’un million et demi d’entrées en France, et 75 M$ de recettes au box office américain… La Marche de l’Empereur avait été un succès planétaire inédit pour un documentaire animalier. Deux ans après son splendide La Glace et le Ciel, Luc Jacquet n’est toujours pas rassasié et retourne une nouvelle fois avec ses caméras, sur les terres australes entourant le Pole Sud, afin d’offrir « une suite » à son film culte. Narré par un Lambert Wilson qui, après avoir voyagé sur la banquise pour L’Odyssée, prête sa voix à ce nouveau documentaire centré sur l’aventure d’un jeune manchot, de sa naissance à son premier grand voyage, L’Empereur tente réitérer le même émerveillement que celui proposé en 2005. Malheureusement, tout ce qui faisait la réussite de La Marche de l’Empereur n’est plus.Malgré des images qui subjuguent toujours autant, entre le survol de ces immenses étendues immaculées du bout du monde et cette immersion délicate dans le quotidien des manchots empereurs, superbes créatures aussi majestueuses que drôles et fascinantes, L’Empereur ne parvient pas à ressusciter l’âme qui avait fait de son aîné, un moment de cinéma unique. Parce qu’on le sait est passionné par son sujet, on évitera de remettre en question la sincérité de Luc Jacquet sur cette nouvelle proposition, mais ce n’est pas l’envie de crier au coup marketing qui manque, tant L’Empereur semble être le résultat d’une démarche hâtive fondée sur la volonté de réitérer un carton commercial. Cette fois, les belles images captées par les caméras du réalisateur écologue ne suffisent pas à compenser le manque de rigueur qui habite L’Empereur, suite poussive bâtie au mépris de toute harmonie. Comme la fiction, le documentaire est un art, un genre qui n’est pas exempt de travail et de considération artistique. Et L’Empereur, aussi belles soit son histoire et ses images, manque cruellement à ses devoirs.Sur le fond, L’Empereur fait dans la redite, comme si sa substance n’était composée que de « restes » piochés dans le chutier de La Marche de l’Empereur. Tout ceux qui avaient été conquis par le film de 2005, pourront se sentir floué. Mais il reste la nouvelle génération, celle à laquelle le film peut encore s’adresser. A condition qu’elle parvienne à suivre le récit chaotique proposé. Car c’est surtout sur la forme, que L’Empereur déçoit le plus. Terriblement mal raconté, monté dans la précipitation, et multipliant des allers et retours perturbants, passant souvent comme le résultat d’un manque d’inspiration pour parvenir à créer un récit cohérent à partir des rushes disponibles, L’Empereur finit vite par lasser, parce qu’il ne réussit jamais à nous attacher à ce qu’il raconte, parce que sa construction erratique brise toute immersion dans ce monde magique et tragique. Bref, tout l’opposé de son ancêtre, dont l’enchantement naissait d’un mélange de beauté, d’émotion et de drôlerie, alors que l’on se sentait partie prenante de l’aventure. Au final, L’Empereur prouve par A+B, que de belles images ne suffisent pas à faire un bon documentaire, et que les bases du cinéma sont essentielles même dans ce registre, pour atteindre un certain niveau de qualité.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux